Les pays garants du processus d'Astana sont parvenus à un accord visant à organiser, début 2019 à Genève, la première réunion de la commission de débat de la Constitution en Syrie, concrétisant ainsi les efforts diplomatiques dans ce sens au moment où l'ONU a autorisé pour un an supplémentaire l'aide humanitaire dans ce pays.
L'ONU, la Russie, l'Iran et la Turquie sont convenus de faire des efforts pour convoquer la première session de ladite commission à Genève au début de l'année prochaine. Dans un ultime effort pour achever ce projet avant de quitter ses fonctions à la fin de l'année, l'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, avait convoqué mardi à Genève une réunion avec les chefs de diplomatie russe Serguei Lavrov, turc Mevlüt Cavusoglu et iranien Mohammad Javad Zarif.
L'idée de ce Comité constitutionnel avait germé en janvier lors d'un sommet des trois pays garants du processus de paix d'Astana sur la Syrie, à Sotchi, sur les bords de la mer Noire.
Les Occidentaux réclament à Staffan de Mistura de réunir au plus vite ce Comité pour revigorer un processus politique en Syrie face aux démarches diplomatiques parallèles de la Russie, la Turquie et l'Iran, et la reprise progressive du contrôle du pays par le gouvernement syrien.
Le Comité constitutionnel doit comprendre 150 membres: 50 choisis par le pouvoir, 50 par l'opposition et 50 par l'émissaire de l'ONU afin d'insérer dans la réflexion des experts et des représentants de la société civile.
Quinze membres issus de ces trois listes (5 par liste) seraient chargés de la rédaction de la nouvelle Constitution, selon le plan de l'ONU.
Mais le gouvernement syrien n'est pas d'accord avec la composition de la liste onusienne, avait expliqué devant le Conseil de sécurité Staffan de Mistura, en insistant sur la nécessité que le Comité ne soit pas dominé par une partie ou une autre.
L'émissaire de l'ONU a annoncé la fin de sa mission pour fin novembre mais a accepté de rester un mois supplémentaire jusqu'à fin décembre.
L'émissaire, qui pilotait la mission de médiation depuis quatre ans et demi, a annoncé que son successeur, le Norvégien Geir Pedersen, prendrait ses fonctions le 7 janvier.
Dans leur communiqué conjoint, les trois ministres ont souligné que "le travail du Comité constitutionnel devait être régi par le compromis et un engagement constructif (...) afin de recevoir le soutien le plus large possible du peuple syrien".
Au sujet de la constitution du comité constitutionnel, le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid al-Moallem, a déclaré lundi que "le retard constaté dans la formation du comité constitutionnel résulte de la tentative d'intervention d'un certain nombre de pays occidentaux en plus des obstacles mis en place par la Turquie en matière de sa formation".
Les autorités syriennes ont souligné déjà qu'elles étaient disposées à modifier la Constitution actuelle et ont déclaré qu'elle devrait être soumise au référendum, alors que de Mistura a souligné dimanche que la Commission constitutionnelle pourrait être un point de départ pour des progrès politiques en Syrie plaidant en faveur d'une "constitution crédible et inclusive".
L'ONU autorise pour un an supplémentaire l'aide humanitaire
Le Conseil de sécurité des Nations unies a prolongé d'un an son autorisation d'acheminer de l'aide humanitaire à travers les frontières et les lignes de front en Syrie.
Cette autorisation expirait le 10 janvier. La résolution a été approuvée par treize des quinze membres du Conseil de sécurité, la Russie et la Chine s'abstenant.
La prolongation pour un an de l'autorisation de l'ONU avait le soutien de la majorité de ses membres, notamment des Etats-Unis, en raison des besoins immenses d'aide humanitaire subsistant en Syrie.
Selon l'ONU, quelque 4,3 millions de personnes ayant besoin d'aide vivent dans des zones non contrôlées par le gouvernement. Ceci inclut près de trois millions de personnes qui ne peuvent être atteintes autrement que par des opérations transfrontalières, relève l'ONU.
Lors des négociations, la Russie avait dénoncé des vols d'assistance humanitaire à Idleb dans des zones contrôlées par "le groupe terroriste Jabhat al-Nosra et ses satellites".
"Ces groupes revendent ensuite cette assistance le long de la ligne de front", avait précisé l'ambassadeur russe adjoint à l'ONU, Dimitri Polyanski.
Depuis deux ans, la Russie se montre réticente face à l'aide humanitaire transfrontalière, jugeant qu'elle va à l'encontre de la souveraineté de la Syrie qui a repris cette année le contrôle de plusieurs régions.
La première résolution sur l'aide transfrontalière avait été adoptée à l'unanimité en 2014. Il y a un an, elle n'avait été approuvée que par douze des quinze voix du Conseil de sécurité, la Russie, la Chine et la Bolivie s'abstenant.
Dans ce contexte, le représentant permanent de la Syrie auprès de l’ONU, Bachar Jaafari, a appelé à ne pas "politiser" la question de l'aide humanitaire aux syriens vivant près des frontières, soulignant que Damas est "déterminée" à lutter contre ce qui reste des réseaux terroristes à Idlib.