Soumise à la rude concurrence étrangère, Mossoul peine à faire redémarrer ses activités économiques

Autrefois grand carrefour commercial du Moyen-Orient, Mossoul, dont la plupart des usines sont en ruine après les destructions commises par les terroristes de daesh, peine à reprendre son souffle.

Grenier à grains du pays, la région de Mossoul a, selon la Banque mondiale, vu 70 à 80% de ses unités de production revendues hors du pays ou détournées pour fabriquer des armes.  

La guerre a contraint des propriétaires à abandonner leurs usines faute de matières premières ou parce que leurs ouvriers qualifiés avaient grossi les rangs des déplacés. Quant à la demande, elle a plongé, les habitants pensant plus à leur survie qu'aux dépenses.

Bien que soumises à une forte concurrence étrangère, certaines des entreprises qui avaient du cesser leurs activités, lorsque l’EI avait fait de la ville sa « capitale », rouvrent difficilement et progressivement et les chaînes de montage se remettent lentement en marche.

Le directeur d’une petite entreprise laitière qui a investi toutes ses économies et emprunté à des proches, déclare avoir vu celle-ci détruite à « à 60% par les bombardements aériens ».

Le secteur économique de la ville qui s'enorgueillissait jusqu'à l'été 2014 de ses 350 usines, dont celles de ciment produisaient plus d’un million de tonnes, alors que d’autres exportaient des fins tissus vers de nombreux pays à travers le monde, est victime d’une agressive concurrence des produits étrangers, particulièrement Chinois, moins chers, même s’ils sont de moindre qualité.

L’autre problème que rencontrent les entrepreneurs désireux de relancer leur activité, est le traitement « inégal » des services publics à leur encontre.  

« L'électricité est rare et pourtant notre production en dépend entièrement », déclare Hachem al-Najjar, lequel a récemment relancé sa fabrication de tuyaux, godets et autres ustensiles.

Un oeil sur ses machines et ses ouvriers, il se remémore l'époque, avant 2014, où l'entreprise familiale fournissait tout le pays « facilement et en toute sécurité ». Aujourd’hui, il se plaint de la concurrence que lui imposent « les  produits venus notamment d'Iran, de Turquie et d'Arabie saoudite ».

Face à ces concurrents, Abdelmoheimen al-Hamdani, patron d'usine de 45 ans, déclare qu’il lui est impossible de baisser ses prix. Ce qu'il faut, dit-il, c’est imposer des taxes sur les importations pour rendre la concurrence loyale, les producteurs locaux étant étranglés par « la flambée des loyers et des prix du transport ».

Pour retrouver l'âge d'or d'avant l'EI, préconise l'économiste Khaled Hamed, il faut « des aides publiques, une rénovation des services et un système bancaire incitatif ».  Une gageure dans un pays où le système bancaire est, selon la Banque mondiale, « sous-développé ».

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