Le Chef de l'Etat, Abdelkader Bensalah, a prononcé, vendredi à Bakou (Azerbaïdjan), une allocution devant le 18ème Sommet du Mouvement des Non-alignés (MNA), dont voici la traduction APS :
«Monsieur le président, Excellences, Mesdames, Messieurs,
Je voudrais, d'abord, exprimer mes vifs remerciements aux peuple et Gouvernement d’Azerbaïdjan, pays ami, et à sa tête le président Ilham Aliyev, pour l'hospitalité chaleureuse et l'organisation parfaite des travaux de ce sommet. Je félicite également l'Azerbaïdjan pour son ascension à la présidence du Mouvement des Non-alignés (MNA) en étant pleinement confiant en la capacité de ses représentants à £uvrer à la continuité et à la dynamisation du rôle de notre mouvement à la lumière des défis actuels auxquels font face nos pays.
Je tiens également à exprimer mes remerciements et ma reconnaissance au Gouvernement du Venezuela pour sa présidence et ses louables efforts, durant les trois dernières années, en faveur de la consolidation des nobles idéaux du MNA.
Monsieur le président,
A travers son histoire et ses réalisations, notre Mouvement a démontré sa capacité à s'ériger en acteur dans un nouvel ordre mondial, basé sur les valeurs et principes consacrés par la Charte des Nations unis et du Droit international. Un ordre établissant de solides bases à des partenariats fondés sur l'intérêt mutuel et le respect de la souveraineté et la volonté des pays. De même qu'il a montré sa clairvoyance dans la concrétisation de solutions politiques pacifiques en vue de préserver la paix et la sécurité internationales.
Notre réunion intervient aujourd'hui dans une conjoncture particulière et dans un contexte international qui imposent au MNA la nécessité d'assumer sa responsabilité, en tant que bloc, face aux défis qui se posent à ses pays, notamment la prolifération des foyers de tension et les conflits régionaux et internationaux. Il y a aussi les défis que posent les problèmes du désarmement, l'aggravation des crises, climatique et migratoire, et les conflits sectaires et ethniques, qui constituent un terreau propice au racisme, à la haine, à l'extrémisme violent et à l'élargissement de la sphère du terrorisme international.
Au seuil de la troisième décennie de ce siècle, les aspirations des pays du MNA à un développement durable se trouvent confrontées à une réalité marquée par l'approfondissement du fossé entre le Nord et le Sud dans plusieurs domaines, d'où l’impératif de l'unification des visions et des efforts pour trouver des solutions urgentes à travers un dialogue franc et un travail sérieux en vue de garantir la stabilité et la sécurité des pays membres.
Ces défis, qui sont une profonde préoccupation pour nous tous, constituent en fait une source d'inspiration et de stimulation pour le renforcement de nos rangs et la conjugaison de nos efforts.
Monsieur le président,
La cause palestinienne, qui est au c cœur des préoccupations de notre Mouvement, a connu un tournant décisif, pouvant torpiller les efforts de paix, consentis tout au long des dernières années.
La responsabilité historique, morale et légale nous dicte aujourd'hui de renouveler notre engagement permanent à l'égard de cette cause et de réaffirmer notre soutien indéfectible et constant au peuple palestinien dans sa quête pour la consécration de ses droits nationaux inaliénables, y compris son droit à l'autodétermination et à l’édification de son Etat, la Palestine indépendante.
S’inscrivant dans la large vague de solidarité avec la cause palestinienne à travers le monde suite au transfert des ambassades de certains pays à El-Qods et à la lumière de la poursuite des actes hostiles et criminels de l’occupant contre le peuple palestinien et ses droits, l'Algérie réitère, depuis cette tribune, son soutien indéfectible au peuple palestinien et à sa juste cause.
Monsieur le président,
L’accélération des évènements dans nombre de pays frères et amis et la propension à recourir à la logique de la force au lieu de la force de la logique, nous interpellent tous à rechercher les voies les plus efficientes pour le rétablissement de la stabilité dans ces régions. L'Algérie demeure profondément convaincue de l’importance du dialogue et du règlement pacifique des conflits, et attachée aux principes fondamentaux des Nations unis et du droit international, notamment en ce qui concerne la préservation de la paix et de la sécurité internationales, et partant, elle ne ménage aucun effort dans ce cadre.
L'Algérie réitère son appel aux parties libyennes à faire prévaloir l'intérêt suprême du pays et à adhérer aux efforts visant à trouver une solution pacifique inclusive, traduisant sur le terrain le travail en faveur du rétablissement de la sécurité et de la stabilité sur tout le territoire de la Libye, pour la préservation de sa souveraineté et son indépendance, l'unité de son peuple et le respect de ses institutions.
S'agissant de la crise en Syrie, pays frère, l'Algérie n’a eu de cesse d’exhorter les parties concernées à faire montre de clairvoyance et de pondération pour la fin de toutes formes de violence et de destruction, le rejet de toutes les ingérences extérieures et l’adhésion à un processus de réconciliation permettant une sortie du tunnel. En effet, la solution politique est la seule issue à même de garantir la prise en charge des revendications légitimes du peuple syrien et la préservation de sa souveraineté, sa stabilité et son intégrité territoriale.
La crise humanitaire engendrée par le conflit au Yémen, que nous souhaitons revoir prospère, nous amène à exhorter, une nouvelle fois, les protagonistes à faire prévaloir l'intérêt de leur pays à travers la négociation et le dialogue en réponse aux aspirations, des frères au Yémen, à la sérénité et à la stabilité dans le cadre de l'unité nationale.
Monsieur le président,
L'Algérie réaffirme son engagement à continuer à œuvrer, avec l'ensemble des partenaires, à la mise en place de solides fondements pour la stabilité et la sécurité dans la région du Sahel dans le cadre du respect de la souveraineté des pays et la non ingérence dans leurs affaires internes.
Quatre années se sont déjà écoulées depuis la signature de l'Accord de paix au Mali, qui en dépit des difficultés rencontrées dans la mise en application de ses clauses, demeure un instrument optimal incontournable, aujourd'hui, pour le règlement définitif de la crise malienne.
Cet Accord qui n'était, certes, pas facile à mettre en place est sous-tendu par une approche fondée sur la réconciliation nationale et le respect de l'intégrité territoriale et de l'unité nationale du Mai, et ouvre également la voie à de réelles perspectives de développement socioéconomique et culturel.
La mise en application des clauses de cet Accord a permis d’enregistrer des avancées encourageantes, mais beaucoup reste à faire. L'Algérie s'engage à poursuivre son rôle, sérieux et efficace, au sein du Comité de suivi avec les parties internationales concernées, pour une contribution judicieuse à la levée des entraves empêchant une sortie totale de la crise politique et sécuritaire qui secoue ce pays voisin.
Monsieur le président,
Le soutien aux causes justes et les efforts historiques du MNA aux côtés des peuples en lutte pour leur indépendance et leur liberté, tout au long des décennies passées, forcent le respect et la reconnaissance pour la position constante et de principe du Mouvement, en faveur du droit du peuple sahraoui frère à l'autodétermination.
Une position que l’Algérie appelle à maintenir en cette conjoncture, qui a vu le retour des deux parties en conflit à la table de négociations avant un arrêt net, suite à la démission de l'Envoyé personnel du Secrétaire général de l'ONU au Sahara Occidental.
En tant que pays voisin et en sa qualité d’observateur officiel dans le cadre du processus de règlement onusien, l’Algérie réitère son appel au Secrétaire général de l'ONU à accélérer la relance de la nouvelle dynamique qu'il avait impulsé.
Monsieur le président,
Nombreux sont les pays du Mouvement à être confrontés au fléau du terrorisme, sous toutes ses formes et origines, qui même si le monde n’est toujours pas parvenu à lui donner une définition globale, fait l’unanimité quant à ses graves répercussions politiques, sécuritaires et économiques.
Forte de son expérience en matière de lutte contre le terrorisme durant toute une décennie, l'Algérie a pu développer une approche inclusive, basée sur la réconciliation nationale, en focalisant sur l'importance de la conjugaison des efforts en vue de l’éradication des foyers du terrorisme et l’assèchement de ses sources et en accordant un intérêt particulier aux questions de développement socio-économique.
Mon pays œuvre également à la promotion de la culture de la paix au niveau mondial. Il a été ainsi à l'origine de la décision de l'Assemblée générale de l'ONU relative à la célébration de la journée mondiale du vivre ensemble en paix, coïncidant avec le 16 mai de chaque année.
Incontestablement, le MNA demeure un acteur international majeur, dont ne nous pouvons aujourd’hui que saluer les réalisations et l’émergence en tant que défenseur des espoirs et aspirations des peuples de ses pays membres, étant donné qu’il n’a ménagé aucun effort pour contrer les menaces, unifier les visions et les efforts et cristalliser des solutions dans le contexte d'une réalité internationale tendant à un monde multipolaire.
Aussi, notre Mouvement doit-il saisir cette opportunité pour traduire la vision de ses pays membres en vue d’une réforme du système de l'ONU et un élargissement du Conseil de sécurité, exigence incontournable du Continent africain qui milite pour la fin de l'injustice historique imposée à ses pays, ainsi que pour la dynamisation du rôle de l'Assemblée générale en lui permettant d'exercer pleinement ses prérogatives et d’atteindre ses objectifs suprêmes de constituer une tribune pour les peuples, de consacrer la paix et de relever les grands défis auxquels fait face la communauté internationale.
Monsieur le président,
En conclusion, l'Algérie tient à réitérer sa conviction que le MNA est encore capable de jouer un rôle efficace dans le contexte international actuel, en continuant à aspirer à un nouvel ordre mondial, basé sur le respect scrupuleux des engagements auxquels chacun est tenu en vertu de la Charte de l'ONU et du droit international. Un nouvel ordre mondial favorisant l'encouragement de la coopération socio-économique, l’attachement à la réunion des exigences du bon voisinage et la promotion des initiatives constructives pour réduire les disparités entre le Nord et le Sud dans la cadre d'un nouvel ordre économique, juste et équilibré.
Merci pour votre écoute».
APS