La nouvelle ministre de l'Intérieur italienne, Luciana Lamorgese, a assuré vendredi qu'"il n'y a aucune invasion" de migrants en Italie, répliquant à des affirmations de son prédécesseur d'extrême droite, Matteo Salvini.
Cette ancienne préfète de 66 ans, sans étiquette politique, était interrogée par le quotidien Repubblica sur un soi-disant "triplement" des débarquements de migrants en Italie, avancé par M. Salvini qui a demandé de "stopper cette invasion".
"Je n'ai pas de telles informations. Nous ne faisons face à aucune invasion", a répondu la ministre, spécialiste des questions de sécurité et considérée comme une "technicienne" du gouvernement formé le 5 septembre par le Mouvement 5 Etoiles (anti-establishment) et le Parti démocrate (centre gauche).
Elle a ainsi expliqué qu'"en 2019, les arrivées (de migrants et demandeurs d'asile) ont été d'environ 9.600 personnes contre 22.000 pour toute l'année 2018".
La seule hausse a concerné septembre 2019 face au même mois de 2018 mais "c'est lié surtout à l'arrivée de personnes de façon autonome (sans l'aide d'ONG ou le secours des autorités, ndlr), un phénomène qui n'est pas nouveau".
Il ne s'agit pas d'une émigration de masse: "en 2018 les migrants arrivés sur de petites embarcations avaient été environ 6.000 alors que, depuis le début de l'année, on en a dénombré environ 7.500".
Mme Lamorgese a réfuté une autre affirmation de M. Salvini selon laquelle Rome serait "prête à autoriser" le transfert par vols charters de migrants, repoussés par l'Allemagne.
"Rien n'a été décidé", a-t-elle souligné en rappelant que, en vertu du Règlement de Dublin (qui oblige le premier pays où est arrivé le migrant à le prendre en charge, ndlr), le gouvernement entre Ligue (extrême droite) et M5S auquel participait l'ex-ministre de l'Intérieur, avait dû accepter le rapatriement vers l'Italie de 2.331 demandeurs d'asile.
Pour cette année, les "Dublinés" à renvoyer vers l'Italie sont 1.351, selon Mme Lamorgese.
"L'évènement vraiment important" a été, aux yeux de la ministre, le débarquement autorisé cette semaine par l'Italie d'une centaine de migrants secourus par l'Ocean Viking, navire affrété par l'ONG SOS Méditerranée et opéré en partenariat avec MSF.
"France et Allemagne ont offert leur disponibilité à accueillir 72% des migrants, mettant de facto en œuvre le pré-accord de Malte (conclu en septembre) qui commence donc à porter ses fruits", s'est félicité la ministre.