Les entreprises industrielles préparent la reprise de leurs activités par des mesures d’adaptation aux exigences de lutte contre la pandémie de Covid-19, ont affirmé à l’APS des représentants d’organisation patronales qui s’inquiètent par ailleurs des coûts supplémentaires engendrés par ces mesures.
"Après trois mois de restrictions, il est nécessaire de reprendre l’activité économique mais tout en mettant en avant la préservation de la santé publique qui doit rester la priorité absolue. La reprise ne doit pas se faire au détriment de la santé de la population. Des mesures spécifiques seront donc prises au sein des industries et des entreprises d’une manière générale", a déclaré le président du Forum des chefs d'entreprise (FCE), Mohamed Sami Agli.
Il s’agit essentiellement du port obligatoire de masques, de la distanciation sociale, de la désinfection périodique des lieux du travail, du contrôle régulier de la santé des travailleurs et de la prise de la température à l’entrée des sites.
Toutefois, ces mesures auront un coût certain sur l’activité de l’entreprise, souligne M. Agli appelant à une solidarité employeur/employés pour faire face à cette situation.
"Ce n’est pas toutes les entreprises qui peuvent mettre à la disposition de leurs employés quotidiennement des masques qui connaissent des prix de folie ou assumer les frais des opérations de désinfection ou du transport du personnel", note le président du FCE, qui rappelle que le tissu économique algérien est composé essentiellement des TPE/PME dont les capacités financières sont limitées.
"Le cas de l’Algérie est particulier comparativement aux autres pays où l’économie subit uniquement les difficultés conjoncturelles liées à la pandémie, alors que les entreprises algériennes souffraient déjà, après une année 2019 très compliquée, et font face actuellement au double choc : crise sanitaire et baisse des prix de pétrole", a-t-il soutenu.
M. Agli explique également qu'il sera "très compliqué" pour les entreprises de reprendre au même rythme qu’avant car cela dépend de plusieurs facteurs externes comme la disponibilité du transport public et la disponibilité de la matière première.
Mais, en dépit des difficultés, les entreprises doivent reprendre leurs activités rapidement "sinon la crise risque d’avoir des séquelles qui vont durer plus longtemps", selon le président du FCE.
De son côté, le président de l'Union nationale des jeunes investisseurs (UNJI), Riad Tanka, a indiqué que les entreprises vont devoir recourir à un aménagement du planning du travail en application de la règle de la distanciation sociale.
Les entreprises auront ainsi à réduire le temps de travail pour certains employés et intégrer le travail partiel dans le cadre du système de travail en alternance avec des plages horaires plus larges que d’habitude.
"Nous sommes prêts à relancer l’activité et à s’adapter à la conjoncture sanitaire. Nous avons constaté un enthousiasme de nos travailleurs qui veulent récupérer le temps perdu", assure M. Tanka.
Proposition de créer une commission pouvoirs publics-opérateurs pour réussir la reprise
Cependant, la reprise sera progressive en commençant avec une capacité de production qui avoisine 60%, selon le président de l’UNJI qui estime que les entreprises doivent d’abord rétablir la relation de confiance avec leurs clients et fournisseurs, réévaluer les commandes et étudier les nouveaux besoins.
La présidente de la Confédération générale des entreprises algériennes (CGEA), Saida Neghza, souligne, quant à elle, la nécessité de la remise en marche des transports en commun pour la reprise du rythme de travail habituel.
"S’inspirant des mesures prises par les pays en avance en matière de reprise économique, nous avions déjà invité les entreprises à se préparer au déconfinement, en tenant chacune de ses spécificités, de ses infrastructures et de l’organisation du travail", a déclaré Mme. Neghza.
Les entreprises ont été également invitées à recruter éventuellement un personnel supplémentaire pour renforcer les opérations d’hygiène et de sécurité ainsi que pour la pose des différentes pancartes de jalonnement et de consignes à observer, explique la présidente de la CGEA ajoutant que des possibilités de travail par équipe pourraient être mises en place.
"Ces mesures impliquent évidemment un coût financier", relève Mme. Neghza qui fait remarquer que "beaucoup d’entreprises étaient au bord de la faillite" et que "des employés, pères de famille, souffrent terriblement de la non-activité".
Interrogée sur les niveaux de production prévus lors du déconfinement, la première responsable de la CGEA a expliqué que la reprise du travail se fera crescendo, tout en proposant des points de situation qui doivent être transmis régulièrement selon un canevas établi par les départements ministériels concernés (Santé-Travail-Industrie).
Sur ce point, le président de la Confédération algérienne du patronat (CAP), Boualem M’rakach a insisté sur l’importance d’instaurer une commission mixte composée des représentants des pouvoirs publics et des opérateurs, pour définir les difficultés, les démarches et les orientations relatives à la reprise des entreprises.
La création de cette commission, qui devrait mettre en place des cellules de veilles et de suivi, permettra une application méthodologique des décisions prises.
"S’adapter à la crise c’est des techniques qui doivent être complétées par des actions constantes et régulières ( ) Au niveau des grands ensembles où il y a une grande masse qui se croise, des
préventions particulières sont à prendre et il faut impliquer un respect des actions prises. C’est cette commission qui va échanger pour créer les dispositifs nécessaires. Avec cette approche, nous pouvons partir d’un pied sûr", conclut M. M’rakach.
APS