Le conventionnement entre les Caisses d’assurances sociales et les cliniques privées pour la prise en charge des accouchements favorisera "la création de pôles d’excellence pour la prise en charge des femmes enceintes dans le secteur public" et allégera la pression sur les Etablissements hospitaliers publics (EHP), affirment des spécialistes en gynécologie-obstétrique.
Pour le chef de service de gynécologie-obstétrique de l’Etablissement hospitalier Nefissa-Hamoud (ex-Parnet), le Pr Mokrane Medjtouh, l’intérêt qu’accorde les pouvoirs publics à la femme enceinte et la prise de cette mesure de conventionnement entre les caisses d’assurances et les cliniques privées "permettra certainement d’améliorer la prise en charge des accouchements de proximité et réduira la pression sur les Etablissements hospitaliers publics, notamment universitaires".
Le chef de service de gynécologie-obstétrique à l’EPH Hassan Badi d’El Harrach, Pr Youcef Taïbi a accueilli favorablement cette nouvelle mesure qui "soulagera la femme gestante dans des conditions difficiles et déchargera les sages-femmes et le corps paramédical".
"Au lieu d’effectuer une dizaine de césariennes dans des conditions pénibles, le médecin aura à en assurer quatre ou cinq dans de meilleures conditions, à la faveur de cette convention", a-t-il dit.
Même avis pour le Pr Bouzid Addad, chef de service de gynécologie-obstétrique à l’EHU Mustapha Bacha concernant cette décision qui, considère-t-il, "soulagera les personnels hospitaliers et réduira la surcharge de ces établissement qui dépassent de loin leurs capacités d’accueil, soulignant que la signature de cette convention "permettra à ces EHU d’accomplir leur mission principale qui est la prise en charge des grossesses à haut risque et des cas d’accouchement qui présentent des complications.
La prise en charge des nombreux cas d’accouchements naturels "exige beaucoup de temps et un budget considérable pour l’hôpital qui doit assurer des staffs médicaux et paramédicaux, du matériel ainsi qu’un service technique plus coûteux que les cliniques".
Qualifiant le secteur privé de "complémentaire au secteur public", il a souligné que la prise en charge par les cliniques privées d’une partie des accouchements naturels aidera les EHU à garantir une bonne prise en charge des femmes enceintes.
Pour sa part, Pr. Ouahiba Hadjoudj, chef d’activités médicales et paramédicales à l’EHU Nafissa Hamoud (ex-Parnet), a affirmé que le service génécologie et obstétrique avait enregistré durant le mois de mars passé à lui seul 746 accouchements et plus de 500 en avril, estimant que ce nombre repartira à la hausse pendant l’été.
"Les femmes enceintes préfèrent donner naissance à leurs petits dans le secteur public par crainte de subir des complications que le secteur privé ne saurait prendre en charge, notamment celles souffrants de maladies chroniques ou encore celles présentant une grossesse ectopique ou extra-utérine (GEU), c’est-à-dire lorsque l’embryon s’implante hors de l’utérus", a-t-elle expliqué.
Et d’ajouter que le service maternité de Parnet ouvre ses portes à des femmes enceintes des quatre coins du pays car "n’étant pas en droit de refuser quiconque peu importe d’où elle vient, même si le service n’est souvent pas en mesure de satisfaire la demande".
Thaldja Agnini, sage-femme principale dans le même EHU, "s’est félicitée de la nouvelle convention signée entre la CNAS et les cliniques privées, devant absorber la charge de travail qui pèse sur le secteur public notamment en saison d’été où le taux d’accouchement est plus élevé".
A noter que les services de maternité de la wilaya d’Alger ont enregistré en 2019 quelque 68.148 accouchements, avec l’hôpital Parnet en tête du classement des grands hôpitaux notifiant 10.102 cas, suivi de l’hôpital d’El Harrach dans la catégorie des établissements de proximité, avec 9566 accouchements.