« Les compagnies pétrolières sont en train de basculer vers les énergies renouvelables alors que nous on pense pétrole et hydrocarbures ». C’est avec ces propos que s’est exprimé ce mercredi, Mourad Preure, expert pétrolier, lors de son passage dans l’émission « L’Invité de la rédaction » de la Chaîne 3 de la Radio Algérienne.
« Nous marchons à contre sens dans une autoroute », dit-il, en précisant que « Sonatrach doit devenir un leader mondial dans les énergies vertes », surtout en cette période de crise sanitaire qui freine l’économie mondiale causant ainsi une baisse des prix de pétrole.
M. Preure constate que les grandes compagnies pétrolières ont déjà anticipé les choses en commençant à devenir des compagnies énergétiques, à l’instar de British Petroleum qui veut multiplier, par dix, ses dépenses dans les énergies renouvelables d’ici 2030 et atteindre 5 milliards de dollars. « On peut citer aussi l’exemple de Total qui vise à être, d’ici 2030, dans le top cinq des producteurs des énergies vertes », ajoute-t-il.
Pour l’intervenant, Sonatrach doit basculer vite vers les énergies renouvelables « Puisque la demande pétrolière ne peut pas reprendre ». Selon les dernières prévisions du FMI, explique-t-il, l’économie mondiale va connaitre une récession de plus de 4 % en 2020. La zone euro et le Royaume-Uni vont connaitre une forte récession respectivement de 8.3 % et 9.3 %.
L’invité de la Chaîne 3 juge que l'ascension après cette crise sera lente et incertaine et que pour retrouver le niveau de croissance de 2019, il faudra attendre entre trois ans et quatre ans dans de telles conditions la demande pétrolière va certainement se réduire.
« Nous sommes face à un véritable choc baissier », estime le professeur Preure pour qui « Ce choc survient dans un contexte exceptionnel où il y a une surabondance de l’offre de pétrole et où la demande ralentit à cause du Covid-19. Nous sommes dans une situation de grande imprévisibilité et de forte incertitude », a-t-il prévenu.
Le marché pétrolier est donc gravement secoué avec cette seconde vague du virus, dit-il, et les choses peuvent s’aggraver encore plus, puisque « l’offre peut augmenter avec le probable retour de l’Iran, après l’élection de Joe Baiden à la tête des USA, et aussi de la Libye qui est en train d’augmenter sa production », ajoute-t-il.
« Il y a une réalité qu’il faut prendre en compte, l’Algérie doit changer de stratégie et s’investir dans les renouvelables », précise-t-il, ajoutant que « La transition énergétique ne doit pas se résumer à l’importation de systèmes solaires, mais prendre la dimension d’une véritable ambition industrielle qui entraîne dans son sillage industrie, universités et recherche nationale ». « Sonatrach a les moyens d’être la locomotive de la transition énergétique dans notre pays », conclut-il.