Le juge d’instruction près le tribunal de Cherchell (Tipasa) a ordonné mardi la mise en détention provisoire de 17 accusés et la délivrance de mandats d’arrêt contre six autres, en fuite, pour leur implication dans le déclenchement des incendies des forêts de Gouraya ayant causé la mort de deux personnes, a-t-on appris auprès des services de la sûreté de wilaya.
Cette décision du juge d’instruction est intervenue à l'issue d'une audience ouverte hier (lundi) et qui s'est poursuivie jusqu’à mardi matin suite au transfert du dossier par le parquet de Cherchell, pour instruction, avec une requête de mise en dépôt des accusés et de délivrance de mandats d’arrêt contre ceux en fuite, dont quatre se trouvent à l’étranger, a-t-on précisé de même source.
Le juge d’instruction près le tribunal de Cherchell a également décidé la mise sous contrôle judiciaire de deux personnes accusées de "regroupement", avec la délivrance d’un mandat d’arrêt international contre quatre accusés se trouvant à l’étranger et deux mandats d’arrêt contre deux autres en fuite sur le territoire national.
Dans un point de presse animé hier lundi, le Procureur de la République, Kamel Chenoufi, avait annoncé l’arrestation par les service de la sûreté et de la gendarmerie nationales de 19 individus soupçonnés d’être impliqués dans le déclenchement, dans la nuit du 6 au 7 novembre courant, des incendies au niveau des forêts de Gouraya dans le but de "déstabiliser le pays", avec la saisie de bonbonnes de gaz, de téléphones portables et de photographies.
Le Procureur de la République, Kamel Chenoufi, a indiqué que les services de la gendarmerie nationale et de la sûreté de wilaya de Tipasa ont mené, suite à l’ouverture d’une instruction judiciaire, des "enquêtes et de larges investigations pour déterminer les causes du déclenchement simultané des incendies à travers plusieurs régions de la wilaya, causant la mort de deux personnes, en plus de dégâts considérables occasionnés aux biens des citoyens, entre habitations, ressources animale, agricole et forestière".
Ces investigations ont permis l’arrestation d’une "bande de malfaiteurs soupçonnés d’être impliqués dans ces incendies suspects", a-t-il ajouté, précisant qu’il s’agit de "19 individus entendus par le juge d’instruction près le même tribunal qui a ordonné leur mise en détention provisoire et la délivrance d’un mandat d’arrêt international à l’encontre de quatre autres suspects se trouvant à l’étranger, en plus de deux autres sur le territoire national.
Cette bande de malfaiteurs qui a été neutralisée se répartit en quatre groupes.
Le premier compte trois éléments ayant "déclenché des feux de façon organisée et préméditée dans le but de déstabiliser le pays, créer l’anarchie et troubler la quiétude des citoyens, avec la complicité de parties adverses de l’intérieur et de l’extérieur du pays, en contrepartie de sommes en devises", est-il signalé.
Selon le procureur de la République Kamel Chenoufi, les recherches réalisées sur les téléphones portables des mis en cause "ont confirmé le transfert de fonds via Western Union Bank", outre "la découverte de messages (SMS) et de photos prises pendant le déclenchement des incendies".
Ce premier groupe de suspects a été poursuivi pour les chefs d’accusation d’"actes de sabotage, atteinte à la sécurité de l’Etat et déclenchement de feux ayant conduit à la mort de deux personnes", en plus d’"atteinte à des biens publics et privés" et "renseignement et complot contre la sécurité de l’Etat".
Un mandat d’arrêt international a été, par ailleurs, délivré à l’encontre de quatre individus ayant traité avec le premier groupe à partir de l’étranger.
Le 2ème groupe compte huit éléments qui, sur incitation du premier groupe, ont "déclenché volontairement des incendies ayant conduit à la mort de deux personnes, outre la destruction de biens publics et privés", accusations retenues contre eux par le parquet de Cherchell.
Le procureur principal de la République, Kamel Chenoufi, a souligné, en outre, que la police judiciaire a pu confirmer, grâce aux enquêtes réalisées, "la complicité mutuelle de ces deux groupes".
Quant au 3ème groupe mis en cause dans cette affaire, il est composé de cinq éléments impliqués dans le "déclenchement volontaire" de feux dans "leurs propres habitations", en vue de l’"obtention d’aides de la part de l’Etat", a relevé Me Kamel Chenoufi, signalant que le parquet les a inculpés pour "actes de sabotage et déclenchement volontaire d’incendies".
Le 4eme groupe arrêté, composé de trois individus, était occupé à inciter les citoyens à observer des rassemblements, en diffusant de fausses informations sur les réseaux sociaux, dans le but de "troubler l’ordre public et la tranquillité des citoyens".
Ils ont été inculpés pour "incitation à des regroupements et appel des citoyens à créer l’anarchie devant les administrations publiques.
Les enquêtes ont été réalisées avec la contribution des brigades de la gendarmerie nationale de Gouraya et de Cherchell, le service de la police judiciaire de la sûreté de wilaya de Tipasa et la brigade mobile de la police judiciaire de Gouraya, au moment où les instructions judiciaires se poursuivent toujours, "dans le secret total, afin de préserver le secret de l’enquête", a indiqué Me. Kamel Chenoufi.
A noter que les services de la gendarmerie nationale avaient arrêté, dans le cadre de deux affaires distinctes, trois individus suspectés d’être impliqués dans le déclenchement de feux de forêts à Menaceur et Sidi Amar dans la nuit du 9 au 10 novembre courant, avant leur présentation devant le parquet de Cherchell, qui a placé l’un d’eux en détention provisoire et deux autres sous contrôle judiciaire.
Pour rappel, des incendies de forêts avaient été déclarés dans la nuit du 6 au 7 novembre courant à Tipasa, au même titre que 10 autres wilayas du pays, causant la mort à deux personnes brûlées vives à Gouraya, en plus de dégâts occasionnés à 45 habitations, dont les familles sont devenues sinistrés, outre la perte de 500 ha de pin d’Alep et d’autres dégâts considérables dans le secteur agricole.
Lors de sa visite dans la ville de Gouraya, où il avait présenté ses condoléances aux familles des deux victimes décédées, et pour s’enquérir de l’ampleur des dégâts occasionnés par ces feux, le premier ministre, Abdelaziz Djerad, avait affirmé que "l’hypothèse de l’acte criminel n’était pas à écarter".
Il avait annoncé l’ouverture d’enquêtes approfondies, assurant que la "loi sera rigoureusement appliquée". APS