Le Congrès américain a rejeté mercredi une première objection à la certification de la victoire de Joe Biden, quelques heures après l'irruption violente de partisans pro-Trump au Capitole.
Le Sénat a décidé, à une écrasante majorité de 93 voix contre 6, de ne pas donner suite aux objections d'élus républicains visant les résultats de l'élection présidentielle dans l'Etat de l'Arizona.
Quelques minutes plus tard, la Chambre des représentants a à son tour écarté l'objection à 303 voix contre 121, franchissant un pas de plus vers la certification des résultats de l'élection présidentielle.
Conformément à un processus ultra-codifié, les deux chambres s'étaient séparées pour débattre de la question.
4 personnes tuées dans les violences au Capitole
Quatre personnes ont perdu la vie lorsque des partisans du président sortant américain Donald Trump ont occupé le Capitole, selon la police de la ville de Washington.
L'une d'entre elles a été tuée par balle, les trois autres sont mortes en raison d'urgences médicales pendant les violentes manifestations au Capitole, a déclaré dans la soirée le chef du département de la police métropolitaine, Robert Contee, ajoutant que 52 personnes ont été arrêtées.
Dans la nuit, la maire de Washington D.C. Muriel Bowser a prolongé l'urgence publique à 15 jours, jusqu'au lendemain de l'inauguration du président élu Joe Biden, en réponse à l'occupation du Capitole.
Mercredi après-midi, les partisans de M. Trump ont franchi les barrières pour envahir le Capitole, interrompant la certification des votes électoraux de l'élection présidentielle de 2020, et entraînant un verrouillage de la zone.
Des ministres envisagent d'écarter Trump du pouvoir
Des membres du gouvernement américain ont discuté de la possibilité d'écarter Donald Trump du pouvoir après le coup de force de ses partisans au Congrès, ont rapporté plusieurs médias.
Leurs échanges ont porté sur le 25ème amendement de la Constitution américaine, qui autorise le vice-président et une majorité du cabinet à déclarer le président "inapte" à exercer ses fonctions, selon les chaînes CNN, CBS et ABC, qui s'appuient sur des sources anonymes.
Mais aucune proposition formelle n'a encore été présentée au vice-président Mike Pence, a précisé CBS.
Plusieurs élus et éditorialistes de grands quotidiens ont plaidé ouvertement pour cette option, même s'il ne reste que deux semaines avant la fin du mandat de Donald Trump.
Tous les démocrates de la commission judiciaire de la Chambre des représentants ont ainsi adressé un courrier à Mike Pence pour lui demander d'invoquer le 25e amendement "dans l'intérêt de la démocratie".
Pour eux, le président sortant "est malade mentalement et incapable de gérer et d'accepter les résultats de l'élection de 2020". L'influent Washington Post a également plaidé en ce sens dans un éditorial sévère.
Pour ses éditorialistes, "le président est responsable de l'acte de sédition" survenu au Capitole, où des centaines de ses partisans ont fait irruption, alors que les élus entamaient le processus de certification de la victoire du démocrate Joe Biden à la présidentielle.
Donald Trump "a prouvé qu'il représente une grave menace pour la démocratie, il doit être écarté", ajoutent-ils.
Twitter suspend le compte de Donald Trump
Les réseaux sociaux dominants ont tenté mercredi d'empêcher Donald Trump et ses partisans d'exacerber les violences au Capitole contre la certification des résultats de la présidentielle, Twitter allant jusqu'à bloquer le compte du président sortant et à le menacer de suspension permanente, une mesure sans précédent.
La plateforme, qui d'ordinaire se contente de masquer ou d'ajouter des avertissements aux messages du milliardaire républicain, a cette fois supprimé trois tweets, dont une vidéo où il appelait ses partisans, en train de prendre d'assaut le Capitole, à "rentrer chez eux" mais où il déclarait aussi sans preuves que l'élection avait été "volée".
"Le compte de @realDonaldTrump sera bloqué pendant douze heures après le retrait de ces tweets. Si ces tweets ne sont pas retirés, le compte restera bloqué", expliquait le réseau sur son compte dédié à la sécurité. Facebook et YouTube (Google) ont aussi retiré cette vidéo.
"C'est une situation d'urgence et nous prenons des mesures d'urgence appropriées, y compris le retrait de la vidéo du président Trump (...) qui, au final, contribue au risque de violence au lieu de le diminuer", a expliqué Guy Rosen, un des vice-présidents de Facebook, en charge de l'intégrité de la plateforme.
Les échanges étaient enflammés mercredi sur les réseaux sociaux, où la manifestation et l'invasion du Capitole ont été relayées en direct.