Conçu tel un moyen de concertation, de conciliation et de consensus autour de tout ce qui concerne les revendications sociales et les conflits au travail, le dialogue en Algérie aux temps du changement «demeure biaisé », selon le docteur Lyès Merabete, président du syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP).
L’invité de la rédaction, de la chaine 3, de la Radio Algérienne, indique que le dialogue « se construit entre plusieurs ou à deux au minimum, mais dès lors qu’on s’est installé dans cette dynamique du changement et du renouveau, le constat, est on ne peut plus clair loin de cette situation souhaitée de faire avancer, d’évoluer d’instaurer un vrai dialogue social ».
Une situation qui permet, selon M. Merabete, aux organisations syndicales d’abord d’exister puis de fonctionner sans entraves, sans blocage et surtout sans interférences de l’administration dans les activités d’un syndicat.
« Le débat que nous voulons doit se faire avec ceux qui représentent les secteurs », indique-t-il regrettant « en tant que syndicat représentatif d’une frange du secteur (de la santé, ndlr) qu’à l’ère de l’Algérie nouvelle et celle du changement on assiste à des pratiques qui ne veulent pas changer », citant l’exemple de « la commission paritaire des fonctionnaires de l’administration a été installée hier (dimanche, ndlr) par le ministre du Travail, en l’absence du syndicat autonome qui représente largement le secteur pour ne pas dire le seul syndicat représentatif ».
« C’est cette situation qu’on ne veut pas changer et qui, par ailleurs, nous a mis justement dans la rue pour clamer le changement », rappelle le représentant des praticiens algériens de la santé publique.
Abondant dans le même propos, l’orateur insiste que « le changement n’est pas l’annonce mais on le trouve au niveau des politiques faites par la concertation, il est au niveau de la concrétisation des acquis, au niveau des promesses et principalement au niveau du respect des engagements des pouvoirs publics ».
Il y a encore de la résistance au changement
Plaidant à la faveur d’un dialogue social inclusif, le syndicaliste désapprouve le fait « de voir le même problème à plusieurs niveaux », car dit-il « ça laisse croire qu’il n’y a pas seulement de la résistance mais plutôt des politiques de résistance ».
Il y a multiplication, explique l’invité de la radio, de situations qui laisse croire que c’est une démarche organisée et parrainée afin de maintenir et d’imposer une situation de statu quo alors qu’on palpe une réelle volonté de changer ,en hauts lieux, et d'aller vers une situation nouvelle dans notre pays.
« Concrétiser les aspirations du peuple exprimés lors du hirak, tout au long de ce parcours magnifique - cette révolution pacifique - dans notre pays en l’occurrence, c’est ramener l’approche du changement dans un cadre légal mais aussi installer ce débat démocratique que nous voulons dans tous les sens », revendique le syndicaliste Mérabete.
Un débat contradictoire, plaide-t-il, c’est donner la parole à tout le monde, pour tous ceux et toutes celles allié(e)s et/ou opposé(e)s à telle ou telle démarche, en appuyant ce débat avec l’argumentaire qu’il faut et l'ouverture des médias tout en permettant l'accès pour tout le monde à la radio, à la télé et à la presse écrite.
« Nous militons toujours pour la pluralité syndicale, non celle de façade, depuis longtemps », affirme le docteur Merabete enjoignant « nous avons fédéré toutes les entités autonomes, unies depuis 2018, sommes toutes représentatives, pour la sauvegarde du droit syndical dans le cadre constitutionnel face aux pratiques d’exclusion qui font que seule la Centrale syndicale jouit du statut de l’unique partenaire social des pouvoirs publics, or le reste peut attendre.. et espère des suites à leurs requêtes et doléances ».