« Nous sommes doublement en retard », estime, ce jeudi matin, l’analyste politique, Brahim Zitouni, interrogé dans l’Invité de la rédaction de la Chaine 3, de la Radio Algérienne.
Pour, Brahim Zitouni, « toute l’activité est organisée autour d’un modèle énergétique obsolète. Et cette dépendance produit le retard sur l’économie de la connaissance, puisque le mode de production rentier reste articulé autour de l’industrie du 19e siècle, alors que ce qu’il nous faut c’est l’industrie du 21e siècle. »
La transition énergétique est primordiale selon l’analyste politique. « Il nous faut sortir d’une économie rentière liée aux hydrocarbures et aller vers les énergies renouvelables. C’est cette économie de la connaissance et ces recherches dans le domaine énergétique qui vont nous permettre d’assurer une transition énergétique. »
Pour argumenter cette nécessité de transition énergétique, Brahim Zitouni cite l’exemple de Volkswagen, qui vient de changer de nom aux Etats-Unis pour s’appeler Voltswagen. « Volt comme le voltage, on voit là un basculement de l’industrie automobile du domaine de la mécanique au domaine de l’électricité »
Cap sur le numérique
Et parce qu’il entrevoit « des changements très importants qui vont arriver », Brahim Zitouni préconise « une réorganisation, en profondeur, des structures administratives et centrales autour des grandes évolutions qui sont en train de se réaliser ».
Selon lui, tout va changer. « Il nous faut s’équiper en infrastructures : la fibre optique, les super-ordinateurs, les super-calculateurs, sont essentiels pour bâtir une infrastructure de la connaissance et pour réaliser ce bond culturel », recommande l’analyste politique.
Pour Brahim Zitouni, la révolution numérique est inévitable. « Aujourd’hui, nous rentrons petit à petit dans une ère où le numérique va s’imposer comme le format de base de la connaissance, et c’est valable dans tous les domaines : technique, technologique, d’éducation… Partout, on sera sur le numérique car il permet une souplesse extraordinaire ».
Développer l’industrie des jeux vidéo pour faire émerger une élite
Autre recommandation de Brahim Zitouni : « faire grandir l’industrie des loisirs appuyée sur les technologies de l’information et de la connaissance pour nous permettre de former les élites de demain, qui seront capables de réaliser les industries nouvelles.»
Selon lui, « les web-gamers sont les précurseurs de l’industrie de demain ». il affirme qu’avec « le partage des connaissances à travers le web : Nous sommes en face de méthodologie différente de l’éducation classique, sur les bancs de l’école.»
L’analyste souligne que « le marché mondial du virtuel est estimé à 97 mds de dollars par an »
Tirer les leçons du covid19
« Que nous dit covid19 ? Il nous dit que les changements climatiques et que la pression de l’Homme sur la nature fait que, de plus en plus, les pandémies vont devenir cycliques. Nous rentrons dans une ère où il faut une importante réactivité de la science si nous voulons garantir la survie de l’espèce humaine », soutien Brahim Zitouni.
Selon lui, Covid19 va changer les choses dans le sens où « les puissances scientifiques vont être les puissances émergentes, et que de plus en plus, nous allons non pas délocaliser les industries stratégiques mais les garder chez soi.»
L’analyste prévoit un changement dans la notion même d’industrie stratégique. Selon lui, « de plus en plus, les secteurs sanitaire et énergétique vont devenir stratégiques et tous les pays vont essayer de s’aménager une autonomie dans ces domaines. » Dans le cas de l’Algérie, Brahim Zitouni recommande de vite s’adapter. « Il faut nous aussi nous préparer à réorienter notre économie et notre industrie vis-à-vis des risques à venir, notamment sanitaires.»