Les premières réactions au projet de la révision de la Loi fondamentale du pays commencent à se faire connaître.
D’abord, le Front du Changement (FC) d’Abdelmadjid Menasra, annonce qu'«en principe », il participera aux consultations sur la révision constitutionnelle initiée par le président de la République Abdelaziz Bouteflika.
Dans une allocution lors de la séance d'ouverture d'une rencontre nationale ayant regroupé les étudiants du FC, Menasra a souligné que son parti « avait déjà appelé à ce dialogue » et que « la décision finale sera prise par le Bureau national après examen des amendements contenus dans le projet de révision constitutionnelle » dont le FC a reçu une copie de la présidence de la République.
Il a appelé à ce propos à ce que les consultations sur la loi fondamentale du pays soient « larges, sans exclusion et sans tutelle et qu'elles ne se limitent pas au document proposé ».
Abdelmadjid Menasra a proposé par ailleurs que ces consultations soient sanctionnées par « un dialogue qui regrouperait tous les partenaires en vue d'asseoir une Constitution consensuelle pour l'intérêt de l'Algérie », ajoutant que le FC arrêtera ses propositions à ce propos lors d'une rencontre ce samedi.
Ce que propose le Front du Changement :
« Ne pas légiférer par ordonnance sauf en cas d'exception, confier la présidence du Conseil supérieur de la magistrature à un juge et constitutionaliser une commission nationale indépendante de supervision des élections ainsi que les droits de l'opposition » sont les amendements essentiels que proposera le FC.
Le FC n’est membre d’aucune alliance partisane
Le président du FC a affirmé que sa formation n'était membre d'aucune alliance partisane. Il a estimé que cette bipolarisation a été engendrée par les dernières élections présidentielles, affirmant que ces partis politiques doivent aujourd'hui s'adapter à la réalité.
Le FNA (Front national algérien) de Moussa Touati :
De son côté, le président du Front national algérien (FNA), Moussa Touati, a appelé, vendredi lors d'une réunion à Alger avec les présidents des bureaux de wilayas de son parti, tous les partis politiques, indépendamment de leurs tendances, à participer aux consultations relatives à la révision de la Constitution initiées par le président de la République.
Bien que n'étant pas satisfait de la teneur du document portant propositions d'amendements à la Constitution, dont il a été destinataire jeudi, le FNA prendra part au dialogue qui sera supervisé par le directeur de cabinet de la présidence de la République, Ahmed Ouyahia, a affirmé le premier responsable du parti.
Moussa Touati a souligné la nécessité de « rendre la parole au peuple par un référendum sur le mode de gouvernance » en vue d'« une charte nationale définissant le mode de gouvernance de l'Etat algérien ».
Le FNA pour un régime parlementaire, entre autres propositions
Il a, à cet égard, précisé que « le régime parlementaire est le meilleur et le plus efficace » en ce qu'il « restitue le pouvoir au peuple et défend la classe démunie », a-t-il dit.
Les propositions du FNA concernant la révision de la Constitution insistent sur la liberté de créativité, d'innovation, d'expression, de culte et de création de partis, d'associations et de syndicats.
Le parti propose également que « tout citoyen doit avoir le droit de porter un recours devant le Conseil constitutionnel ou le président du Conseil supérieur de la magistrature en cas d'atteinte à ses droits ou ses libertés ».
Autre proposition du FNA, « la possibilité pour le chef du gouvernement, après consultation du gouvernement, de créer des institutions consultatives, notamment un Conseil supérieur pour la promotion des Droits de l'Homme, pour la Famille et l'enfance, pour l'Information, pour l’Education et l'Enseignement et pour la Jeunesse ».
Ennahda : associer le peuple à la démarche de révision de la Constitution
Le secrétaire général du mouvement Ennahdha, Mohamed Douibi, a insisté, vendredi à Constantine, sur « l’importance d’associer le peuple à la démarche de révision de la Constitution ».
S’exprimant lors d’une rencontre organique avec les cadres de son parti, M. Douibi a estimé « important » d’établir un « pacte politique, social et économique entre le pouvoir et le peuple en vue de l’émergence d’une Constitution répondant aux attentes de tous les citoyens ».
Pour le SG d’Ennahda, il est « inconcevable » que la Constitution algérienne soit « l’œuvre d’une minorité ».
Un texte consensuel sera proposé par le mouvement Ennahdha en juin prochain lors de la rencontre nationale de la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique, a encore indiqué le représentant d’Ennahda qui a ensuite abordé plusieurs sujets en rapport, notamment, avec le fonctionnement des institutions de l’Etat et le niveau de vie des citoyens.
Le RND exhorte ses militants de finaliser la plateforme des propositions en une semaine
Le secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND), Abdelkader Bensalah, a appelé ce samedi à Alger les cadres et dirigeants du parti à finaliser la plateforme des propositions relative au contenu de la nouvelle constitution dans un délai n'excédant pas une semaine.
Présidant l'ouverture d'une journée d'étude sur « la révision de la Constitution » animée au siège du parti par un groupe d'enseignants universitaires, Bensalah a appelé tous les membres du parti à faire preuve de responsabilité dans l'élaboration de la plateforme des propositions qui sera soumise, lors des consultations sur la révision de la Constitution, prévues en juin.
Bensalah a saisi cette occasion pour réitérer la pleine disposition du parti à participer aux consultations sur la révision de la Constitution et à appeler les partis de l'opposition à revoir leurs positions et apporter leur contribution « sérieusement » et « efficacement ».
« Le RND exprime sa pleine disposition à participer aux consultations sur la révision de la Constitution et appelle toutes les forces politiques, à y contribuer sérieusement », a-t-il dit.
« Il est vain d'émettre des réserves concernant des questions importantes à l'instar de la révision de la Constitution qui définit les repères, les perspectives et les prérogatives et qui est à la base de toutes les lois », a-t-il souligné.
Il a déploré la publicité faite aux parties politiques opposées aux consultations sur cette révision par rapport à celles qui les soutiennent, qualifiant un tel comportement de « mauvaise pratique de l'exercice de la démocratie qui devrait être basée sur le principe de respect de tous les avis et propositions ».
L'ANR organisera des rencontres régionales et nationales pour actualiser ses propositions
Le parti de l'Alliance Nationale Républicaine (ANR) a annoncé ce samedi qu'il organisera, courant mai, une série de rencontres régionales et une autre nationale pour mettre à jour ses propositions et réactions relatives à la révision de la Constitution.
Ces rencontres verront la participation des militants du parti et des experts en droit constitutionnel, précise l'ANR qui a exprimé sa disposition à contribuer à la réussite des consultations sur le projet de révision constitutionnelle.
L'ANR a déjà présenté ses propositions à ce sujet lors de sa rencontre, en mai 2011, avec la commission de consultations ainsi qu'avec le premier-ministre en janvier 2013, rappelle le communiqué. Ces propositions seront « actualisées » lors des prochaines conférences.
L'ANR appelle dans le même sens toutes les parties concernées notamment les partis politiques et les personnalités à ne pas « rater cette opportunité historique et à contribuer à l'édification de l'Etat de droit ».
L’ANR pour un régime semi-présidentiel
Le secrétaire général de l'ANR, Belkacem Sahli, avait déclaré auparavant en marge de la célébration du 19ème anniversaire de la création du parti que sa formation politique plaidait en faveur d'un régime politique semi présidentiel et la préservation de la démocratie plurielle. Le parti préconise l'« institutionnalisation des principes souverains de la diplomatie algérienne ». Certains partis ont souvent adopté des positions diplomatiques contraires à celles de l'Algérie, ce qui représente, selon le parti, un danger réel pour le pays.
Le Front El Moutakbel de Belaid Abdelaziz appelle l’université à participer aux débats sur la révision de la Constitution
Le président du Front El Moustakbel, Belaid Abdelaziz, a lancé, samedi à Ain Temouchent, un appel à l’université pour « participer aux débats sur la révision de la Constitution ».
« A l’occasion de la célébration de l'anniversaire du 19 Mai 1956, journée mémorable dans l’histoire de l’Algérie, j’appelle les enseignants et les étudiants, à assumer leurs responsabilités, à l’instar de leurs glorieux prédécesseurs et participer à ce grand chantier qui décidera de l’avenir du pays », a-t-il déclaré devant une assistance nombreuse.
« L’université ne doit pas se confiner dans des rôles secondaires. Bien au contraire, elle doit être partie prenante dans tout débat impliquant l’avenir de l’Algérie », a-t-il ajouté, soulignant qu’il s’agit également de l’une des missions de la famille culturelle et scientifique dans son ensemble.
Le Front El Moustakbel a présenté plusieurs propositions d’amendement
Le Front El Moustakbel prendra part à ce grand chantier, a affirmé son premier responsable, indiquant que son parti a présenté plusieurs propositions d’amendement concernant, entre autres, la protection des libertés et des droits, la création d’une instance indépendante pour l’organisation des élections, l’indépendance de la justice et l’alternance au pouvoir.
Le mouvement El Islah se prononcera dimanche
Le secrétaire général du mouvement El Islah, Mohamed Djahid Younsi, a indiqué ce samedi que son parti décidera dimanche de sa participation ou non aux consultations relatives à la révision de la Constitution, initiées par le président de la République, en coordination avec les partis politiques affiliés au pôle national des forces du changement.
« La position définitive concernant la participation, ou non, à ces consultations sera annoncée conjointement lors d'une réunion, prévue dimanche, du pole national des forces de changement », a affirmé Younsi lors d'une conférence de presse.
« Cette décision obéit à des facteurs précis qui concernent essentiellement l'élargissement du front d'opposition dans le sens d'une plus grande pression sur le pouvoir », a-t-il expliqué soulignant que la vision du pole lui faisait obligation d'unifier ses positions à l'égard des consultations sur la révision de la Constitution ».
Evoquant les observations faites par son parti sur le projet de révision de la Constitution, le responsable a estimé que son parti n'était pas obligé de fournir les détails de son opinion sur ce projet de révision qui, a-t-il considéré, « ne porte pas sur les questions majeurs (indépendance de la justice, séparation des pouvoirs, libertés individuelles et collectives) et se contente de consacrer le régime présidentiel en Algérie ».
« Cette intention doit se concrétiser à travers trois aspects. Le premier, concerne les modalités du dialogue et son contenu qui doit émaner de toutes les parties et pas seulement du pouvoir », a souligné Djahid Younsi.
Il a déploré le contenu du projet de révision « proposé et imposé par le pouvoir » jugeant nécessaire que ce dernier rencontre l'opposition en vue de définir, dans une première étape, la problématique avant d'aller vers les mécanismes de règlement de cette problématique qui concerne, à son avis « la légitimité perdue depuis l'indépendance ».
« Ce qui est demandé, c'est une entente et non un accord autour de propositions élaborées par une seule partie », a-t-il encore soutenu.
Les partis politiques formant le pôle des forces de changement, dont El Islah, ont entamé depuis quelques jours des contacts avec les autres forces politiques et personnalités nationales pour des consultations et échanges de vues afin de coordonner les positions vis à vis de la révision de la Constitution.