Revivre le 19 Mars 1962 à Alger : entre la désillusion des colons et la victoire des Algériens (archives sonores)

Aboutissement de plusieurs décennies de résistances populaires et de 7 années de guerre de libération, le cessez-le-feu décrété le 19 mars 1962 a confirmé une nouvelle fois qu’« aucune armée, aussi puissante soit-elle, ne peut venir à bout de la volonté de résistance d’un peuple décidé à briser les chaines de sa domination».

L’empire colonial français, l’un des plus puissants du monde, défait sur le terrain de la lutte d'indépendance, accepte de négocier et de signer les accords d’Evian avec le Gouvernement provisoire de la République Algérienne (GPRA).

L’Algérie célèbre aujourd’hui le 55ème anniversaire de « la fête de la victoire ». Dans une émission diffusée dimanche, la Chaine 3 a rediffusé des archives sonores relatant comment les habitants d’Alger ont vécu cette journée charnière.

Elle fut le décor d'une journée sabbatique, puisque la grève déclenchée par les européens a empêché l’alimentation de la ville en gaz et en électricité et l'enlèvement les ordures ménagères n’ont pas été collectées.

D’après ce rapport radiophonique, la capitale était complètement paralysée ce jour là. « Les magasins fermés, de très rares passants » rapporte-t-il en signalant la présence de « beaucoup de patrouilles militaires, de chevaux de frise à tous les carrefours et d'automitrailleuses ».

Dans les rues désertées par les habitants et envahies par les forces coloniales, étaient collées des affiches bleues appelant au « cessez-le-feu » et à « la paix ».    

Contrairement au terne décor des quartiers européens, les cités algériennes, à l’instar de la casbah, se réveillaient avec la joie de vivre, après avoir survécu des années durant sous la répression barbare du colonialisme. « Calmement et dignement, les musulmans sont descendu dans la rue », indique l’archive diffusé par la Chaine 3.  

"Une mise en garde contre les hordes fascistes"

C’était une journée mémorable. Les Algérois, comme partout en Algérie, ont célébré cette journée en masses. Des larmes de joie sur les visages et les cris de « tahya el Djazayer », « vive l’Algérie » se mélangent aux youyous des femmes et des klaxons d’automobilistes.

Dans sa "minute histoire", Hassane Arab, journaliste de la radio Chaine 3, revient sur la clairvoyance du GPRA qui avait non seulement réussi avec brio les négociations avec le colon, mais avait su gérer la transition en déjouant les complots fomentés par les extrémistes européens. 

La direction politique du pays, tout en félicitant le peuple algérien par la voix du président du GPRA Youcef Ben Khedda, avait mis en garde contre « les hordes fascistes de l’OAS », cite le journaliste de la Chaine 3.

Ce n’était pas de l’alarmisme, Cette organisations de colons radicaux a d’ailleurs continué à perpétrer des attentats et des assassinats dans le but d’annuler les accords d’Evian. Mais, cette «politique de la terre brulée» prônée par cette organisation n’a pas entravé la marche du peuple algérien vers son indépendance. Moins de quatre mois plus tard, les algériens votaient l’indépendance et le pays recouvrait sa souveraineté mettant fin à plus d’un siècle de domination barbare.  

Les algériens célèbrent « la victoire » de leurs aïeux et revisitent avec l’histoire

Pour ce 55 ème anniversaire, les activités officielles auront lieu dans la wilaya d’El Bayadh avec la présence du ministre des Moudjahidines.

A travers tout le territoire national des activités sont organisées pour célébrer cette date historique. A biskra un programme riche d’activités culturelles et sportives est concocté pour l’occasion. Des expositions, des projections de films, des débats… sont proposés aux biskris pour revisiter leur histoire et célébrer les héros de la guerre de libération nationale.    

Dans la wilaya de Jijel, les autorités ont, en plus d’un programme de célébration, profité de cette date symbole pour rebaptiser les noms de plusieurs établissements publics au nom des martyres de la guerre de libération. 

   

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