Un colloque international de trois jours marquant le centenaire de Mouloud Mammeri s'ouvre vendredi matin, en marge du 22e Sila (Salon international du livre d’Alger) avec la participation de nombreux chercheurs de différents pays.
Ecrivain, anthropologue et linguiste, Mouloud Mammeri (1917- 1989), a laissé un legs considérable dédié à la réhabilitation et la promotion de la culture et la langue amazighes, longtemps soustraites à l'histoire et que la jeune génération commence à peine à découvrir.
Organisé par le Haut commissariat à l'Amazighité (Hca), ce colloque Intitulé, «L'Amusnaw» (l'érudit), «Le sourcier des convergences civilisationnelles universelles», verra la participation de trente-deux chercheurs et universitaires algériens et étrangers qui se pencheront sur l'œuvre et le parcours intellectuel de Mouloud Mammeri, évoquant, à travers plusieurs thématiques, l'éclaireur qu'il fut et le militant de la culture ancestrale de son pays.
L'année 2017, dédiée à la célébration de ce centenaire, compte plusieurs manifestations destinées à mieux faire connaître aux générations actuelles d'Algériens le parcours de ce penseur et faciliter l'accès à son œuvre.
Ainsi, la «réédition de quelques-uns de ses ouvrages littéraires et poétiques et leurs traductions en Tamazight, réunis dans un coffret» coédité par le Hca et les éditions Dar el Outhmania, sera présentée lors de ce colloque.
Le site web, www.mammeri100.dz , consacré au centenaire de Mouloud Mammeri, une collaboration entre le Hca et l’APS «est opérationnel depuis mars 2017».
Une série de rencontres nationales entre universitaires ont été organisées tout au long l'année en cours et seront couronnées par la tenue, le 29 décembre à Timimoune», par un «séminaire sur l'Ahellil», a annoncé le SG du Hca, Si El Hachemi Assad.
Amawal, la consécration académique de l'oralité berbère
Mouloud Mammeri, dont une des universités algériennes (Tizi Ouzou) porte le nom, constitue, à travers son £uvre, une référence académique pour tous les chercheurs qui s'intéressent à la culture et à la langue amazighes.
Considéré comme un des acteurs majeurs de la culture algérienne du XXe siècle, Mouloud Mammeri, a écrit plusieurs romans, nouvelles et pièces de théâtre, comptant essentiellement cinq œuvres magistrales dans la littérature et le théâtre algériens : La colline oubliée, Le sommeil du juste, L'opium et le bâton, La Traversée et Le Foehn.
Auteur de plusieurs ouvrages linguistiques dont, «Tajerrumt n tmazigt (tantala taqbaylit)», «Awal», cahiers d'études berbères et «Amawal», dictionnaire lexical moderne de Tamazight, Mammeri a regroupé les résultats d'un long travail de recherche couvrant une grande partie de l'Afrique du nord.
En sa qualité d'anthropologue, il avait été le premier universitaire à s'intéresser aux contes berbères et à l'Ahellil du Gourara -chant, danse et poésies zénètes (variante de Tamazight)- propre à la région du nord d'Adrar auquel il avait consacré une longue recherche publiée en 1984.
Cette étude devait plus tard servir de base au classement de l'Ahallil, porté en 2008 à la liste du patrimoine mondial de l'humanité.
Mouloud Mammeri a longtemps enseigné, donnant une importance particulière à la pédagogie et à la transmission dans un souci permanent de «maintenir et développer» l'héritage identitaire de l'Algérie.