« Winter sleep », huis-clos psychologique d’une durée de 3h16, se déroulant dans un hôtel d'un village d'Anatolie, a remporté, hier soir, la Palme d'or du 67ème Festival de Cannes, un prix que son réalisateur Nuri Bilge Ceylan a aussitôt décerné à la jeunesse de son pays.
Pour « Winter Sleep », Ceylan avait installé sa caméra dans un petit village de Cappadoce aux habitations troglodytes. Avec l'hiver, l'hôtel d’Aydin, ancien acteur la soixantaine, est quasi-désert le laissant seul face à sa jeune femme et sa sœur divorcée qui vont démonter minutieusement l'image d'intellectuel éclairé qu'il se donne.
« J'ai eu peur quand j'ai vu que c'était un film de plus de 3h », a expliqué à la presse la présidente du jury Jane Campion mais « c'est un film au rythme merveilleux, vraiment maitrisé et sophistiqué ».
Les prix d'interprétation du festival sont, par ailleurs, revenus à l'Américaine Julianne Moore pour son rôle dans « Maps to the stars » du Canadien, David Cronenberg, et au Britannique, Timothy Spall pour « Mr Turner », de Mike Leigh, dans lequel il incarne un peintre maître de la lumière dévoré par son art.
Dans un palmarès saluant à la fois la jeune génération et ses aînés, le Grand Prix, considéré comme une Palme d'or bis, est revenu à « Le Meraviglie » de la jeune Italienne, Alice Rohrwacher.
Le plus jeune lauréat était le Canadien Xavier Dolan, 25 ans, qualifié de « véritable génie » et récompensé du prix du jury pour « Mommy ».
Benjamin Dolan partage son prix avec le vétéran de la compétition, le Franco Suisse, Jean-Luc Godard, 83 ans, récompensé pour l'énigmatique « Adieu au langage ».
C'est la première fois que Cannes accorde un prix à la légende de la Nouvelle vague qui a refusé de se déplacer sur la Croisette.
L'Américain Bennett Miller, est reparti avec le prix de la mise en scène pour « Foxcatcher », un drame des années 80 et le prix du scénario est allé aux Russes Andreï Zviaguintsev et Oleg Negin, pour « Leviathan », un film dénonçant la corruption.