L’icône, la star, l’emblème du rock francophone s’est éteint à l’âge de 74 ans, vaincu par le cancer. Plusieurs générations de fans partout à travers le globe pleurent ce mercredi 6 décembre la disparition du monstre sacré de la chanson française, Johnny Hallyday.
C'est par un communiqué envoyé à l'AFP à 02h34 (01h34 GMT) mercredi matin que son épouse Laeticia a annoncé le décès du chanteur de 74 ans: "Johnny Hallyday est parti. J'écris ces mots sans y croire. Et pourtant c'est bien cela. Mon homme n'est plus. Il nous quitte cette nuit comme il aura vécu tout au long de sa vie, avec courage et dignité".
"Jusqu'au dernier instant, il a tenu tête à cette maladie qui le rongeait depuis des mois, nous donnant à tous des leçons de vie extraordinaires. Le coeur battant si fort dans un corps de rocker qui aura vécu toute une vie sans concession pour son public, pour ceux qui l'adulent et ceux qui l'aiment", poursuit-elle.
Evoquant "le papa" de leurs deux filles adoptées Jade et Joy, de Laura (née de son union avec l'actrice Nathalie Baye) et de David (né de son union avec la chanteuse Sylvie Vartan), Laeticia Hallyday conclut: "Johnny était un homme hors du commun. Il le restera grâce à vous. Surtout ne l'oubliez pas. Il est et restera avec nous pour toujours. Mon amour je t'aime tant".
La présidence française a réagi en premier à cette annonce: "On a tous en nous quelque chose de Johnny Hallyday", a réagi l'Elysée. "De Johnny Hallyday nous n'oublierons ni le nom, ni la gueule, ni la voix, ni surtout les interprétations, qui, avec ce lyrisme brut et sensible, appartiennent aujourd'hui pleinement à l'histoire de la chanson française", a déclaré Emmanuel Macron.
Les réactions se sont rapidement enchaînées tandis que radios et télévisions lançaient des émissions spéciales et diffusaient ses tubes en boucle.
Michel Polnareff, très ému, a exprimé son "immense tristesse" sur BFMTV. "Il sera toujours avec nous (...) Il a toujours été un héros. J'ai les larmes aux yeux en le disant, mais, vraiment, on l'aime".
Une page Facebook en hommage à "l'idole des jeunes" a été créée. Peu avant 07h00, près de 60.000 tweets avaient été consacrés à Johnny Hallyday.
100 millions de disques
Depuis l'hospitalisation de Johnny Hallyday il y a un mois pour détresse respiratoire, la nouvelle de son décès était redoutée.
Johnny avait annoncé début mars être atteint d'un cancer des poumons dont il savait déjà qu'il était métastasé.
Détecté en novembre 2016, le cancer aura terrassé en un an celui que son ami Eddy Mitchell avait surnommé "Robocop". Et qui avait déjà tutoyé la mort, lors de sa tentative de suicide en 1966 après la demande de divorce de Sylvie Vartan, puis lorsqu'il plongea plusieurs jours dans le coma en 2009 en raison de complications consécutives à une opération.
Johnny Hallyday s'est battu jusqu'au bout. En montant sur scène, en juin et juillet, avec ses copains Jacques Dutronc et Eddy Mitchell, pour la tournée des "Vieilles Canailles". Des moments parfois difficiles, mais où il semblait porté par l'énergie de son public qu'il croisait pour la dernière fois.
Pour "rester vivant", comme s'intitulait sa dernière tournée (2015-2016), cette "bête de scène", qui a rempli en 57 ans de carrière tous les plus grands lieux, du Stade de France au Champ de Mars, travaillait aussi à un nouvel album.
Avec plus de 100 millions de disques vendus et dix Victoires de la musique, "l'idole des jeunes" puis des moins jeunes a traversé les époques: celles des débuts du rock'n'roll où il ressemblait à un "Elvis Presley" made in France, des yéyés, de la variété plus "mainstream" avec Michel Berger ou Jean-Jacques Goldman dans les années 80, pour revenir avec bonheur ces dernières années aux sources du blues et du rock.
Excès et amours
Cette longévité exceptionnelle, depuis "T'aimer follement", sa première chanson enregistrée en 1960, est ponctuée de dizaines de succès entrés dans la mémoire collective: "Souvenirs souvenirs", "Le Pénitencier", "Noir c'est noir", "Retiens la nuit", "Pour moi la vie va commencer", "Que je t'aime", "Gabrielle", "La musique que j'aime", "Ma gueule", "Quelque chose de Tennessee", "Allumer le feu", "Marie"...
Au fil d'une vie menée à fond de train, avec ses accidents, ses excès relayés en une des gazettes, ses amours tempétueuses et médiatisées, ses maisons en Suisse et aux Etats-Unis sur fond d'accusation d'exil fiscal, "Johnny" était devenu plus qu'un artiste.
Une légende vivante, un chanteur quasi-officiel mais aussi un personnage parfois agaçant pour certains, égratigné pour sa façon de s'exprimer, à l'image du "Ah que..." popularisé par sa marionnette des Guignols.
"Ma vie a été un tunnel de souffrances, où je ne me sentais pas toujours en accord avec moi-même, vivant au jour le jour, tenaillé par la peur du lendemain", se confiait en 2014 à Télérama celui qui était au civil Jean-Philippe Smet, du nom de son père, Belge, qu'il a si peu connu.
Des "souffrances" qu'il oubliait toutefois quand il retournait en studio ou remontait sur scène, pour, jusqu'au bout, "être Johnny Hallyday", ce qu'il appelait "un métier".