Une ambiance des plus surprenantes, dansante et survoltée, a régné sur le stade Ennasr de Bechar lors d’un concert spectaculaire animé lundi soir par le jeune groupe de musique contemporaine El Dey, qui a su faire vibrer un public pourtant réputé difficile.
Invité en tête d’affiche par le 8e Festival national de musique diwan qui se tient à Bechar depuis vendredi, le groupe a été surpris par un public de mélomanes qui connaissait par cúur son répertoire et demandait avec insistance ses morceaux favoris.
Avec leurs chansons à succès "Ana Djazaïri", "Noudjoum Ellil" ou "Maria" le groupe a su profiter de l’écoute particulière du public tout en enflammant le stade avec des morceaux plus rythmés, toujours conçus pour concilier les musiques modernes et le patrimoine algérien.
Un savant mélange entre le flamenco, avec les guitares de Samy Boukhechba et de Samir Merabet les deux chanteurs du groupe, le jazz avec une touche de piano et un important apport de saxophone en plus de rythmes proches de la chansonnette chaabi pour habiller des textes accrocheurs et légers, définirait la musique de ce groupe créé en 2010.
Le dernier succès du groupe "Maria", largement diffusé à la télévision, que le public a longtemps attendu, a prouvé que ce groupe avait un grand potentiel sur les planches où ses membres se comportent déjà comme des professionnels de la scène qui interagissent avec l’assistance et tentent de la satisfaire.
Après l’accueil qu’ils ont reçu à Bechar, où ils se sont produits pour la seconde fois, les membres du groupe ont émis le souhait de se rapprocher encore plus de leur public en organisant une tournée nationale à même de les rapprocher de leurs nombreux fans et surtout de présenter un produit qui "sait exactement d’où il vient et où il va".
La confrérie de "Dar Bahri" subjugue le public
Plus tôt la compétition du festival avait accueilli sur scène un spectacle de diwan particulièrement vivant et chargé d’émotions et d’authenticité animé par la troupe "Dar Bahri Ouesfane" de Constantine détentrice d’un rituel ancestrale séculaire longtemps conservé dans un cadre familiale sacré et restreint tout en étant très connu dans la ville.
Chantant en langue Haoussa, parlée en Afrique de l’ouest, des bradjs communément connu ou chanté différemment par les confréries de l’ouest, la fluidité du chant du Koyo Bango (chanteur) Mohamed El Hadi Hachani et son aisance avec cette langue témoignent l’authenticité de son répertoire et de sa transmission et préservation.
En plus de l’interprétation enchanteresse de la troupe, déjà distinguée du premier prix de la 5e édition, la forme semi sphérique du goumbri joué par le maallem ainsi que la présence sur scène de trois jeunes femmes de la famille en qualité de choristes et danseuses a accentué la particularité du spectacle.
Empruntant «Trig chrgui» (route de l’est) la voie du diwan enseigné à Bechar le groupe local "Gaadat el Waha" a également pris part à cette compétition avec une interprétation et un jeu de scène difficilement dissociable d’autres troupes de la région et initiés par le jeune prodige maallem Hakem Abdellaoui.
Sans grande conviction sur scène la troupe "Fourssen Maghnia" a quant à elle fait ses premiers pas dans ce festival avec une interprétation musicale correcte mais un jeu de scène inerte.
Ouvert vendredi, le 8e Festival national de musique diwan se poursuivra à Bechar jusqu’au 29 mai avec encore six troupes en compétition et des spectacles animé par les incontournables Hasna El Becharia et le groupe Essed.