Au travers des nombreuses affaires d'atteinte aux biens publics portées devant la justice, les Algériens découvrent avec effarement l’étendue d’une corruption qu’ils devinaient, mais dont ils ignoraient les multiples ramifications jusqu'au sein des institutions de l’Etat.
Pour l’analyste en économie, le professeur Mohamed-Cherif Benmihoub, pour prétendre mener la lutte contre cette déchéance, il faudrait nécessairement en passer par la révision en profondeur du « système » tel qu’il a fonctionné jusqu’alors, en engageant « la réforme du système de gouvernance ».
Reçu, lundi, à l’émission l’Invité de la rédaction de la chaine 3 de la Radio Algérienne, celui-ci impute cette situation à la « perversion morale » des personnes impliquées et à sa corrélation avec les commandes publiques, constatant que « plus le budget de l’Etat est important, plus la corruption a tendance à se généraliser ».
Pour lui, cette derière a toujours existé, d'autant, explique-t-il, que le système politique a préféré avoir à faire à des « clients » et à cultiver les « compromis », en dépit, relève-t-il, d’une législation assez complète en matière de lutte contre ce phénomène.
Au fil des années, constate l’intervenant, cette situation a finie par devenir une « règle normale de fonctionnement ». Certaines personnes, dit-il, poussant jusqu’à payer pour accéder à des postes au sein d’organismes et d’institutions de l’Etat et attendant en retour une compensation financière autrement plus importante que leur « mise » de départ.
Des sommes ayant fait l’objet de détournements frauduleux, le professeur Benmihoub les estime à 30% de la dépense publique opérée au cours des 20 dernières années, soit quelque 1.000 milliards de dollars.
Il observe que la corruption s’est, au fil des ans, trouvée disséminée à tous les niveaux d’activités (collectivités, entreprises, institutions,…) particulièrement, note-t-il, là où existent des possibilités d’accès aux marchés publics, auxquels on ne peut prétendre « si on ne verse pas des ‘’pots de vin ‘’».