L'émissaire de l'ONU pour la Libye a exhorté les puissances étrangères à respecter l'embargo sur les armes en Libye, estimant par ailleurs qu'un raid aérien lundi contre une usine en banlieue sud de Tripoli pourrait constituer un crime de guerre.
Ghassan Salame a accusé, sans les nommer, plusieurs pays d'aggraver la crise en Libye, lors d'une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies à New York.
Il a déclaré qu'une attaque contre une usine fabriquant des biscuits dans la région de Wadi Rabi lundi avait fait 10 morts, et «pourrait constituer un crime de guerre». Plus tôt dans la journée, le ministère de la Santé libyen avait évoqué un bilan d'au moins 7 morts.
Lors de son intervention, l'émissaire s'en est très vivement pris aux «acteurs extérieurs» qui mènent des frappes de drones, augmentant selon lui les pertes civiles, et a ajouté que le nombre croissant de mercenaires ne faisait qu'aggraver le conflit.
«Les dangers et conséquences directes des interférences étrangères sont de plus en plus évidents», a déclaré Ghassan Salame, parlant d'une «course contre le temps» pour pouvoir arriver à une résolution du conflit.
L'émissaire a ainsi appelé les puissances étrangères à adhérer à l'embargo sur les armes imposé à la Libye depuis 2011.
Selon un rapport confidentiel d'experts de l'ONU, la Jordanie, la Turquie et les Emirats arabes unis ont violé cet embargo. Ces pays «ont fourni des armes de manière régulière et parfois flagrante sans vraiment d'efforts pour en dissimuler la provenance», soulignent les experts dans ce rapport qui porte sur une période d'un an.
Selon des diplomates, la Jordanie est notamment accusée d'avoir formé des troupes du maréchal Khalifa Haftar, qui a déclenché en avril une offensive militaire pour s'emparer de Tripoli. Les Emirats arabes unis, autre soutien du maréchal, sont soupçonnés d'avoir utilisé des avions-bombardiers au profit de ses troupes.
Selon M. Salame, l'Armée nationale libyenne (ANL) autoproclamée du maréchal Haftar utilise de plus en plus de bombes non guidées lors de frappes sur des zones très peuplées à Tripoli.
«A notre avis, les infrastructures et opérations de drone sont facilitées par des parties extérieures», a-t-il dit.
APS