L’accès des professionnels des médias à l’information publique "doit relever du droit au service public", a indiqué mardi le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Amar Belhimer.
L’accès à l’information doit être aussi "le reflet des obligations pesant sur les personnes publiques", a relevé M. Belhimer dans un entretien au quotidien Le Courrier d’Algérie, précisant que l’un des dix chantiers du plan de son secteur est dédié à ce volet.
Il a fait savoir qu’à "l’ère de la 5G et de la volonté du président de la République d’œuvrer à l’émergence d’une nouvelle République, c’est la transparence qui semble prendre aujourd’hui le pas sur le secret au fil des évolutions de notre société et à l’aune des réformes constitutionnelles, législatives et administratives à venir qui l’érigeront en principe fondamental de l’action publique".
"Jusqu’ici, le droit national a faiblement encadré cette obligation, mais les choses sont vouées au changement inéluctable et rapide", a-t-il souligné.
"Rien n’est figé, rien n’est irrémédiable", a affirmé le ministre, rappelant que "c’est dans cet esprit et dans cette optique que, dès ma nomination à mon poste et en ma qualité de porte-parole du gouvernement, j’ai ouvert un chantier de réflexion sur la communication institutionnelle à laquelle une direction centrale est déjà dédiée au ministère de la Communication".
Il a rappelé dans le même sillage avoir proposé au gouvernement "la mise en place d’un système d’information intégré basé sur l’existence d’un service d’information gouvernemental, d’un service de documentation gouvernemental et d’un autre service de veille médiatique", affirmant que ces propositions "ont été validées en Conseil de gouvernement et adoptées en Conseil des ministres.
Ceci "sans compter la réflexion sur la fonction même de porte-parole du gouvernement qui sera relancée dès le lancement du processus de déconfinement à l’échelle nationale", a indiqué M. Belhimer.
Sur l’amélioration en matière de communication des pouvoirs publics, il a précisé qu’il ne s’agit que du "début d’un long processus de maîtrise de l’art de communiquer à une époque où les progrès fulgurants de la communication de masse, via les réseaux sociaux, imposent de communiquer en permanence en s’acquittant du maximum de transparence possible".
Pour le ministre de la Communication, "le mutisme, l’opacité et le culte du secret qui caractérisent un peu, et depuis longtemps, les modes de gouvernance anciens, souvent autoritaires et peu participatifs, sont incompatibles avec la communication globale et les extraordinaires flux d’information dans la sphère Internet".
Evaluant la presse nationale, il noté que celle-ci "présente des faiblesses structurelles en termes de contenus et de contenants", considérant que "la forme et le fond sont, de manière générale, moyennement attractifs quand ils ne sont pas, par endroits, faibles et indigents".
"Le constat vaut pour l’ensemble de la presse, écrite et audiovisuelle, y compris les médias en ligne", a-t-il fait savoir, expliquant cela par le fait que "l’université et les entreprises de presse ne forment plus pour tous les corps de métiers impliqués dans le processus de production et de mise à disposition de l’offre éditoriale".
"La formation universitaire est centrée essentiellement sur les techniques de rédaction et le cursus de culture générale. A leur tour, les médias ne s’acquittent pas de leurs obligations patronales, éthiques et légales de former et de perfectionner", a-t-il mentionné.
Le résultat final est "une offre éditoriale faible et peu séduisante de manière globale, avec cette impression qu’a le lecteur ou l’auditeur d’être en présence d’une presse qui informe peu quand elle ne déforme pas, et qui ne produit que faiblement du contenu et du sens", a-t-il déploré. Toutefois, "cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de bons journalistes, de bons techniciens et de bons managers, voire de très bons", a-t-il relevé.
Mais, il a fait remarquer que "cette frange qui représente l’élite est l’arbre de la qualité qui cache la forêt de la pauvreté globale du fond et de la forme".
ANEP : vaste entreprise d’assainissement et de redressement en cours
Evoquant la situation de l’agence nationale d'édition et de publicité (ANEP), le ministre a indiqué qu’au cours "des vingt dernières années, sa gestion, son administration et ses choix d’entreprise furent catastrophiques, une période marquée par l’impéritie, la gabegie, la concussion, la corruption, la dilapidation, les déviations d’attributions et la médiocrité".
Il a ajouté que cette grande entreprise publique était "soumise à l’influence systématique de forces extra-médiatiques et extra-constitutionnelles".
Face à la situation dans laquelle se trouve l’entreprise, une "vaste entreprise d’assainissement et de redressement est en cours", a-t-il assuré. "Sur instruction du président de la République et sous ma direction, une vaste entreprise d’assainissement et de redressement de l’ANEP est en cours.
Sous la houlette de son nouveau PDG, mon conseiller au ministère de la Communication, M. Larbi Ouenoughi", a précise M.
Belhimer.
Il a rappelé, à ce titre, qu’en "quelques semaines seulement, et parallèlement à des enquêtes approfondies de l’Inspection générale des finances et des services spécialisés de la Gendarmerie nationale, et avec l’aide experte et précieuse d’un Conseil d’administration entièrement renouvelé et appuyé par 4 comités d’audit qui seront incessamment installés, un travail profond de diagnostic, d’évaluation, de rationalisation et de mise à niveau a été accompli depuis le 6 avril, date à laquelle j’ai installé M. Ouenoughi dans sa mission de réformes".
"Les premiers indicateurs du tableau de bord de gestion, du tableau de bord opérationnel et du tableau de bord stratégique qui s’en sont ainsi dégagés, dessinent déjà les contours précis d’une vaste œuvre de restructuration et de redéploiement d’une entreprise qui ne sera plus jamais réduite à la seule gestion de la cagnotte publicitaire", a-t-il expliqué.
Il a fait savoir que l’ANEP "ne sera plus jamais une simple centrale d’annonces et une exclusive courroie de distribution de l’argent des annonceurs publics.
Une ANEP qui ne dispose pas d’une direction commerciale, qui égare en cours de route des pièces d’administration, et dont un certains nombre de faits de gestion étaient le produit d’injonctions téléphoniques, sans compter une certaine prédilection pour le gré à gré dans la passation de certains marchés".
Ainsi, "son redéploiement et son essor relèvent d’une action complexe et durable pour laquelle Larbi Ouenoughi a été choisi.
Sa longue expérience de gestionnaire d’entreprises de presse publique, sa carrière de journaliste au long cours, sa réputation d’intégrité et sa forte personnalité ont plaidé pour ce choix", a-t-il soutenu.