La pandémie de Covid-19 aggrave le problème déjà inquiétant de la baisse du taux de natalité en Italie, bien que les experts affirment que les plus grands défis démographiques du pays sont antérieurs de plusieurs décennies à la pandémie.
Les dernières informations de l'Institut national italien des statistiques (ISTAT) montrent que l'année dernière, le taux de natalité du pays était de 6,8 naissances vivantes pour 1.000 habitants, passant en dessous de 7 pour la première fois. Cela signifie qu'une moyenne de moins de 0,7% de la population totale du pays est née en 2020, contre 7,0 naissances vivantes pour 1.000 personnes en 2019 et 7,3 l'année précédente. Le chiffre pour cette année ne sera pas disponible avant le début de 2022.
En remontant plus loin, la société de données Statista indique que le chiffre est passé en dessous de 10 pour la première fois en 1990. En 1950, au début du "baby-boom" de l'après-guerre, le pays enregistrait 21,2 naissances vivantes pour 1.000 habitants, et il y a un peu plus d'un siècle, dans les années 1920, la moyenne quinquennale était de 28,9.
Selon Alessandro Rosina, professeur de démographie à l'Université catholique de Milan et auteur de plusieurs livres sur les tendances démographiques, les derniers chiffres donnent un taux de natalité de 1,24 enfant par femme en âge de procréer, défini comme étant entre 15 et 49 ans, soit bien en deçà du seuil de deux enfants par femme requis pour maintenir une population stable.
"Dans les années qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale, le taux de natalité de l'Italie était parmi les plus élevés d'Europe, avec environ 2,70 enfants par femme", a rappelé M. Rosina. "Mais la dernière année que nous avons eu un taux de natalité de deux enfants par femme, c'était en 1977, et à la fin des années 1980, notre taux de natalité était parmi les plus bas d'Europe", a-t-il dit.
Selon M. Rosina, de nombreux facteurs expliquent cette tendance historique, notamment un ralentissement de l'économie et la participation croissante des femmes au marché du travail.
Federica Scrollini, vice-présidente de La Funambole, une organisation de défense des femmes, a pour sa part souligné que la pandémie de COVID-19 n'avait fait qu'exacerber la tendance inquiétante à long terme.
"Depuis le début de la pandémie, les couples s'inquiètent encore plus de savoir s'ils peuvent se permettre de fonder une famille", a-t-elle déclaré. "C'est un grave problème pour le pays", a-t-elle souligné.
Malgré la gravité du problème, M. Rosina estime toutefois qu'il n'est pas trop tard pour que l'Italie prenne des mesures destinées à inverser les tendances récentes, tout en notant que cela nécessiterait des réformes majeures centrées sur trois domaines principaux :
- construire une économie plus dynamique afin que les couples se sentent à l'aise d'avoir des enfants plus tôt et que les jeunes restent en Italie,
- offrir plus de soutien gouvernemental aux mères et aux familles, notamment en matière de garde d'enfants, des mesures fiscales incitatives et des congés pour les nouveaux parents
- enfin, des politiques d'immigration durables pour permettre aux personnes nées à l'étranger de vivre et de travailler plus facilement en Italie.
APS