La classe politique tunisienne, dont le mouvement Ennahdha, a accueilli favorablement la désignation lundi de l'ancien ministre de l'Intérieur, Habib Essid, pour former le prochain gouvernement.
Le mouvement Ennahdha a reçu avec "satisfaction" la désignation de M. Essid à la tête du gouvernement, soulignant sa volonté de "dialoguer" et "coopérer avec lui dans tout ce qui a trait à l'interet national", a déclaré le porte-parole d'Ennahdha, Zied Laadhari.
"Ennahdha émettra son avis définitif après le parachèvement des consultations à ce sujet et à la lumière du programme du gouvernement", a-t-il ajouté.
Le président du groupe parlementaire du mouvement, Noureddine Bhiri, a de son coté indiqué, au nom de cette formation politique, n'avoir aucune objection concernant la désignation de Habib Essid à la primature.
Dans une déclaration à l'agence tunisienne Tap en marge de la conférence du groupe parlementaire dont les travaux ont démarré, lundi, à Hammamet, Bhiri a appelé le nouveau gouvernement à adresser un message "rassurant" aux Tunisiens à travers la mise en place d'un programme "qui répond aux attentes des citoyens dont, en premier lieu, la lutte contre le terrorisme".
"Avant d'évoquer la composition du nouveau gouvernement, la question qui se pose est de savoir si le prochain cabinet poursuivra le dialogue et la recherche du consensus pour consolider la démocratie", a-t-il souligné.
Bhiri a également souligné la nécessité de lutter contre la flambée des prix, d'impulser le développement régional et local et de rétablir la sécurité pour attirer les investissements et créer des postes d'emploi.
Il a en outre estimé que la formation du gouvernement "est une affaire nationale qui concerne toutes les organisations et les compétences nationales ainsi que les différentes composantes de la société civile".
" Aucun poste ministériel n'a été proposé au mouvement", a t-il assuré ajoutant que les nouveaux ministres doivent être choisis "sur la base de la compétence et de l'engagement à servir l'intérêt du pays".
Pour sa part, l'Union patriotique libre (UPL), troisième parti de l'ARP (Assemblée des représentants du peuple) avec 16 sièges, a salué la désignation du nouveau Premier ministre, en le qualifiant de "chef de gouvernement consensuel le mieux placé pour rassembler toutes les sensibilités politiques dans l'intérêt supérieur de la Tunisie".
Toutefois, la désignation de Habib Essid comme nouveau chef du gouvernement a été soumise à certaines réserves émanant principalement du Front populaire (principale alliance de gauche à l'ARP avec 15 sièges) et du Mouvement du peuple (mouvement socialiste défendant le nationalisme arabe à tendance islamiste).
Pour le dirigeant du Front populaire Zied Lakhdhar, a estimé que "la désignation de Habib Essid traduisait le besoin d'un consensus et d'une entente avec le mouvement Ennahdha".
"Le Front populaire insiste sur son exigence de ne pas mettre en avant des figures de la Troïka et de l'ancien régime dans le nouveau gouvernement, outre l'impératif de garantir la justice sociale, de faire la lumière sur les assassinats politiques et de lutter contre le terrorisme" a-t-il ajouté.
Candidat indépendant proposé par le parti Nidaa Tounes (parti de centre-droite victorieux des législatives avec 86 sièges à l'Assemblée des représentants du peuple, ARP), Habib Essid a gagné la confiance de la majorité des personnalités politiques tunisiennes. En vertu de la Constitution tunisienne, le chef du gouvernement désigné
Habib Essid devra former son gouvernement dans un délai d'un mois renouvelable une fois à compter de sa désignation officielle par le président de la République.Un projet sera ensuite soumis à un vote de confiance à l'Assemblée des représentants du peuple.
Si le délai expire sans parvenir à la formation d'un gouvernement ou si la confiance de l'ARP n'est pas accordée, le président de la République engage des concertations dans un délai de 10 jours avec les partis politiques et les coalitions et groupes parlementaires en vue de charger une personnalité jugée la plus apte à former un gouvernement dans un délai n'excédant pas un mois.
Le chef du gouvernement choisit les ministres et secrétaires d'Etat qui feront partie du nouveau cabinet, à l'exception des ministères des Affaires étrangères et de la Défense.