Face à la recrudescence des mouvements extrémistes partout dans le monde, l’Algérie appelle les pays arabes «à la prise de mesures communes». Lors de sa participation à la réunion du Conseil des ministres arabes des Affaires étrangères, le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a demander à inclure, dans le rapport, "le phénomène du terrorisme et son impact sur la sécurité régionale arabe", des solutions aux problèmes induits par la propagation du terrorisme en Europe et la recrudescence sans précédent du phénomène d'islamophobie dans ce continent.
Pour le chef de fil de la diplomatie algérienne, ce rapport est "prometteur" mais reste incomplet et doit être enrichi, soulignant la nécessité de condamner le terrorisme et de prendre des mesures de prévention contre l'extrémisme, tout en appelant les partenaires européens à "respecter l'identité des communautés arabes, tenues à leur tour de respecter les lois du pays d'accueil".
La lutte contre l'extrémisme en Europe doit tenir compte de la nécessité de garantir la dignité et la protection des communautés arabes, à leur tête la communauté algérienne résidant en Europe", a-t-il affirmé. "Tout en rappelant la nécessité pour les ressortissants algériens et ceux d'origine algérienne de respecter les lois des pays hôtes, nous insistons également sur l'impératif respect des droits de ces derniers, y compris leur droit de préserver et de défendre leur identité", a expliqué le chef de la diplomatie algérienne.
"Cette position ferme dans la politique de l'Algérie et dans ses relations avec ses partenaires européens est partagée par les pays arabes frères qui se joignent à nous pour lancer ce message à l'adresse de l'Europe", a souligné M. Lamamra, appelant par la même à "faire front uni contre les attaques irresponsables et inacceptables contre le Prophète Mohammad (QSSSL) par des moyens civilisés, basés sur la rigueur et le respect mutuel des symboles et convictions de toutes les parties, à leur tête nos convictions fortement ancrées quant à la pertinence des préceptes de notre religion".
M. Lamamra a mis en avant l'expérience algérienne en matière de lutte antiterroriste, une expérience qui constitue, a-t-il dit, "un modèle à méditer". "L'Algérie jouit d'une expérience pionnière en matière de lutte contre l'extrémisme, laquelle ne se limite pas seulement au volet militaire, mais touche aussi les aspects politique, culturel, religieux, pédagogique et éthique", a poursuivi le ministre précisant qu'"il s'agit d'une méthodologie intégrée et constructive que l'Algérie a adoptée depuis qu'elle a été frappée par le phénomène du terrorisme, étranger à la société algérienne". "Coopérer avec ces pays partant de l'intérêt commun, c'est aussi défendre la majorité écrasante de notre communauté en Europe, laquelle demeure attachée à sa religion et à son identité tout en respectant les lois des pays d'accueil".
Concernant les craintes quant à d'éventuelles représailles susceptibles de faire pression sur les membres de la communauté musulmane en Europe, le chef de la diplomatie algérienne a indiqué que l'Algérie "ne saurait soutenir des mesures qui seraient arbitraires, mais reconnait toutefois aux Etats le droit de promulguer les lois qu'ils jugent les plus à même de préserver leur sécurité".
Concernant la question palestinienne, principal point inscrit à l'ordre du jour du conseil interministériel, le ministre a affirmé que le but de la participation de l'Algérie à cette réunion était de soutenir la cause palestinienne juste et les démarches de l'Autorité palestinienne visant à conforter son rôle et ses actions et à élargir sa marge de manoeuvre dans les foras internationaux.
"Tel était l'objectif escompté du projet de décision soumis au conseil de Sécurité, lequel pourrait être soumis à nouveau lorsque les conditions de son succès seront réunies", a-t-il précisé.
Le conseil interministériel avait adopté jeudi au terme de sa réunion quatre décisions, portant parachèvement de l'étude sur "le terrorisme et son impact sur la sécurité nationale arabe", "l'appel du gouvernement libanais à prendre les mesures juridiques nécessaires pour éviter de verser à nouveau dans des déclarations hostiles comme celles prononcées par le secrétaire général du Hezbollah contre le royaume du Bahreïn".
Il a également été question de deux décisions relatives au plan d'action arabe visant à mettre fin à l'occupation israélienne des territoires palestiniens et à la situation prévalant en Libye.
Dans ce sens, le conseil avait souligné l'impératif d'"une solution politique pour le règlement de la crise en Libye, à la faveur d'un dialogue inclusif entre belligérants libyens, à l'exclusion des groupes terroristes".
Le Conseil a mis en avant les efforts consentis par les pays voisins de la Libye et l'émissaire onusien en Libye.
Le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, s'est dit "satisfait" du résultat de la réunion du conseil sur la Libye et de la qualité des débats qui ont démontré le caractère complexe de la crise libyenne.
Il a, en outre, appelé les parties libyennes à conjuguer leurs efforts "dans le cadre d'une approche pacifique pour accélérer la solution consensuelle tant escomptée par le peuple libyen frère".
Une position déjà affichée par le chef de la diplomatie algérienne lors de sa rencontre, jeudi au Caire, avec son homologue libyen, Mohamed Eddairi.