L'impression en 3D se développe en chirurgie, avec des reconstructions de trachée, de parties du crâne, voire d'une prothèse de dépannage, mais la création d'un organe entier vivant comme le cœur reste encore lointaine, selon des spécislistes.
La reconstruction faciale peut aussi recourir à l'imprimante en trois dimensions, pour des segments du visage dont les os ont été brisés, fabriquer une mâchoire artificielle en titane sur mesure comme celle implantée chez une patiente néerlandaise, il y a un peu plus de quatre ans ou encore des oreilles artificielles, comme l'ont fait des médecins et bio-ingénieurs de l'Université Cornell à New York, à l'aide de gel très dense et de cellules vivantes pour générer du cartilage.
L'impression en 3D a permis de sauver trois nourrissons américains atteints d'une faiblesse grave des voies respiratoires qui les menaçaient d'étouffements à répétition et leur offrait peu de chances de survie. Une première, détaillée fin avril dans la revue Science Transnational Medicine, qui souligne le potentiel médical de l'imprimante en trois dimensions combinée à la biotechnologie.
Les trois enfants souffraient d'une maladie, une trachéomalacie sévère, correspondant à un ramollissement des anneaux de cartilage formant la trachée.
"Ces cas représentent une percée car nous avons pu pour la première fois utiliser l'impression en 3D pour concevoir et fabriquer sur mesure une attelle (une sorte de tube) qui a été cousue autour de la trachée défaillante et permis de restaurer la respiration normale des patients", a précisé à cette occasion le Dr Glenn Green, professeur de pédiatrie à l'Hôpital des enfants de l'université du Michigan.
Mais pour les chercheurs, l'impression en 3D d'organes complexes comme le cœur, est encore du domaine du rêve.
Lundi, un petit Français de six ans né sans main droite a bénéficié de cette technologie d'impression en 3D. Sa prothèse, un modèle basique, s'attache avec du velcro et s'utilise comme un gant et est donc utilisable sans chirurgie.
Elle va lui permettre d'attraper un ballon, mais pas de lacer ses lacets et d'ailleurs ne bénéficie d'aucun agrément médical, précise Thierry Oquidam l'informaticien qui l'a fournie via le réseau de la fondation philanthropique américaine, e-NABLE.
On est cependant loin des prothèses de bras bioniques sophistiquées, incluant du 3D, qui ont à la fois une capacité motrice et un usage sensoriel.
Les Etats-Unis ont investi 150 millions de dollars pour appareiller tous leurs blessés d'Afghanistan et d'Irak. Mais ils restent au stade de la recherche, note Charles Msika de la société française de chirurgie orthopédique et traumatologique (sofcot).
Dans le monde, des chirurgiens ont déjà implanté des stents fabriqués par impression 3D pour maintenir une artère ouverte, ainsi que des parties de crâne en titane, un matériau biocompatible.
Cependant, "à ce stade, on n'est pas en mesure d'implanter en pratique courante des articulations porteuses entières 3D, bien que cela soit séduisant", juge le professeur Msika.
Il faudrait, indique-t-il, pouvoir comparer la qualité et la solidité de prothèses 3D à celles de prothèses implantables existantes, les stériliser. Ce qui pourrait, selon lui, faire perdre l'avantage du gain de production avec la 3D.
Néanmoins, des éléments de prothèses de hanche par exemple proviennent de cette nouvelle industrie.
En revanche, la bio-impression de tissus ou parties de tissus cellulaires (peau, cornée...) est plus réalisable.
Les maquettes 3D peuvent également permettre de mieux préparer une opération délicate en reproduisant la zone à opérer, ou aider des étudiants à s'entraîner.