De la tribune du Forum des pays exportateurs de gaz (FPEG), tenu lundi à Téhéran, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a réitéré l'approche de l'Algérie qui prône le consensus entre les pays producteurs de pétrole face à la tourmente du marché du brut.
"Les acteurs majeurs du marché pétrolier doivent assurément parvenir à s'entendre sur des niveaux de production à même de permettre un redressement durable des prix (du pétrole)", a déclaré M. Sellal dans son allocution prononcée au 3ème sommet du FPEG.
Représentant le Président de la République, Abdelaziz Bouteflika, à cette rencontre au sommet, le Premier ministre a avisé qu'un marché pétrolier non régulé "est condamné à des fluctuations extrêmes et dommageables des prix".
Décrivant la chaîne des répercussions de ces fluctuations, il a prévenu qu'elles engendrent "une instabilité qui ne sert ni les intérêts des producteurs, ni ceux des consommateurs ni encore ceux de l'industrie pétrolière dans son ensemble".
Pire encore, cette dégringolade des prix de pétrole, a poursuivi M. Sellal, "s'est répercutée négativement sur les prix du gaz qui ont atteint, aujourd'hui, des niveaux très bas, et cette situation nous interpelle".
Cet appel au dialogue réaffirmé par M. Sellal lors de ce sommet, qui regroupe des pays gaziers figurant également parmi les producteurs de pétrole Opep et hors-Opep, entre dans le cadre de la démarche initiée par le Chef de l'Etat dès le début de l'année en cours, pour renforcer le dialogue et la concertation entre l'ensemble des pays pétroliers.
Le Chef de l'Etat avait alors dépêché des émissaires dans des pays producteurs de pétrole dans cette démarche à la recherche d'un consensus.
Ces messages avaient été transmis à l'Arabie Saoudite, Russie, Oman, Azerbaïdjan, Kazakhstan, Mexique, Colombie ainsi qu'aux pays membres de l'Association des producteurs de pétrole africains (APPA) qui sont le Nigeria, le Gabon, l'Angola, le Congo et la Guinée-équatoriale.
Confrontés à la dégringolade des prix de pétrole à l'instar des autres pays exportateurs, l'Algérie et le Venezuela s'étaient concertés, à la faveur de la visite, en janvier dernier à Alger, du président vénézuélien, Nicolas Maduro, afin de trouver un consensus au sein des pays Opep et non-Opep pour un redressement des cours du brut.
La visite effectuée, il y a quelques mois à Alger, par le ministre norvégien des Affaires étrangères, Borge Brende, dont le pays est parmi les plus gros pays producteurs de pétrole en se classant 14ème producteur mondial de brut et 7ème exportateur mondial, avait, aussi, été l'occasion de voir les possibilités de renforcer la cohésion entre les pays exportateurs en vue de trouver une solution commune à la situation délicate traversée par le marché pétrolier.
La recherche d'un consensus pour équilibrer le marché
Ce consensus recherché par l'Algérie est d'autant plus important que deux thèses s'affrontent non seulement entre les pays producteurs de pétrole mais aussi au sein même de l'Opep.
Pour les uns, l'Opep doit cesser d'intervenir pour réguler le marché et de le laisser se stabiliser de lui-même.
L'argument des tenants de cette thèse, et à leur tête l'Arabie saoudite, est l'inutilité de réduire la production-Opep puisqu'une éventuelle diminution volontaire de son niveau d'extraction pétrolière sera rapidement et aisément compensée par les producteurs non-Opep.
Pour l'Arabie saoudite, il n'est pas question d'abandonner les précieuses parts de marché face à une surabondance de l'offre induite également par les non-Opep.
Mais pour d'autres producteurs-Opep, cette organisation pétrolière doit intervenir pour corriger les déséquilibres, en procédant à une coupe de sa production afin de faire remonter les prix et défendre les revenus de ses pays membres.
Basée sur le dialogue et la concertation entre tous les pays concernés, l'approche de l'Algérie vise, en fait, à trouver les moyens adéquats pour le rétablissement de l'équilibre du marché dans l'intérêt de toutes les parties à même de rétablir les prix pétroliers à un niveau équitable et rémunérateur. APS