Les 195 pays, réunis à la conférence mondiale sur le réchauffement climatique, organisée au Bourget (Paris), ont réussi samedi, après treize jours de tractations et de laborieux pourparlers, à conclure un accord de compromis qui rassemble les positions des différents protagonistes.
"Je regarde la salle, je vois que la réaction est positive, je n'entends pas d'objection, l'accord de Paris pour le climat est adopté", a annoncé le président de la COP21, Laurent Fabius, sous les applaudissements dans la salle où on entendait des cris de joie, accréditant la conférence de "réussite".
Considéré comme un jalon essentiel pour la limitation du réchauffement climatique, l’accord de Paris qualifié d’"historique", après l’échec en 2009 de Copenhague, a été approuvé samedi soir par les 195 pays membres de la Convention-cadre des Nations unies sur le climat, en séance plénière, à laquelle a pris part le ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra.
L’accord, "juste", "durable" et "contraignant", n’a pas été soumis au vote, car le consensus existe déjà dans la Convention-cadre des Nations unies sur le climat. Il devra être ratifié par les parlements des Parties contractantes.
En préambule, l’accord insiste avec une "vive préoccupation" sur "l’urgence de combler l’écart significatif" entre l’effet global des engagements d’atténuation pris par les Parties en termes d’émissions annuelles mondiales de gaz à effet de serre jusqu’à 2020 et de contenir l’élévation de la température moyenne de la planète nettement en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels et de poursuivre l’action menée pour limiter l’élévation des températures à 1,5 °C,
Il souligne également que le relèvement du niveau d’ambition avant 2020 "peut jeter les bases d’un relèvement de l’ambition après 2020".
En matière d’atténuation, l’accord engage les Parties, dont la contribution prévue déterminée au niveau national (CPDN) comporte un calendrier jusqu’à 2025, à communiquer d’ici à 2020 une nouvelle contribution déterminée au niveau national et à le faire ensuite tous les cinq ans.
Il invite, dans ce cadre, les Parties à communiquer, d’ici à 2020, au secrétariat leurs stratégies de développement à faible émission de gaz à effet de serre à long terme pour le milieu du siècle.
Au sujet de l’adaptation, l’accord demande au Comité de l’adaptation et au Groupe d’experts des pays les moins avancés d’élaborer conjointement des modalités en vue de reconnaître les efforts d’adaptation des pays en développement parties et de formuler des recommandations pour examen et adoption par la Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties à l’Accord de Paris à sa première session.
Le document invite l’ensemble des organisations des Nations unies et des institutions financières internationales, régionales et nationales compétentes à fournir aux Parties, par l’intermédiaire du secrétariat, des informations sur la manière dont leurs programmes d’aide au développement et de financement de l’action climatique incorporent des mesures de protection contre les risques climatiques et de résilience aux changements climatiques.
Dans le partage des obligations, notamment pour la réduction des émissions, la "différenciation" été retenue dans l’accord. Les pays développés "doivent être à la pointe et se doter d'objectifs de réduction d'émissions en valeur absolue", alors que les pays en développement "devraient continuer à améliorer leurs efforts" de lutte contre le réchauffement, "à la lumière de leur situation nationale".
Pour les pertes et préjudices, l’accord demande au Comité exécutif du Mécanisme international de Varsovie de créer un centre d’échange d’informations sur le transfert des risques qui puisse servir de source centrale de données sur l’assurance et le transfert des risques de façon à faciliter les efforts déployés par les Parties pour mettre au point et appliquer des stratégies globales de gestion des risques.
En ce qui concerne le financement, il est décidé que, dans la mise en £uvre de l’Accord, les ressources financières fournies aux pays en développement devraient renforcer l’application de leurs politiques, stratégies, règlements, plans d’action et mesures de lutte contre les changements climatiques tant en matière d’atténuation que d’adaptation de façon à contribuer à la réalisation de l’Accord.
Ce dernier fixe un nouvel objectif chiffré collectif à partir d’un "niveau plancher" de 100 milliards de dollars par an, en tenant compte des besoins et des priorités des pays en développement.
Sur le plan du transfert de technologies, les Parties ont décidé de renforcer le Mécanisme technologique et demande au Comité exécutif de la technologie ainsi qu’au Centre et au Réseau des technologies climatiques, d’entreprendre, en apportant leur concours à l’application de l’Accord, de nouveaux travaux, notamment dans la recherche, la mise au point et la démonstration de technologies et le développement des capacités et des technologies.
Quant à l’aspect de la transparence, les Parties ont décidé de mettre en place une initiative de renforcement des capacités pour la transparence afin de développer les capacités institutionnelles et techniques avant 2020 et après cette date.
Cette initiative aidera les pays en développement parties qui le demandent à satisfaire en temps voulu aux critères renforcés de transparence.
APS