Des experts de l'ONU ont recommandé au Conseil de sécurité de mettre en place une "commission d'enquête internationale" sur les exactions commises par les belligérants au Yémen, dénonçant notamment des raids aériens de la coalition contre des cibles civiles.
La commission devra "enquêter sur des violations présumées des droits de l'homme et du droit humanitaire commises par toutes les parties au Yémen" et en identifier les auteurs "afin qu'ils rendent des comptes".
La coalition militaire arabe dirigée par l'Arabie saoudite et qui soutient le gouvernement yéménite contre les rebelles chiites houthis a ainsi "mené des raids aériens ciblant des civils et des infrastructures civiles, en violation du droit humanitaire international", souligne ce rapport.
Il détaille toute une série de cibles touchées dont des écoles, des mosquées, des camps de personnes déplacées, des établissements médicaux ou des aéroports.
"De nombreuses attaques impliquaient des raids multiples contre des cibles civiles multiples", expliquent-ils, excluant ainsi des bavures isolées.
Les experts ont recensé 119 raids de la coalition "impliquant des violations des droits de l'homme" et ayant visé 146 cibles.
Dans trois cas, des civils fuyant les bombardements de zones résidentielles "ont été pourchassés par des hélicoptères qui leur ont tiré dessus".
Le groupe d'experts n'a pas pu se rendre sur place et a dû s'appuyer sur des témoignages et une étude comparative d'images satellitaires avant et après les bombardements, en particulier à Sanaa et Taez.
Le rapport présente un total de quinze recommandations pour améliorer la situation humanitaire ou le respect de l'embargo sur les armes. Il note à ce propos que "des réseaux bien établis de contrebande d'armes datant d'avant le conflit actuel ont continué à opérer en 2015".
"Aucune pause humanitaire destinée à apaiser les souffrances de la population n'a été totalement respectée par aucune partie yéménite ni par la coalition", souligne le rapport.
Selon le document, le conflit a eu "un effet dévastateur sur les civils", à la fois à cause de "l'utilisation systématique et largement répandue de tirs d'artillerie et de raids aériens aveugles", mais aussi du blocus naval imposé par la coalition et du siège de Taez, qui ont limité les approvisionnements.
"Les civils ont été affectés de manière disproportionnée" par le conflit, affirment les experts, qui accusent les belligérants d'avoir dans certains cas "utilisé la famine comme une tactique de guerre".
Selon l'ONU, la guerre au Yémen a fait quelque 6.000 morts depuis mars, dont environ la moitié de civils.
Dix mois après le début de sa campagne aérienne, la coalition continue de viser quasi quotidiennement des cibles présentées comme des positions militaires rebelles. APS