Le film documentaire "Ledjouad", abordant la culture et le rapport à la terre du peuple sahraoui à travers des figures de poètes de ce pays colonisé par le Maroc, a été projeté dimanche au 7e Festival international du cinéma d’Alger (Fica), dédié au film engagé.
Premier documentaire à être entièrement produit par la République arabe sahraouie démocratique (Rasd) ce film, réalisé en 2016 par un trio de jeunes documentaristes, propose de partager le voyage initiatique d’Imam Boisha, un poète sahraoui exilé en Espagne qui va accompagner deux autres poètes locaux à "Ledjouad", un endroit mythique en plein désert présenté comme "le lieux où est née la poésie" de ce peuple.
La quête de ce poète hispanophone dont la verve s’est "asséchée" par l’exil fait découvrir au spectateur les figures de Badi , poète mystique à la parole mesurée, de Belga, vieux guide-philosophe hirsute à la connaissance parfaite du désert et de ses secrets, et de Sidi Brahim, hôte des voyageurs sous la tente plantée au abords des mystérieux rochers de Ledjouad.
Ce voyage identitaire est présenté à travers la narration à la première personne du retour d’Imam et les scènes d’échanges entre les trois autres poètes, sur la beauté et le sens de Ledjouad, sur leurs précédents voyages dans le désert, révélant l’âme nomade du peuple sahraoui, ou encore sur les "Innommables" génies des lieux désertiques.
Véritable plongée de 74mn dans une identité et une culture aux traces millénaires, comme en témoignent les objets préhistoriques et les gravures rupestres auxquels se réfèrent encore les poètes, le documentaire fait également découvrir la beauté de la poésie populaire en langue hassanya, profondément nourrie du rapport à la terre et à la mémoire des lieux.
Cette œuvre propose, par ailleurs, une vision peu abordée de la négation identitaire de l’occupation marocaine du Sahara occidental, en mettant en avant "la préservation de la mémoire collective" des Sahraouis, portée dans cette culture "essentiellement orale" par la poésie, ont expliqué Brahim Chegafet Ines G. Aparcio, réalisateurs avec Gonzalo Moure du documentaire.
Le 7e Fica se poursuit jusqu’au 8 décembre avec des projections en compétition à la salle El Mouggar et des rediffusions à lacinémathèque d’Alger.