Soixante-quatorze journalistes ont été assassinés ou tués dans l’exercice de leurs fonctions en 2016 contre 101 l’an dernier, a indiqué lundi un bilan de Reporters sans frontières (RSF).
Cette baisse "significative", RSF l’explique par le fait que "de plus en plus de journalistes fuient les pays devenus trop dangereux", notamment la Syrie, l’Irak, la Libye, mais encore le Yémen, l’Afghanistan, le Bangladesh ou le Burundi "sont devenus en partie des trous noirs de l’information".
Elle l’explique également par "la terreur exercée par les prédateurs de la liberté de la presse" qui ferment "arbitrairement" des médias et "imposent la censure chez les journalistes".
Dans son bilan, RSF intègre à la fois les journalistes professionnels, les journalistes-citoyens et les collaborateurs de médias, jusqu’ici comptabilisés dans trois catégories distinctes.
"Près des trois-quarts tués cette année ont été sciemment visés en tant que journalistes", affirme l’ONG, citant le cas notamment en Afghanistan avec 10 journalistes assassinés et au Mexique, neuf tués.
"Ces chiffres alarmants traduisent une violence de plus en plus délibérée, ainsi que l’échec des initiatives internationales en faveur de la protection des journalistes", souligne-t-elle, indiquant par ailleurs que les deux tiers des journalistes tués cette année se trouvaient dans une zone de conflit, "une dynamique inversée par rapport à 2015 qui avait vu de nombreux journalistes tués en temps de paix, à l’image de l’attaque contre Charlie Hebdo à Paris".
Cependant, relève le bilan dont l’APS a reçu une copie, le Mexique, pays en paix, est le pays le "plus meurtrier" cette année pour les journalistes professionnels, indiquant que dans le monde, la quasi-totalité des journalistes ont été tués dans leur propre pays et quatre journalistes ont perdu la vie alors qu’ils se trouvaient dans un pays étranger.
RSF a rappelé que le 29 avril dernier, des médias, des journalistes, des ONG et des personnalités publiques de tous les continents ont lancé un appel solennel pour la création d’un "protecteur des journalistes", exhortant les Nations unies et les Etats membres à donner au titulaire de ce poste "le poids politique, la capacité d’agir rapidement, et la légitimité de coordonner les efforts des Nations unies pour la sécurité des journalistes".
Elle relève cependant que pour l’instant, l’adoption de nombreuses résolutions de l’ONU sur la protection des journalistes et la lutte contre l’impunité "n’a pas permis d’obtenir de résultats concrets".
"A travers eux, c’est le droit à l’information de millions de citoyens qui a été sacrifié", estime-t-elle, précisant que les problèmes majeurs du monde, questions environnementales, lutte contre l’extrémisme violent, "ne peuvent être traités sans le travail essentiel des journalistes".
"Il est urgent pour les journalistes de pouvoir effectuer leur travail dans un environnement sécurisé et de mettre fin à l’impunité contre les auteurs d’exactions à leur encontre", conclut-elle. APS