Auteur du livre « Le Déserteur », publié et interdit en 1960, membre des réseaux dits des « porteurs de valises » en soutien au FLN pendant la guerre d'Algérie, Jean Louis Hurst, est mort le mardi 13 mai à Paris.
Né le 18 septembre 1935 à Nancy, débutera plus tard une carrière dans l’armée. De plus en plus tenté par la désertion, il rencontre André Mandouze, intellectuel anticolonialiste travaillant alors à l'université de Strasbourg. Ce contact sera pour Hurst la porte d'entrée dans les réseaux d'aide au FLN, où il rencontre notamment l'abbé Robert Davezies et Francis Jeanson.
Il fera partie désormais de ceux que l'histoire appellera les « porteurs de valises », des citoyens Français ayant épousé la cause du FLN jusqu'à effectuer pour son comte des transports clandestins.
En septembre 1958, lorsqu'il reçoit de l'armée l'ordre de partir l'Algérie, il préfère déserter et pour rejoindre d'autres réfractaires en Suisse.
En 1959, avec deux autres déserteurs, Gérard Meïer et Louis Orhant, un ouvrier communiste, Jean-Louis Hurst lance le mouvement Jeune Résistance.
Distinct des « porteurs de valises », ce mouvement se présente comme « la tribune mise à la disposition de la jeunesse Française résistant à la guerre d’Algérie et au fascisme », et se donne pour mission d’accueillir et d'organiser les déserteurs et insoumis.
C'est quelques mois auparavant, en avril, que Jean-Louis Hurst publie « Le Déserteur » aux éditions de Minuit. Récit personnel et manifeste anticolonialiste, le livre est signé du pseudonyme de « Maurienne », en clin d'œil à la Résistance et à l'écrivain Vercors. Il est aussitôt saisi, l'auteur et l'éditeur sont poursuivis pour provocation de militaires à la désobéissance et condamnés à une amende.
Après la fin de la guerre d’Algérie, En 1961, Jean-Louis Hurst réintègre volontairement l'armée pendant quelques mois pour terminer service militaire puis, jusqu'en juillet 1968, mène la vie d'un « pied-rouge », comme on appelle alors les Français établis en Algérie après l'indépendance.
Il participe à plusieurs chantiers de travail volontaire en Kabylie et suit des études d’histoire à l’université d’Alger.
De retour en France, il reprend son travail d'enseignant en Seine-Saint Denis qu’il quitte en 1972 en raison de son refus de suivre les programmes scolaires. Il se lance par la suite dans le journalisme, au quotidien Libération qui vient alors de se lancer dont il sera l’une des figures.