« Cela fait au moins une dizaine d’années qu'on parle de diversification des échanges hors hydrocarbures, mais où sont les résultats ? Cela veut dire que le discours politique ne suffit plus ». Pour changer les choses, Mme Nacéra Haddad, membre exécutif du FCE (Forum des chefs d'entrepretrises) considère qu’il faut fixer des objectifs, les décliner au niveau des agences de régulation du climat des affaires « et demander régulièrement des comptes à ces dernières ».
Invitée ce matin de la rédaction de la Radio Algérienne, Mme Haddad estime, par ailleurs, essentiel de valoriser les ressources humaines pour accompagner le développement de l’entreprise. Pour elle, il faudrait pour cela revisiter le dispositif de formation au niveau de l’enseignement supérieur et de la formation professionnelle, pour pouvoir répondre aux exigences du marché. « Nous avons, dit-elle, un déficit de plus de 300.000 emplois, ce qui veut dire que nous avons 300.000 offres d’emploi qui ne trouvent pas preneurs ».
Selon l’intervenante, « il y a nécessité de revisiter nos référentiels de formation, notre approche de la formation au niveau de l’université ». « Au niveau de l’enseignement supérieur, relève-t-elle, nous constatons encore qu’il y a de timides avancées en matière d’adéquation des branches d’enseignement par rapport aux exigences du marché ».
Pour améliorer la compétitivité de l’économie, créer de l’emploi, réussir la diversification des exportations hors hydrocarbures, elle estime que chaque ministère doit travailler en accord avec les autres partenaires.
Citant la problématique de la PME, Mme Haddad signale que celle-ci ne concerne pas seulement l’industrie mais qu’elle englobe aussi les transports, la formation, l’université, les finances, le commerce. « Des secteurs, ajoute-t-elle, qui doivent avoir pour objectif d’améliorer la compétitivité et l’environnement des affaires, chacun dans son domaine particulier ».
Concernant la modernisation de l’économie, l’invité affirme que la lecture du programme énoncé sur ce point par le gouvernement l’a laissé « sur sa faim ». « Oui, dit-elle, celui-ci a affirmé sa volonté de vouloir aller vers une diversification des échanges hors hydrocarbures. Mais pour le moment force est de constater qu’il s’agit seulement d’une volonté ». Pour se convaincre des intentions de celui-ci elle dit attendre de voir quels sont les mécanismes qui vont être mis en place pour atteindre cet objectif.
« Ce qui fait défaut, c’est l’opérationnalité des mesures énoncées sur le terrain. Nous voudrions voir concrétisés un allègement des procédures et facilitations administratives, une réactivité plus importante dans le traitement des dossiers par l’administration ».
« En clair, précisera encore Mme Haddad, il faudrait réaliser une véritable rupture dans la conduite des affaires au niveau des organes de l’Etat. Lorsque, par exemple, nous avons un avons un dispositif de mise à niveau qui ne fonctionne pas il faut demander des comptes. Si c’est des blocages administratifs il faut les lever. Il est inadmissible que l’Etat mette un dispositif en place pour le bloquer aussitôt en invoquant des procédures liées à des raisons financières. On ne peut pas continuer de cette manière ».
En matière de réduction de la facture des importations l’invitée de la rédaction propose que soit donnée la priorité aux segments d’activités ou branches industrielles pour lesquelles nous avons des avantages. Elle citera, par exemple, le développement des filières de transformation des hydrocarbures et celle des tissus de sous-traitance ou bien encore, la promotion des exportations des produits agricoles et agro-agricoles.
Une fluidité d’accès au foncier pour les entreprises désireuses d’investir dans le secteur industriel, la nécessité de développer un partenariat entre secteurs public et privé, la mobilisation effective du capital de connaissances que possède le pays sont quelques autres aspects qui ont été commentés par la représentante du Forum des chefs d’entreprise.