La nécessité de "gérer la composante culturelle plurielle" de l’Algérie de manière à "synthétiser" cette richesse et la mettre au service d’un projet de société a été relevée, mardi à Alger, par le dramaturge, écrivain et comédien Slimane Benaïssa.
Invité du forum du quotidien national "Liberté" pour animer une rencontre débat sur le thème de "la pluralité culturelle, une chance pour l’Algérie", l’artiste a mis en avant la grande valeur de la pluralité culturelle de l’Algérie qui pourrait servir un grand projet de société impliquant "un haut niveau de démocratie et de tolérance", a précisé Slimane Benaïssa.
Un projet de société basé sur "l’expression libre" de toutes les communautés culturelles, en mettant en concurrence ce qu’elles peuvent produire de meilleur, serait "un facteur supplémentaire de renforcement de la cohésion de la société algérienne" aux yeux de l’auteur.
Ne pas savoir gérer cette expression plurielle de la culture algérienne, avec une vision à long terme, serait "une grande perte pour l’Algérie au moment où d’autre pays s’inventent des particularités fabriquées" pour enrichir leurs legs, a estimé le dramaturge.
En plus l’homme de théâtre voit en cette synthétisation des expressions culturelles un "immense potentiel" pour l’émergence d’une industrie culturelle et artistique prometteuse.
D’autre part l’assistance a considéré que ce projet pourrait potentiellement s’élargir à la préservation du legs culturel matériel et immatériel et même à une "gestion communautaire de l’espace".
Les participants ont également souhaité prévenir d’une éventuelle vision "rétrograde ou conservatrice" qui voit un danger en cette pluralité et qui pourrait la "combattre" au profit de propositions de modèles culturels ou identitaire en "totale inadéquation avec la société algérienne".
Ecrivain, dramaturge, metteur en scène et comédien, Slimane Benaïssa est l’auteur de plusieurs pièces de théâtre dont "Boualem zid el gouddam" (Boualem va de l’avant) en 1974, "Babor ghrek" (Le bateau coule) écrite en 1982 et jouée plus de 500 fois, avant une production plus abondante en France dans les années 1990.
Après avoir publié quatre romans dont "Le fils de l’amertume" en 1999, Slimane Benaïssa a intégré en France en 2000 le Haut conseil de la francophonie avant de revenir sur les planches du théâtre algérien en 2011 avec son monologue "El moudja wellat" (Le retour de la vague).