Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a chargé le gouvernement d'informer et de rassurer l'opinion publique sur les effets de la crise pétrolière sur l'économie nationale, et de la mobiliser pour y faire face.
Le président Bouteflika a appelé, mardi lors d'un Conseil restreint, le gouvernement à informer les citoyens (sur cette crise) pour les rassurer sur les capacités de l'Etat à répondre rapidement aux impacts négatifs sur l'économie nationale de la baisse des recettes d'exportations, induite par un recul drastique des prix du pétrole.
Il a souligné lors de ce Conseil consacré aux réponses immédiates et urgentes du gouvernement à la baisse drastique des prix du brut sur le marché international, et, surtout, la baisse des recettes d'exportation de l'Algérie pour 2015, que le Gouvernement doit « tenir l'opinion nationale informée des réalités et des enjeux de la crise actuelle des prix du pétrole ».
La décision de l'organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) de maintenir inchangé, lors de sa dernière réunion ministérielle, son plafond de production (30 mbj), alors que le marché était déjà saturé avec l'arrivée massive du pétrole de schiste, a fait dégringoler les cours du brut et plonger plusieurs pays de l'OPEP dans une situation économique et financière nouvelle, inédite avec la perspective d'un rétrécissement brusque et drastique de leurs recettes pétrolières.
Le baril dégringole de 100 à 60 dollars, une situation « inédite »…
De 90-100 dollars en moyenne le baril en été, les cours sont immédiatement tombés à moins de 70 dollars après la réunion de l'OPEP, et font actuellement du yo-yo sur le seuil psychologique des 60 dollars.
Une situation inédite pour l'économie nationale, dont la principale ressource à l'exportation reste les hydrocarbures (pétrole, gaz et dérivés), et un événement économique majeur pour l'Algérie, dont les dépenses dépendent justement des ventes d'hydrocarbures, les exportations hors hydrocarbures étant encore dérisoires, à moins de deux milliards de dollars.
Bien sûr, les réserves de change sont importantes (193,2 milliards de dollars en juin dernier), et, adossées au Fonds de régulation des recettes (FRR, 55 milliards de dollars), assurent, pour le moment, une situation financière confortable pour l'économie nationale, mais pas indéfiniment, assurent des experts.
Car le fonctionnement de l'appareil économique, la charge des salaires, l'exécution des programmes de développement local, le maintien en l'état des investissements publics exigent l'application de nouveaux mécanismes de dépenses publiques face à cette situation de baisse des cours du brut.
C'est dans ce sens que le chef de l'Etat a chargé le gouvernement de M. Abdelmalek Sellal de tenir informée l'opinion publique nationale des effets de cette crise pétrolière sur le niveau de vie des Algériens.
Mobiliser les Algériens pour lutter contre le gaspillage
Le gouvernement, a insisté par ailleurs le président Bouteflika, doit également « rassurer la population » sur les mesures que prendra l'Etat pour juguler les effets négatifs de cette crise conjoncturelle.
L'autre impératif, selon le président Bouteflika, est de mobiliser les Algériens contre « le gaspillage », un phénomène qui a tendance à devenir un fait de société en Algérie, de certains produits de large nécessité et soutenus par l'Etat.
Il s'agit notamment du pain, de la farine, de l'huile pour les produits de consommation, mais également de la consommation de l'énergie électrique, des carburants, de l'eau, et même des médicaments.
30% du BIP de l’Algérie consacrés aux transferts sociaux
La facture des achats de céréales pour les 10 premiers mois de l'année a dépassé les 2 milliards de dollars, celle des médicaments à 1,65 milliard de dollars, alors que 30% du PIB de l'Algérie sont consacrés aux transferts sociaux.
« L'effort (des transferts sociaux) est important, mais avec les données actuelles sur le marché pétrolier, il doit être plus rigoureux, plus rationnel et répondre directement aux vrais besoins » de la société algérienne, estiment des experts.
Ces différentes mesures doivent ainsi permettre aux Algériens d'être à l'écoute des efforts entrepris par le gouvernement pour faire face à cette situation de crise, d'y adhérer, même si, estime la même source, « la conjoncture actuelle, aussi préoccupante soit-elle, est de nature à stimuler les capacités de réaction de l'économie algérienne ».