Abdelmalek Sellal : l’exploitation du gaz du schiste n’est pas à l’ordre du jour et l’Etat avait anticipé sur la chute du prix du pétrole

La stratégie gouvernementale face à la chute du prix du pétrole, l'exploitation du gaz de schiste, la diversification de l'économie nationale, la politique du gouvernement pour l’emploi des et le plan quinquennal 2015-2019 sont les différents sujets développés mercredi par le Premier ministre dans une prestation radiotélévisée, durant  laquelle, il est longuement revenu pour éclairer l’opinion publique et répondre par la même aux multiples interrogations que se posent les citoyens et les experts quant à l'approche du Gouvernement par rapport aux dossiers qui font débats en ces temps.  

Le Premier ministre a, d’emblé, rassuré que le gouvernement avait anticipé, depuis l'été dernier, sur la chute des prix du pétrole en prenant des mesures préventives pour faire face à cette situation.

M. Sellal, qui était l'invité de l'émission "Hiwar Essaâ" (débat de l'heure) de la Télévision algérienne, a précisé que l'Algérie s'était préparée à cette éventualité en prenant des "mesures préventives" à même de faire face à la chute des prix du pétrole, tirant ainsi les enseignements de la crise de 1986. 

Il a précisé, à cet effet, que le budget de l'Etat et les dépenses publiques ont été arrêtées sur la base d'un prix référentiel à 60 dollars le baril.

Le Premier ministre a relevé dans ce sens, que "grâce à la bonne gouvernance du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, les réserves de change permettront à l'Algérie de poursuivre son développement socio-économique pour les trois ou quatre prochaines années".

Il a rappelé que l'Algérie, après avoir remboursé sa dette extérieure, "se positionne, aujourd'hui, en force sur les marchés mondiaux".

M. Sellal a assuré que l'Algérie poursuivra la réalisation des projets de développement socio-économique, notamment ceux relatifs aux infrastructures de base (logement, santé, éducation, électricité, eau, gaz...).

Le Premier ministre a souligné, en outre, que l'Algérie couvrira le déficit induit par la chute des cours du pétrole en recourant à l'investissement public sans pour autant toucher aux réserves de change, mettant l'accent sur la préservation de la souveraineté du pays dans la prise de décision.

Il a précisé que les mégaprojets budgétivores tels la réalisation des tramways seront à l’occasion suspendus alors que d’autres financés par le trésor public poursuivront leur parachèvement sans pour autant compter sur la finance publique mais ils seront, désormais, financés par les banques citant au passage le mégaprojet du port de l’Algérois, sis à Ténès, et l’expansion de l’aéroport d’Alger.  

La chute du prix du baril a, pour rappel, frôlé le seuil des 50 dollars en janvier 2015 et le baril poursuit sa chute après avoir atteint le pic des 120 dollars dans un passé récent. 

L'exploitation du gaz de schiste, pas à l'ordre du jour du Gouvernement

L'exploitation du gaz de schiste dans les régions sud du pays n'est pas à l'ordre du jour du Gouvernement, a-t-il affirmé en réponse à cette question très attendue précisant qu'il s'agissait seulement d'études à même d'élucider les techniques utilisées dans ce domaine.

"Je l'ai dit et je le répète, nous n'en sommes pas à l'étape d'exploitation du gaz de schiste, c'est une question qui n'est pas inscrite à l'ordre du jour du Gouvernement", a-t-il indiqué en réponse à une question sur le sujet qui défraye la chronique ces derniers mois en Algérie.

Après avoir souligné la nécessité pour le groupe Sonatrach d'acquérir l'expertise requise en la matière, le Premier ministre a indiqué que "le Gouvernement a fixé, sur instruction du Président de la République, Abdelaziz Bouteflika, des délais pour les études allant jusqu'à 2022 à même de mieux cerner le sujet et connaître les réserves souterraines en gaz de schiste".

"La politique suivie actuellement par le Gouvernement pour le développement de la production énergétique nationale est basée sur les investissements en énergies renouvelables, l'éventuelle exploitation du gaz de schiste étant laissée aux générations futures le cas échéant", a poursuivi le Premier ministre. 

S'étalant sur ce qui se fait actuellement dans les régions sud du pays, M. Sellal a précisé qu'"une opération de prospection du gaz de schiste a été menée à travers le forage d'un premier puits à Ahnet (In Salah) qui a donné d'excellents résultats" ajoutant qu'un second puits faisait l'objet de forage.

"Une fois ces deux forages réalisés, des études seront menées sur une période de quatre ans, lesquelles prévoient la préservation de la nappe phréatique et de la santé du citoyens", a ajouté le Premier ministre.

"Des cadres algériens seront formés au cours de ces quatre années", a-t-il ajouté rappelant que Sonatrach prévoyait la réalisation à In Salah d'un centre de formation dans ce domaine.

Après avoir précisé que l'Algérie était classée en troisième, voire deuxième position au niveau mondial en matière de réserves en gaz de schiste, M. Sellal a rappelé la révision en février 2013 de la loi sur les hydrocarbures, "qui prévoit de mener des études et d'examiner une éventuelle exploitation du gaz de schiste à l'avenir".

Dans ce contexte, il a réaffirmé son attachement et celui du président Bouteflika au développement des régions sud du pays et à la préservation de l'écosystème à travers l'encouragement des investissements hors hydrocarbures.

Le Premier ministre a soutenu qu'"il est inconcevable d'entamer l'exploitation du gaz de schiste sans autorisations qui passent par le Conseil des ministres et un tel projet n'est pas à l'ordre du jour".

"Nous n'avons, jusqu'à l'heure, accordé aucune autorisation pour l'exploitation du gaz de schiste et nous ne comptons pas le faire à court terme", a poursuivi le Premier ministre, pour rassurer les populations du sud du pays, ajoutant que "l'actuel programme énergétique (en hydrocarbures conventionnels) se poursuivra jusqu'en 2030".

Emploi des jeunes : la politique du gouvernement sera maintenue

La politique du gouvernement en matière de soutien à l'emploi des jeunes sera maintenue, en dépit de la chute des cours du pétrole, a affirmé l’invité de la radio et la télévision, Abdelamlek Sellal.

"Le gouvernement continuera à soutenir l'emploi des jeunes et sa politique ne changera pas, en dépit de la chute des prix du pétrole sur le marché mondial", a indiqué le Premier ministre.

Il a précisé, à cet égard, que le gouvernement continuera à encourager les jeunes à créer leurs entreprises, relevant que le taux de crédits accordés à cette catégorie en 2014 a augmenté de 51% par rapport à 2013.

M. Sellal a précisé que le gel des recrutements ne concernera pas les secteurs stratégiques comme la santé, l'éducation et l'enseignement supérieur, précisant que la réalisation des projets relatifs à ces secteurs inscrits au titre du prochain plan quinquennal sera maintenue.

Le Premier ministre a expliqué, par la même occasion, que la stratégie du gouvernement, en cette conjoncture, vise à mieux maîtriser les dépenses publiques de l'Etat.

Le plan quinquennal 2015-2019 maintenu

Le Gouvernement maintiendra les projets inscrits au titre du plan quinquennal 2015-2019, a affirmé mercredi soir le Premier ministre Abdelmalek Sellal.

M. Sellal a indiqué que "le Gouvernement continuera à financer les projets ambitieux inscrits au titre du plan quinquennal en dépit de la baisse des recettes en devises".

"L'Etat maintiendra la réalisation des différents projets liés aux secteurs de l'Habitat, de la Formation, de l'Education ainsi que de l'électricité et des eaux", a souligné le Premier ministre rappelant la distribution en 2014 de près de 320.000 logements, "un chiffre record", a-t-il estimé.

Dans ce contexte, M. Sellal a rappelé que "l'Etat encouragera les investissements qui nous aideront à nous mettre à l'abri de la dépendance aux hydrocarbures et à édifier une économie forte à la hauteur des aspirations de nos citoyens".

Le Premier ministre a annoncé l'organisation, vers la fin de l'année en cours, d'une Conférence économique qui regrouperait l'Algérie et les pays africains en vue d'encourager les investisseurs algériens à exporter leurs produits vers ces pays.

"L'Etat algérien maintiendra le pouvoir d'achat du citoyen et consacrera la souveraineté de ses décisions économiques", a souligné M. Sellal ajoutant que l'Etat "ne compte point revenir sur les principes sociaux, notamment la règle des 49/51".

Le gouvernement s'attelle à diversifier l'économie nationale  

Le Premier ministre Abdelmalek Sellal a affirmé mercredi que le gouvernement s'employait à diversifier l'économie nationale à travers une série de mesures visant à encourager la production nationale et à faciliter l'investissement public et privé.

Le gouvernement a adopté une série de mesures pour diversifier l'économie nationale à travers l'encouragement de la production nationale et la facilitation de l'investissement tant privé que public, a-t-il affirmé.

Les secteurs prioritaires de cette démarche sont l'agriculture, l'industrie, l'énergie, le tourisme et les technologies de l'information et de la communication, a précisé le Premier ministre, ajoutant que le gouvernement s'attelle à augmenter la production agricole de 15% en 2015 afin d'assurer une couverture de 75 à 80% des besoins des citoyens.

La rationalisation des dépenses publiques compte parmi les mesures adoptées par le gouvernement, a encore soutenu le Premier ministre expliquant que pour ce faire, le gouvernement a inscrit au titre de ses priorités également la maîtrise des importations afin de mettre fin au "gaspillage" constaté dans certains secteurs.

"Notre souci majeur est de maîtriser l'importation et de combattre le transfert illicite de devises", a-t-il insisté faisant savoir qu'un groupe de travail regroupant les ministères du Commerce et des Finances a été mis en place pour règlementer l'importation.

Dans cette optique, les autorisations d'importations seront relancées à partir de cette année, a fait savoir M. Sellal, annonçant qu'un projet de loi en la matière sera prochainement soumis au parlement. 

Cette décision permettra de combattre la "surfacturation" et le transfert illicite de devises, a poursuivi le Premier ministre qui a rappelé que la banque d'Algérie avait adressé l'année dernière à la justice des procès verbaux de constats de faits "apparentés à de la fraude" pour 142 dossiers relatifs à des banques du secteur privé.

"Pour lutter contre la surfacturation en matière d'importation de médicaments, par exemple, le gouvernement encourage la production nationale", a déclaré dans ce sens M. Sellal.

"Des instructions ont été données au groupe pharmaceutique Saidal à l'effet d'augmenter la production de médicaments", a ajouté le Premier ministre qui a également évoqué un appel d'offres international, lancé par la société Sonelgaz pour l'acquisition d'équipements et de consommables, qui a été annulé car les produits concernés étaient fabriqués par des usines algériennes.   

Pour le Premier ministre ces mesures s'inscrivent dans une nouvelle vision définie par le gouvernement au profit de l'économie nationale à travers la maîtrise des dépenses publiques, l'encouragement de la production locale et des investissements étrangers.

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