Lamamra : le bombardement égyptien en Libye ne changera pas l'engagement pour un dialogue inclusif

Le bombardement de l'aviation égyptienne d'un site de l'organisation terroriste dite "Etat islamique" (EI/Daech) en Libye "n'est pas de nature à changer fondamentalement" l'engagement des pays de la région pour un dialogue inclusif en Libye, a affirmé lundi le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra.

"Je ne crois pas que ce qui s'est passé (en Libye) soit de nature à changer fondamentalement l'engagement des pays de la région en vue d'aller vers un dialogue inclusif, une réconciliation nationale et des institutions représentatives dans ce pays", a expliqué M. Lamamra lors d'une conférence de presse conjointe avec le ministre néerlandais des Affaires étrangères et européennes, Bert Koenders, en visite de deux jours en Algérie.

"Comme vous le savez, les gouvernements ont l'obligation d'assurer la dignité et la sécurité de leurs ressortissants à l'étranger. Il y a une vaste gamme de moyens d'assurer cela et certains sont plus exceptionnels que d'autres", a fait savoir le chef de la diplomatie algérienne. 

"Le gouvernement égyptien à recouru à ce que vous connaissez (le bombardement aérien) et il n'appartient pas à l'Algérie d'en débattre ou de le commenter", a-t-il précisé.

"Néanmoins, nous continuons à travailler avec l'Egypte et avec d'autres parties pour transcender cette conjoncture difficile et faire de sorte que tous les Libyens, à l'exception des terroristes, puissent ensemble avancer vers la réconciliation nationale par le dialogue et vers cette sortie de crise à laquelle toute la communauté appelle", a ajouté M. Lamamra.

« La consécration de l'accord signé entre les belligérants maliens nécessite du temps »

 Sur la situation au Mali, Ramtane Lamamra a affirmé, que "les quelques incidents enregistrés récemment au Mali ne sont pas synonymes du non-respect de l'accord d'Alger conclu entre les antagonistes maliens", soulignant que "la consécration de ce type d'accords nécessite du temps".

"Nous ne pouvons pas dire que l'accord conclu entre les parties prenantes au processus d'Alger (le gouvernement malien et les groupes politico-militaires du Nord-Mali), n'a pas été respecté parce qu'un ou deux incidents sont survenus, ce qui était, du reste, prévisible", a souligné M. Lamamra lors d'une conférence de presse animée conjointement avec son homologue néerlandais, Bert Koenders.

Pour le chef de la diplomatie algérienne, la consécration de ce type d'accords "nécessite quelques jours afin de permettre aux dirigeants de transmettre les instructions aux unités déployées sur le terrain et s'assurer que la seule voie à suivre pour la restauration de la paix et de la sécurité est celle qui passe par le respect de cet accord".  

"L'acquis remporté jeudi (signature de l'accord) consacre en premier lieu la volonté de travailler ensemble pour passer de l'amélioration de la situation à la signature d'un accord inclusif global et définitif", a-t-il ajouté.

M. Lamamra, a par ailleurs, indiqué que l'accord signé à Alger "a impacté, de manière positive, le climat des négociations et permis aux belligérants d'établir des contacts". 

Rappelant l'existence de précédents accords de cessez-le-feu au Mali, lesquels n'étaient pas tous respectés ou respectés en partie, M. Lamamra a réaffirmé la volonté de l'Algérie de "cristalliser à nouveau cet engagement et baliser le terrain pour trancher les questions en suspens, un objectif que nous visons à atteindre dans les tout prochains jours", a-t-il dit.

Déterminer la capacité de nuisance de "Daech" en Libye et dans les autres pays  

 Le ministre des Affaires étrangères a souligné la nécessité de déterminer la capacité de nuisance de l'organisation terroriste autoproclamée Etat islamique (Daech) en Libye et dans d'autres pays et de définir avec précision la menace qu'elle représente.

"Des consultations ont lieu avec plusieurs pays en vue de définir la capacité de nuisance de l'organisation terroriste "Daech" en Libye et dans d'autres régions afin de mobiliser les moyens pour l'empêcher de se déployer au delà des frontières libyennes", a fait savoir M. Lamamra dans une conférence de presse conjointe avec son homologue néerlandais Bert Koenders.

"Nous sommes préoccupés, comme les autres pays du monde, par la menace que représente l'organisation terroriste Daech pour la sécurité et la stabilité de la Libye et des pays voisins", a soutenu le chef de la diplomatie algérienne pour qui cet état de fait nous interpelle à  l'effet de "soutenir ce pays par tous les moyens légaux et admis  pour reconstruire l'armée libyenne et faire en sorte que l'Etat libyen soit l'élément essentiel du processus de reconstruction".

 Concernant des informations sur des éléments de cette organisation qui s'entraîneraient sur des armes chimiques prohibées, M  Lamamra a répondu que de"telles informations doivent être vérifiées et cela nécessite un travail soutenu des autorités sécuritaires compétentes".

Lamamra appelle l'Europe à éviter les germes de l'islamophobie

 Le ministre des Affaires étrangères, a appelé, en outre, les pays européens à éviter les germes de l'islamophobie "qui constitue un terreau propice au développement du terrorisme". 

"Nous souhaitons que nos amis européens, qui prennent le temps et les mesures légitimes pour la préservation de leur sécurité et ordre public, soient conscients de la nécessité de travailler, avec nous, à éviter les germes de l'islamophobie qui est un phénomène malvenu et a vocation d'alimenter les rancoeurs et les frustrations et à créer un terreau propice au développement du terrorisme", a expliqué, M. Lamamra, lors d'une conférence de presse conjointe avec le ministre néerlandais des Affaires étrangères et européennes, Bert Koenders, en visite de deux jours en Algérie.

S'agissant des relations afro-européennes, M. Lamamra a souhaité que la Hollande "puisse, à travers sa politique étrangère et au sein de l'Union européenne, contribuer à faire prendre en charge les réalités et le potentiel considérable de ces relations de sorte qu'elles soient tournées vers l'avenir et respectueuses d'un certain nombre de principes et qu'elles soient de nature à aider à déterminer, par la concertation, les domaines de coopération  mutuellement bénéfiques".