Dans cet entretien exclusif accordé à la radio Chaine 3, le ministre des affaires étrangères, M. Ramatane Lamamra revient, depuis Washington où il dirige la délégation algérienne, sur les relations et la coopération algéro-américaine, sur la question palestinienne et sur la décolonisation du Sahara Occidental.
Chaine 3 : Quel bilan faites-vous à l’issue de cette 3éme Session du dialogue stratégique Algéro-américain ?
Interview réalisée par Samia Belounis
M. Lamamra : C’est une rencontre importante qui prend place, maintenant, parmi les rendez-vous institutionnels entre l’Algérie et les Etats-Unis. Je crois qu’au fur et à mesures que cette pratique se développe et que ces rencontres ont lieu alternativement à Alger et à Washington, nos délégations travaillent mieux ensemble parce qu’elles se connaissent mieux et elles forment véritablement des équipes qui sont engagées pour la réalisation d’un objectif partagé ; celui de donner à ce partenariat stratégique toute sa capacité et de le traduire en réalisations concrètes.
Dans le même temps, une visite à Washington appelle un certain nombre de contact. Il y avait des traditions qui sont bien établies et une interaction avec des chercheurs et des analystes du Centre des études stratégiques international, l’un des Think tank les plus importants des Etats-Unis d’Amérique. C’est la première fois que je viens au Centre et je crois comme vous avez pu le suivre, qu’il y’a beaucoup d’intérêt pour notre pays et beaucoup d’attente à l’égard de l’Algérie. Le rôle de notre pays est connu, son histoire est honorée et ces contributions à la paix et à la sécurité internationale sont également saluées. Je pense que vous avez pu suivre les questions qui ont été posées, elles reflètent beaucoup d’attentes et beaucoup d’espoirs que les efforts déployés par l’Algérie soient couronnés de succès.
Cette 3ème session de dialogue stratégique entre l’Algérie et les Etats-Unis ouvre véritablement de nouvelles perspectives à notre coopération et à notre action concertées à l’égard de beaucoup de sujets dont certains d’entre eux figurent dans le Communiqué commun et d’autres sujets impliquent la poursuite de nos efforts.
Je pense que nous avons toutes les raisons de nous féliciter de la qualité de ce dialogue avec les Etats-Unis. Nous ne cachons pas naturellement les nuances, les différences et les divergences lorsqu’elles existent et nous nous exprimons en toute franchise, comme il se doit dans une relation qui est mûre et sereine, ainsi notre insistance sur le Moyen Orient, sur la question palestinienne et sur le fait que la politique d’agression et d’exclusion israélienne est génératrice de beaucoup de frustrations et fait le lit du terrorisme et de l’extrémisme. Je crois que même lorsque cette analyse n’est pas partagée officiellement, reste qu’elle a un impact profond chez les honnêtes gens qui concourent à la formulation de la politique extérieure des Etats-Unis.
D’une manière générale, ce dialogue est utile et prometteur. C’est un dialogue de longue haleine, on ne change pas rapidement les perceptions et même les préjugés, mais c’est la bonne voie. Il faut aller de l’avant, il faut continuer à cultiver le dialogue et l’Algérie est exemplaire de ce point de vue. Elle fait le dialogue pour elle-même, comme elle l’a fait au sein de son propre peuple et elle le partage lorsqu’il s’agit d’apporter des solutions de justice et d’équité à d’autres problèmes.
Chaine 3 : Revenant au Sahara Occidental, vous avez eu une session à huit clos avec M. Jonh Kerry. Qu’elle est la position des Etats-Unis sur cette question ?
M. Lamamra : Le Sahara Occidental fait, normalement, partie des questions internationales que nous abordons avec tous nos partenaires internationaux et particulièrement avec les pays membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU qui ont une responsabilité particulière envers le parachèvement de la décolonisation du Sahara Occidental. J’ai abordé cette question, avant-hier, avec mon homologue français, M. Laurent Fabius. Je l’ai, également, abordée, hier, avec mon ami John Kerry et je pense que le point de vue de l’Algérie est parfaitement compris. C’est une position fondée sur des principes et une position qui est tout à fait liée à l’expression libre de la volonté du peuple sahraouis, au succès des négociations que les Nations-Unies conduisent au nom de toute la communauté internationale. L’Algérie n’a pas de position autre que celle de la communauté internationale et la politique extérieure de l’Algérie est en tout point conforme à la doctrine des Nations-Unies…
Chaine 3 : Mais quelle est la position de M. John Kerry ?
M. Lamamra : Le communiqué Commun apporte un premier élément de réponse à votre question.