Les infections découlant de la résistance aux médicaments pourraient entraîner quelque 10 millions de décès supplémentaires par an d'ici 2050 et coûter jusqu'à 100 trillions de dollars à l'économie si ce problème n'est pas résolu, selon une déclaration signée au Forum économique mondial.
Malgré des milliards investis au cours des vingt dernières années, aucune nouvelle classe d'antibiotique pour les bactéries dites à gram négatif n'a été homologué au cours des 40 dernières années, ont pointé les signataires de la déclaration.
Plus de 80 grands groupes pharmaceutiques et de santé ont appelé jeudi à Davos à coordonner les efforts pour lutter contre la résistance des super-bactéries et demandent la mobilisation de fonds publics, selon des médias.
Cette déclaration faite au Forum économique mondial est signée par des grandes sociétés du secteur, qui appellent à faire un meilleur usage des antibiotiques.
L'efficacité déclinante des antibiotiques inquiète de plus en plus la communauté scientifique. Des chercheurs chinois ont par exemple annoncé, fin novembre, avoir découvert un gène rendant inefficace certains antibiotiques donnés en dernier recours quand les autres traitements ont échoué, relançant les craintes que des infections aujourd'hui traitables puissent recommencer à tuer.
"Nos résultats sont extrêmement inquiétants", soulignait le Pr Liu Jianhua, de l'Université agricole de Canton. Les groupes pharmaceutiques signataires de l'appel ont également demandé aux gouvernements de soutenir financièrement le développement de nouveaux antibiotiques.
Les signataires ont également dit soutenir le plan d'action mis en place par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour préserver l'efficacité des antibiotiques.
La résistance grandissante des bactéries aux antibiotiques est une priorité majeure pour les systèmes de santé, ont souligné les signataires de cette déclaration.
Ces médicaments, aujourd'hui tenus pour acquis, sont absolument nécessaires pour soigner des infections mortelles mais également indispensables pour des procédures telles que les transplantations, les chimiothérapies ou encore le traitement du VIH.
Leur sur-utilisation accélère cependant l'émergence de micro-organismes résistants, qui entraînent une perte d'efficacité de ces "médicaments miracles", pointe l'OMS sur son site.
"L'industrie pharmaceutique, et la société dans son ensemble, ne peut pas se permettre d'ignorer la menace de la résistance des antibiotiques", a déclaré Lord Jim O'Neill, qui était en charge d'une vaste rapport sur la résistance des antimicrobiens, cité dans un communiqué.
Cet engagement constitue "une étape majeure" pour revitaliser la recherche et développement, a-t-il ajouté, tout en saluant les engagements pris par les sociétés pharmaceutiques.
APS