L'Algérie et l'Union européenne (UE) examineront les mesures et propositions de révision de leur accord d'association avant la fin de l'année en cours, a affirmé mardi à Alger le directeur du suivi des accords bilatéraux au ministère du Commerce, Saïd Djellab.
"Nous sommes actuellement en phase d'évaluation avec la partie européenne.
Nous avons deux mois devant nous pour achever cette évaluation", a précisé M. Djellab lors des débats du Forum des chefs d'entreprises (FCE) ajoutant qu'une deuxième réunion (après celle tenue en mars) est prévue pour mai prochain.
Selon les explications du même responsable qui assure également l'intérim du directeur général du commerce extérieur au ministère, la partie algérienne examine, entre autres, les correctifs à apporter à cet accord et les moyens d'augmenter l'offre exportable vers l'Europe.
Ainsi les deux parties devraient présenter les mesures et propositions de révision (de l'accord) probablement en juillet ou septembre prochain, a-t-il ajouté.
"Pour la partie algérienne, ces correctifs ne peuvent être apportés que sur la base des priorités qui doivent être définies au niveau des différents ministères concernés notamment ceux de l'Agriculture et de l'Industrie", a souligné M. Djellab.
Selon lui, l'accord qui a été négocié dans un contexte "très particulier dominé par le politique" doit être intégré dans la stratégie commerciale et industrielle de l'Algérie.
"Le premier bilan établi en 2010 avait relevé que les démantèlements avançaient vite au détriment des industries nationales qui sont pratiquement fébriles et menacées (..). En 2015, c'est le même constat qui est relevé", a-t-il déploré.
Et d'ajouter "à travers les démantèlements il y avait un schéma, une mécanique qui devrait répondre à une logique interne de compétitivité de produits mais malheureusement ce n'était pas le cas".
M. Djellab a rappelé que le dernier bilan a démontré que l'accord n'a pas atteint les objectifs escomptés comme la promotion des exportations hors hydrocarbures ou le développement des investissements directs étrangers. "D'ailleurs, ce bilan est partagé par l'opinion publique et même par la partie européenne", a-t-il reconnu.
Le Conseil des ministres tenu en octobre 2015 sous la présidence du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, avait entendu et débattu une communication sur le partenariat entre l'Algérie et l'UE, présentée par le ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra, rappelle-t-on.
Le Conseil des ministres avait alors considéré nécessaire de réévaluer les volets économique et commercial de l'accord d'association avec l'UE "qui n'a pas réalisé les objectifs attendus en matière d'investissements européens en Algérie".
Il avait convenu que la chute de près de la moitié des revenus extérieurs du pays, du fait de la crise du marché pétrolier, "rend davantage nécessaire cette évaluation que l'Algérie réalisera conjointement avec l'UE conformément aux dispositions de l'accord", entré en vigueur le 1er septembre 2005.
Lors de la dernière visite en Algérie de la haute représentante de l'UE pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, Federica Mogherini, la partie européenne avait officiellement notifié son accord à la demande algérienne, ouvrant ainsi la voie aux discussions pour adapter les échanges économiques et commerciaux entre les deux parties, aux termes de l'accord d'association basé sur la réciprocité des intérêts et sur les avantages mutuellement partagés.
Les exportations algériennes hors hydrocarbures vers cette zone, constituées essentiellement des produits énergétiques et miniers dérivés, ont enregistré une timide amélioration par rapport aux importations en provenance de l'UE depuis l'entrée en vigueur de l'accord d'association.
Une récente évaluation de l'impact de l'accord d'association (2005-2014), réalisée par l'Agence nationale de promotion du commerce extérieur (Algex), a, en effet, relevé que les exportations algériennes hors hydrocarbures vers l'UE se sont établies à seulement 12,3 milliards de dollars sur dix (10) ans contre 195 milliards de dollars d'importations algériennes auprès de cette zone.
APS