Conférence de presse Lamamra-Ayrault : terrorisme, Libye, Sahara occidental, Mali… Les précisions d'Alger

"L'islamophobie est un terroir et un puissant ferment d'extrémisme et il faut à tout prix savoir la décourager", a déclaré mardi à Alger, Ramtane Lamamra, ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, lors d'une conférence de presse animée conjointement avec son homologue français, Jean-Marc Ayrault, à l'issue de leurs entretiens.

Il a, à cette occasion, fait part de la disponibilité de l'Algérie à travailler avec toute les bonnes volontés en Europe pour lutter contre ce fléau.

S'agissant de la lutte contre le terrorisme, M. Lamamra a affirmé que l'Algérie "continuera à lutter contre ce fléau et à faire bénéficier de son expérience tous ceux qui sont en première ligne de la lutte antiterroriste, notamment en Afrique".

«Il faut que les Libyens travaillent ensemble pour sortir leur pays de cette situation»
Concernant le dossier libyen, le ministre a réitéré le soutien de l'Algérie au processus des Nations unies pour le règlement de la crise libyenne, à l'intégrité territoriale de ce pays et l'unité nationale de son peuple.

"Il faut que les Libyens travaillent ensemble et apportent leur contribution pour sortir leur pays de cette situation absolument inacceptable et il s'agit pour les Libyens d'assumer leurs responsabilités et de prendre leur destin en main", a-t-il ajouté 

«Aider les Maliens à réaliser les promesses contenues dans l'Accord de paix »
Evoquant la situation au Mali, M. Lamamra a souligné la nécessité pour l'Algérie et la France de continuer à travailler ensemble pour "aider les Maliens à réaliser les promesses contenues dans l'Accord de paix et de réconciliation issu du processus d'Alger".

Par ailleurs, le ministre a exprimé le soutien de l'Algérie à l'initiative française pour la relance du processus de paix au Moyen-Orient en faveur de la question palestinienne et l'appui aux efforts de M. Ayrault en vue de concrétiser les promesses de cette initiative.

A la question de savoir si le ministère comptait prodiguer des recommandations aux voyageurs algériens dans le contexte de la multiplication des attentats terroristes dans le monde, le ministre a souligné que l'Etat "respecte les libertés individuelles, soutient les Algériens partout où ils se trouvent et les services consulaires sont à leur disposition".

"Dans l'avenir, si cela s'avérait nécessaire, le ministère pourrait être amené à prodiguer de telles recommandations", a-t-il ajouté.

La visite de M. Ayrault à Alger intervenait "au moment opportun"

Evoquant les relations bilatérales algéro-françaises, M. Lamamra a indiqué que la visite de M. Ayrault à Alger intervenait "au moment opportun" et s'inscrivait dans le cadre de la préparation de la réunion du Comité intergouvernemental algéro-français de haut niveau. "Le dialogue entre l'Algérie et la France est riche, bénéfique et continu", a-t-il relevé.

L'Algérie espère que la France va aider à régler la question sahraouie dans le cadre de la légalité internationale
L'Algérie "garde toujours de bons espoirs" que la France va "véritablement" aider la région à régler la question sahraouie dans le cadre de la légalité internationale et dans la satisfaction de la doctrine des Nations unies en matière de décolonisation", a indiqué par ailleurs M. Lamamra.    

Le ministre a tenu à préciser que M. Ayrault est a la tête du ministère français des Affaires étrangères depuis quelques semaines et que le conflit du Sahara Occidental "dure depuis plus de 40 ans et revient épisodiquement dans notre dialogue politique".

"Je ne suis pas historien, mais je ne vous cacherai pas que c'est l'un (conflit sahraoui) des principaux désaccords entre la politique extérieure de l'Algérie et celle de la France", a-t-il relevé.

Pour le chef de la diplomatie algérienne, les Nations unies sont à un "tournant crucial, peut être décisif" à l'occasion de la présentation du rapport du secrétaire général sur la question sahraouie.

M. Lamamra a exprimé, à cette occasion, le souhait de l'Algérie de voir les Nations unies "prendre les décisions qui s'imposent afin que la communauté internationale puisse, enfin, s'acquitter de ses responsabilités historiques pour l'autodétermination du peuple du Sahara Occidental". 

"Nous pensons que la France trouverait absolument un rôle à la mesure de son histoire, de son pouvoir et de ses responsabilités dans le soutien et la conduite d'un processus qui permettra au Maghreb arabe d'aller vers un destin collectif et unitaire avec la satisfaction du droit naturel du peuple sahraoui à l'autodétermination", a-t-il soutenu. 

"Nous sommes à un moment où il faut savoir dire que le pire n'est pas sûr et que le pire n'est pas le destin de notre région", a conclu M. Lamamra.

Ayrault :l'Algérie et la France pour la stabilité et la construction de la paix durable dans la région


L'Algérie et la France partagent "le même objectif", celui de "la stabilité et la construction d'une paix durable" dans la région, a indiqué le ministre français des Affaires étrangères et du Développement international, Jean-Marc Ayrault.

"Nous partageons un même objectif, celui de la stabilité de toute cette région et aussi de la construction d'une paix durable", a-t-il déclaré

"Nous partageons un même objectif, celui de la stabilité de toute cette région"
Il a ajouté que les deux pays avaient aussi "la même préoccupation de lutter avec acharnement contre le terrorisme", mais également de présenter à la jeunesse des deux pays "des perspectives d'avenir et d'espoir et c'est ce que nous voulons construire ensemble et je viens ici en tant qu'ami de l'Algérie et en tant partenaire de la relation franco-algérienne".

M. Ayrault a relevé qu'il était en Algérie pour renouveler un message "d'amitié" et d'une coopération "de plus en plus étroite et confiante" dans le cadre du partenariat d'exception, décidé par les présidents François Hollande et Abdelaziz Bouteflika et "qui nous appartient de mettre en œuvre".

Le chef de la diplomatie française a indiqué que la réunion prochainement du Comité intergouvernemental de haut niveau algéro-français (CIHN) sera l'occasion d'aborder plusieurs sujets économiques, notamment le rôle des groupes français comme PSA Peugeot Citroën, Renault et Alstom.

"Nous pouvons parfaitement amplifier notre coopération mutuelle"
Il a dit espérer qu'à cette occasion seront annoncées d'importantes décisions qui seront "à la fois utiles pour l'Algérie et la France, puisqu'il s'agit d'une véritable coopération économique", relevant que des accords en matière de santé, d'éducation seront notamment signés.

"Nous pouvons parfaitement amplifier notre coopération mutuelle, au moment ou l'Algérie est engagée dans un processus important de diversification de son économie. C'est dans ce sens qu'il faut aller et c'est dans ce sens que nous allons depuis plusieurs années", a-t-il souligné.

Interrogé sur la montée de l'islamophobie en France, notamment dans le sillage des attentas de Paris et de Bruxelles, M. Ayrault a rétorqué que "nous sommes attachés à la liberté de conscience, la liberté religieuse et de culte, et nous veillons pour qu'il en soit ainsi pour tous les croyants et les non-croyants, qui doivent être respectés, c'est le rôle de l'Etat, le rôle de la République d'y veiller".

 

 

 

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