Un vaste système «délictueux», impliquant de hautes personnalités liées à l’ancien président français Nicolas Sarkozy, candidat à la primaire de droite, est (dé)voué à sa protection, a révélé jeudi le quotidien français Le Monde qui a eu accès aux enquêtes judiciaires.
«Ce réseau dé(voué) à l’ancien chef de l’Etat est composé de policiers ou de magistrats restés fidèles à Sarkozy, mais aussi d’hommes d’affaires, d’intermédiaires, de diplomates et même des journalistes», a précisé le journal dans une enquête publiée sur quatre pages.
Il a indiqué que cette «structure informelle» apparaît aujourd’hui en «pleine lumière» à la faveur de plusieurs enquêtes judiciaires, toutes conduites par le juge parisien Serge Tournaire, soulignant que cette organisation a été mise en place dès l’arrivée de Nicolas Sarkozy au ministère de l’Intérieur en 2002, renforcée lors de son accession à la présidence de la République.
«La vocation de l’équipe « sarkoziste » consiste à ‘’déminer’’ les affaires susceptibles d’embarrasser l’ancien président et parfois à piéger les adversaires politiques en les déstabilisant», a encore précisé Le Monde, indiquant qu’après trois ans et demi d’investigations sur le financement libyen de la campagne électorale de Sarkozy (2007), l’instruction du juge Tournaire a «spectaculairement» progressé ces derniers mois.
«Les enquêteurs, s’appuyant sur un faisceau d’indices concordants, jugent désormais probable l’hypothèse d’un financement libyen» de la campagne présidentielle de Sarkozy, est-il ajouté, même si sa mise en cause pénale reste «très hypothétique», les développements de cette enquête «inquiètent ses proches».
Par ailleurs, le journal a relevé que les magistrats enquêteurs «doivent compter avec une forte adversité qui repose sur des réseaux tant politiques que médiatiques», mettant en exergue le rôle déterminant d’Alexandre Djouhri, «apporteur d’affaires», un proche de l’ancien patron des services de renseignement intérieur (DCRI).
Selon Le Monde, Alexandre Djouhri fait son possible que l’enquête sur l’argent libyen «n’avance pas» et les révélations médiatiques «sont surveillés de près» par l’entourage de l’ancien président, «voire par Sarkozy lui-même».
«A chaque article sur le soupçon de financement libyen, M. Djouhri agite aussi ses réseaux dans les médias. Il commande à des journalistes ‘’amis’’ des papiers favorables ou appelle directement les hiérarchiques, comme le communiquant Ramzi Khiroun, conseiller spécial d’Arnaud Lagardère, pour se plaindre s’ils ont trop critiqués», a-t-il rapporté, indiquant que l’une des hypothèses des enquêteurs est que Djouhri «ait été utilisé pour blanchir dans ses propres circuits financiers le cash libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy».
Les secrets de Choukri Ghanem, noyé dans le Danube…
En septembre dernier, le journal électronique Médiapart avait indiqué qu’un carnet de l’ancien ministre du Pétrole libyen, Choukri Ghanem, retrouvé noyé dans le Danube en avril 2012, consignant les millions libyens de l'ex-président français Nicolas Sarkozy, se trouve actuellement entre les mains de la justice.
Dans ce carnet, que la justice a obtenu d'un ancien dignitaire libyen, l’ancien ministre libyen a donné les détails d'une série de trois versements, en avril 2007, au moins 6,5 millions d'euros, destinés à la campagne présidentielle de l’ancien chef de l’Etat français, ce qui pourrait bien, a estimé le journal, devenir «le pire cauchemar de Nicolas Sarkozy».
Selon Médiapart, cette affaire vaut déjà une mise en examen pour «blanchiment de fraude fiscale», «faux et usage de faux» au plus proche collaborateur de Sarkozy de cette époque, Claude Guéant, mis en cause pour avoir reçu 500 000 euros d’un des gestionnaires des comptes offshore de l’Etat libyen.
APS