Quatre mois après son élection à la tête de l’Etat français, Emmanuel Macron, ainsi que son gouvernement, seront confrontés mardi, en guise de rentrée sociale, à une première épreuve de la rue contre les ordonnances sur le code du travail.
Considéré comme "le président des riches", il n’a pas hésité à affirmer, droit dans ses bottes, qu’il ne céderait rien aux opposants de la loi sur le travail, allant jusqu’à les traiter vendredi, depuis la capitale hellénique, de "fainéants, cyniques et extrêmes".
Ce qui a soulevé contre lui, malgré les explications du gouvernement, des réactions indignées, lui qui a été élu, estime-t-on, "parce qu'il incarnait l'espoir d'une autre façon de faire de la politique, moins excluante".
Le journal Libération a considéré lundi qu’Emmanuel Macron se considérait comme "un maître d'école sous la IIIe République, distribuant coups de règle et coups de trique à chaque cours magistral", ouvrant ainsi un front polémique.
Pour sa part, le leader de la France Insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon, qui a appelé à une autre manifestation le 23 septembre, a vivement réagi en soulignant que le nouveau président s'en prend à tous ceux qui résistent à sa politique.
Lui qui appelle toute la population à se mobiliser contre cette loi, applicable en fin septembre et qui a accentué l’impopularité du précédent président François Hollande, a estimé que c’est "le plus grand plan de licenciements de l'histoire de France".
Après trois mois de concertation et près d’une cinquantaine de réunions bilatérales entre le gouvernement et les partenaires sociaux, les ordonnances d’Emmanuel Macron sur la réforme du droit du travail prévoient, entre autres, des licenciements économiques, la fusion des instances représentatives du personnel (recommandé par le patronat) et la négociation dans les petites entreprises.
De nombreux observateurs ne manquent pas de relever à cet effet que la manifestation de mardi, organisée par les syndicats, est un prélude à une série de contestations sociales dont le nouveau président, fort par sa majorité électorale, n’avait pas besoin et que beaucoup estiment qu’il s’éloigne de son peuple.
Le journal communiste L’Humanité est allé un peu fort, dans son édition de mardi, lorsqu’il a écrit: "Emmanuel Macron, usant et abusant d'un tel degré d'implication verbale pour exprimer sa haine du bas-peuple et des Français qui ne pensent pas comme lui, dirige les affaires de l'Etat avec toutes les formes inspirées par le mépris".
Dans ce premier bras-de-fer, des analystes pensent que le nouveau président, avec sa lourde chute dans les sondages, est en train de paye le prix de son marketing politique.
En effet, les derniers sondages attestent de cette chute de popularité auprès des Français quatre mois après son élection face à Marine Le Pen (Front national), autre personnalité politique que les deux tiers des Français considèrent, dans un sondage, "incompétente à gérer le pays".
La popularité d'Emmanuel Macron a baissé en fin août pour le second mois consécutif, selon un sondage YouGov France la semaine dernière.
Sa cote de popularité a reculé à 30 % d'opinions favorables, contre 43 % fin juin et 36 % fin juillet
Ce qui a fait dire mardi le commentateur du quotidien L'Est républicain qu’une erreur en début de mandat "se paye cash pendant cinq ans".