Les réformes structurelles économiques et financières, qui accompagneront le financement non conventionnel, seront adossées à une «feuille de route consignée dans un Décret présidentiel», a indiqué ce mercredi le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, en réponse aux préoccupations des membres du Conseil de la Nation soulevées lors des débats sur le programme d'action du gouvernement.
Abordant le financement non conventionnel, qui fait l'objet de l'amendement de la loi sur la monnaie et le crédit en vigueur, M. Ouyahia a affirmé qu'il n'avait pas de montant à indiquer à ce stade quant au niveau du montant des emprunts que le Trésor contractera auprès de la Banque d'Algérie.
Mais ces emprunts, a-t-il avancé, serviront à rembourser les dettes du Trésor et à financer les dépenses d’équipements. Il a également tenu à préciser qu'«aucun dinar ne sera emprunté pour financer le Budget de fonctionnement».
De plus, a-t-il poursuivi, les emprunts du Trésor à la Banque d'Algérie seront accompagnés de réformes structurelles économiques et financières pour lesquelles une «feuille de route» sera consignée dans un Décret présidentiel, et un mécanisme indépendant de surveillance sera mis en place. Selon M. Ouyahia, «tout le monde pourra savoir et suivre, et le Parlement pourra contrôler le Gouvernement sur le respect de ces réformes».
Le gouvernement tendra toujours la main aux partis de l'opposition
Sur un tout autre chapitre, le premier ministre a affirmé que le gouvernement «tendra toujours la main» aux partis de l'opposition, soulignant que les portes du Premier ministère «demeurent ouvertes» devant ces partis qui souhaitent un dialogue et un échange.
«Je voudrai dire aux partis de l’opposition que le gouvernement leur tendra toujours la main. Bien sûr, nous avons et nous aurons une relation privilégiée avec la majorité présidentielle qui est notre base politique, comme cela se passe dans tous les pays démocratiques», a-t-il répondu aux interrogations soulevées par les membres du Conseil de la nation.
Il a ajouté que «ceci n’empêche pas la porte du Premier ministère de demeurer ouverte devant tous les partis de l’opposition qui souhaitent un dialogue et un échange, pour peu que cela se fasse dans le cadre d’un respect mutuel, et dans le respect des positions des uns et des autres».
Par ailleurs, M. Ouyahia a assuré que le gouvernement «veillera à renforcer» sa relation «de complémentarité» avec les membres du Parlement. A ce titre, il a fait savoir que le cabinet de l'Assemblée populaire nationale et celui du Conseil de la Nation «recevront sous peu, la liste des conseillers de chacun des ministres et du Premier ministre qui seront responsables du suivi des relations avec les membres du Parlement».
Il a également indiqué que le ministre de l’Intérieur avait déjà instruit les walis et les walis-délégués de recevoir les membres du Parlement mais aussi de les tenir informés des programmes et des initiatives locales.
«En effet, nous avons besoin de travailler ensemble, gouvernement, parlementaires et autres forces disposées à le faire, à sensibiliser et à mobiliser notre peuple pour dépasser la crise financière actuelle et pour transformer cette situation passagère en sursaut pour plus d'efforts dans la construction économique, et pour plus d'esprit civique dans la gestion de la cité», a-t-il encore précisé.
Carburants : grâce aux nouvelles raffineries, aucune importation dans quelques années
L'entrée en activité prochaine des projets de raffineries permettra de cesser les importations des carburants dans quelques années, a affirmé Ahmed Ouyahia.
A ce propos, il a indiqué que 11,5 millions tonnes de carburants sont raffinés en Algérie. Mais la consommation, qui a explosé ces dernières années, a atteint 15 millions de tonnes de carburants annuellement. Pour combler ce déficit, un volume de 3,5 millions de tonnes de carburants/an est importé actuellement, selon ses chiffres.
Mais «cela cessera dans quelques années» grâce à l'entrée en activité prochaine de plusieurs raffineries, a-t-il avancé. Ainsi, a détaillé le Premier ministre, la raffinerie d’Alger sera livrée en décembre 2018 tandis que les travaux de réalisation de la raffinerie de Hassi Messaoud seront entamés en janvier 2018.
En outre, l’appel d’offres pour la raffinerie de Tiaret sera lancé «très bientôt (…) Une fois toutes ces réalisations finies, le pays deviendra exportateur de carburants», a soutenu le Premier ministre. Pour rappel, l'Algérie importe pour plus d'un (1) milliard de dollars de carburants.
Les réserves algériennes en or à plus de 6 milliards de dollars
A propos des réserves de l'Algérie en or, le premier ministre a indiqué que celles-ci représentent actuellement l’équivalent de plus de six (6) milliards de dollars. Ce montant vient en plus des réserves de change qui sont de l'ordre de 102 milliards de dollars en septembre en cours, a-t-il ajouté. Selon le Premier ministre, ce montant des réserves algériennes en or est «le résultat de la sagesse» de Kaid Ahmed qui, en tant que ministre des Finances (au milieu des années 60), avait acquis ces quantités qui ont pris de la valeur avec le temps.
Le gouvernement n'envisage pas de taxe pour les Algériens qui se rendent à l’étranger
Au sujet de la prétendue taxe de voyage, le premier ministre a de nouveau affirmé que « le gouvernement n'envisage pas d'imposer une taxe pour les Algériens qui se rendent à l’étranger».
Dans le même sillage, le Premier ministre a rappelé que l'Etat avait accordé d'«importants avantages» au secteur du Tourisme depuis 2009, citant, entre autres, l'exonération sur une durée de 10 ans de l'IBS (impôt sur le bénéfice des sociétés) ou sur la TAP (taxe sur l'activité professionnelle).
Concernant les réalisations enregistrées dans le secteur, il a précisé qu'entre 2011 à juin de l'année en cours, 374 nouveaux hôtels ont été inaugurés avec plus de 32.000 chambres, ajoutant que 582 nouveaux hôtels avec 75.000 lits sont en chantier.
Citant d'autres réalisations, il a rappelé l'ouverture d'une Grande école internationale d’hôtellerie et la remise à niveau des hôtels publics.
Les pensions de retraites «seront toujours payées»
Les pensions de retraites «seront toujours payées» malgré les «graves difficultés» financières du système de retraite, a assuré le Premier ministre.
«Je tiens à rassurer les retraités que leurs pensions seront toujours payées», a affirmé M. Ouyahia précisant que «face aux graves difficultés financières du système retraite, le gouvernement a arrêté des mesures qu’il soumettra dans l’avant-projet de Loi de finances 2018».
Parmi ces mesures, il a expliqué que «le gouvernement inscrira 500 milliards DA à verser à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNAS) pour lui rembourser une partie des montants qu’elle a prêtés à la Caisse nationale de retraite (CNR)», a-t-il ajouté.
302 000 logements livrés en 2017 et 341.000 pour 2018
La livraison de logements pour toute l'année 2017 doit être de 302.000 unités dont 169.000 jusqu'à fin août 2017, a par ailleurs précisé le Premier ministre à cette même occasion.
Selon ses prévisions, le nombre de logements qui seront livrés sur les deux prochaines années sera de 341.000 unités en 2018 et de 353.000 en 2019.
Ainsi, entre 2017 et 2019, plus d'un (1) million de logements auront été livrés, s'ajoutant aux 3,7 millions déjà distribués. Concernant l'habitat rural, 100.000 logements sont livrés en 2017 dont 92.000 unités jusqu’à fin août 2017.
Quant aux prochaines années, il est prévu la livraison de 114.000 logements ruraux en 2018 et de 120.000 autres en 2019.
L'illusion de ceux qui espéraient la faillite de l'Algérie cet automne «s'est évaporée»
Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia a indiqué mercredi à Alger que l'illusion de ceux qui espéraient que cet automne allait être celui de la faillite de l’Algérie «s'est évaporée», ajoutant que l'Algérie «a de nouveau puisé dans sa volonté souveraine pour prendre en charge la crise financière».
«Certains espéraient que cet automne allait être celui de la faillite de l’Algérie, de la colère de son peuple et de l’arrêt de son avancée. Grâce à Dieu, l’illusion de ceux-là s’est évaporée», a relevé M. Ouyahia dans ses réponses aux interrogations soulevées par les membres du Conseil de la nation.
Il a fait remarquer que l'Algérie, «sous la direction éclairée du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a de nouveau puisé dans sa volonté souveraine et dans les expériences d’autres pays, pour prendre en charge la crise financière».
Evoquant la situation sécuritaire qui prévalait en Algérie il y a 20 ans, il a rappelé qu'en 1997, le pays «pleurait ses martyrs, victimes du terrorisme le plus aveugle, notamment à Bentalha et Rais (Alger) et Ramka (Relizane) où des milliers d’enfants, de femmes, d’hommes et de vieillards ont été assassinés par le terrorisme le plus aveugle que l’humanité ait connu».
«Aujourd’hui, ces localités, comme toute l'Algérie, ont pansé leurs blessures et l'Algérie commémorera dans deux jours le 12ème anniversaire de la réconciliation nationale, qui a de nouveau réuni notre peuple», a-t-il noté, soulignant que «l’Algérie demeurera à jamais reconnaissante au président Bouteflika de l’avoir ramenée à la paix, à la sécurité, à l’unité et à la fraternité».
Il a rappelé aussi qu'en 1997, la communauté internationale affichait un «aveuglement coupable face au drame du notre pays confronté seul au terrorisme», déplorant que «des voix s’élevaient alors à l’étranger pour revendiquer une intervention extérieure en vue de protéger le peuple algérien».
«En 2017, l’Assemblée générale des Nations Unies rend hommage à l’expérience algérienne dans la lutte contre le terrorisme et notamment à la réconciliation nationale aujourd’hui prise comme modèle», a-t-il fait observer.
Il a en outre rappelé qu'en 1997, l’Algérie «vivait le drame de l'ajustement structurel contracté avec le FMI, alors qu'en 2017, l’Algérie prend en charge la crise financière par ses propres moyens et par ses décisions souveraines».
«En 1997, l’Algérie connaissait un taux de chômage de 30%. A présent le taux de chômage n’est que de 12%, même s’il est remonté ces deux dernières années», a-t-il noté, précisant que la multiplication des investissements et le recul du chômage «sont les fruits de quatre programmes massifs de développement mis en place par le président de la République».
«Les exemples sont encore nombreux sur cette Algérie qui avance depuis 1999. Le peuple en vit les résultats partout à travers le pays et connait la destination des 1000 milliards de dollars dépensés pour son bien-être en écoles, hôpitaux, logements et autres réalisations».
Par ailleurs, le Premier ministre a indiqué que le débat parlementaire sur le Plan d'action du gouvernement «a démontré toute la vitalité de la vie démocratique dans notre pays», ajoutant que «notre démocratie est à parfaire encore pour atteindre le niveau de celles des Nations qui nous ont précédé de près de deux siècles sur cette voie».
Il a souligné, dans le même contexte, que la révision constitutionnelle de 2016 «ouvre la voie pour de nouvelles avancées» de la démocratie algérienne dans tous les domaines, notamment parlementaire.
«En tout état de cause, notre peuple peut légitimement s’enorgueillir déjà de s’être attribué les libertés politiques et de presse les plus avancées dans le monde arabe et en Afrique», s'est-il félicité. «Ce sont là des exemples d’une démarche résolue qui autorise l’optimisme de chaque Algérien et de chaque Algérienne que l'Algérie traversera la crise financière sans dommage, que l’Algérie continuera d’avancer encore davantage, et que l’Algérie appelle aussi ses enfants à plus d’efforts dans la construction nationale», a-t-il affirmé, appelant les Algériens «à garder confiance car notre pays est dirigé avec sagesse par un grand dirigeant du Monde, le président de la République».
Par ailleurs, M. Ouyahia a annoncé, sur instruction du président de la République, la levée en 2018 du gel sur la totalité des projets de l’éducation nationale (écoles, CEM, lycées, cantines et internats), sur de nombreux projets de la santé (polycliniques, hôpitaux spécialisés, centres de soins...) et sur plusieurs projets de l’hydraulique.