Après avoir longtemps brandi la menace de passer à l’acte, des représentants de la corporation des boulangers dans certaines wilayas ont, d’autorité durant le week-end, augmenté de 50% le prix de leur pain.
Ils ont, ainsi, fait passer de 10 DA à 15 dinars le prix de la baguette, provoquant, à la fois, la surprise et la colère parmi leurs clients habituels, dont certains n’ont pas manqué de s’exprimer à ce propos sur réseaux sociaux.
« On s’attendait à des augmentations de certains produits et services, mais à aucun moment on a été informés que ces augmentations allaient concerner le prix du pain », peste le client d’une boulangerie de la ville d’Annaba.
Comment et par qui a été prise cette décision ? Quelle sont les causes et les incidences de cette mesure unilatérale sur le pouvoir d’achat des Algériens ? Autant de questions légitimes que les consommateurs commentent avec inquiétude.
Boulangerie, une activité en crise
Si l’activité commerciale a connu, dans son ensemble, une baisse en 2017, la boulangerie n’a cessée de vivre au rythme des crises renouvelées depuis quelques années déjà. Certains chiffres révèlent le marasme dans lequel se débat cette activité.
Selon le président de la Fédération nationale des boulangers, ils sont plus de 2.000 boulangers à avoir baissé rideau durant le premier semestre 2017. Au niveau d’Alger, le nombre de boulangeries « est passé de 1.400 à 630 durant les quatre dernières années », rapporte de son coté l’agence de presse publique l’APS.
Comment se fait-il que cette activité dont les produits sont indispensables au besoin des ménages algériens, se retrouve aujourd’hui en situation de crise ? La réponse nous vient, pour le moment, des boulangers eux-mêmes. Ces derniers se plaignent de l’augmentation des coûts et des intrants qui érodent leurs marges bénéficiaires. « Alors que le prix des matières premières et des différentes charges augmentent d’année en année, le prix du pain, lui, stagne », déplorent-ils.
Depuis quelques années, les artisans boulangers n’ont cessé de réclamer l’augmentation du prix de la baguette, fixée officiellement à 8,50 DA. Un premier bras de fer avec les autorités, les a amenés à l’augmenter, unilatéralement, à 10 DA tout en réduisant son poids pour «compenser» les pertes.
Si ce « fait accompli » a pu faire taire, temporairement, les protestataires, il n’a fait, dans le fond, que couver la crise.
En 2017, les boulangers reviennent à la charge pour demander une nouvelle augmentation de… 50% pour, expliquent-ils « sauver leurs commerces et préserver les emplois ». En novembre dernier, le Club des artisans boulangers a appelé, officiellement, à la création d’une commission pour examiner la question de la hausse du prix du pain.
La solution alternative du ministère du commerce :
En guise de réponse aux préoccupations des boulangers, le ministère du commerce s’est engagé à approvisionner les boulangeries d’une « nouvelle farine spéciale exclusivement destinée à la production du pain ».
Dans une déclaration à la Chaine 3, le ministre du Commerce, Mohamed Benmeradi a indiqué « qu’un dossier relatif à cette question est actuellement à l’étude au niveau du gouvernement, afin de trouver une solution pour éviter de recourir à une augmentation du prix ».
Dans ce contexte, il a fait état de l’existence de « contacts permanents avec cette organisation professionnelle pour trouver des solutions adéquates au problème relatif à la tarification du pain sans passer par une augmentation du prix ».