Les réserves de change de l'Algérie se sont établies à 98 milliards de dollars à fin novembre 2017, a indiqué jeudi le Premier ministre Ahmed Ouyahia lors de l'inauguration de la 26ème édition de la Foire de la production algérienne qui se tient du 21 au 27 décembre au Palais des expositions (Pins maritimes).
"Lorsque on avait 174 milliards de dollars (de réserves de change, Ndlr) l'Algérie importait 500.000 véhicules/an pour 6 milliards de dollars mais, aujourd'hui, nous n'avons que 98 milliards de dollars à novembre. Nous n'avons pas arrêté d'importer ce nombre de véhicules pour importer 600.000 kits", a-t-il dit à un concessionnaire intéressé par l'activité d'assemblage de voitures en Algérie.
Pour rappel, le ministre des Finances Abderrahmane Raouya avait récemment indiqué que le matelas de devises de l'Algérie s'établi à 100 milliards de dollars en novembre.
En octobre dernier, M. Raouya avait pronostiqué que les réserves de change pourraient reculer à 97 mds usd à fin décembre 2017.
Selon ses prévisions, le matelas de devises devrait s'établir à 85,2 mds usd à fin 2018 (l'équivalent de 18,8 mois d'importations), et à 79,7 mds usd en 2019 (18,4 mois d'importations) avant d'atteindre 76,2 mds usd en 2020 (17,8 mois d'importations).
Les réserves de change étaient à 114,1 mds usd à fin décembre 2016 contre 144,1 mds usd à fin 2015.
Ouyahia appelle les entreprises algériennes à s'impliquer davantage
Le Premier ministre Ahmed Ouyahia a incité jeudi à Alger les entreprises algériennes à s'impliquer davantage dans la diversification de l'économie algérienne en augmentant leurs taux d'intégration pour réduire les importations et en adoptant une démarche plus agressive en matière d'exportation.
Le Premier ministre a notamment appelé les entreprises exposantes dans différents secteurs à diversifier leurs activités et éviter de recréer des productions existant en abondance sur le marché.
"Il faut de la rationalité, si nous avons cinq ou six nouvelles entreprises qui démarrent c'est bien, mais si elles font toutes la même chose, qu'est ce que cela pourra nous apporter en terme macro-économique?", a-t-il asséné à l'adresse d'un producteur de chauffages à gaz.
Le même message a été adressé à des producteurs d'appareils électroniques et électroménagers.
Il a en outre invité les opérateurs privés, à s'associer, notamment dans le cadre du Forum des chefs d'entreprises (FCE), pour investir le domaine du Fret aérien et maritime pour essayer de réduire le coût du transport des produits exportés et rendre ainsi plus compétitives leurs exportations en termes de prix.
"Aidez-nous à réduire les importations pour préserver les réserves de changes et par conséquent l'indépendance financière du pays", a-t-il lâché à des producteurs privés.
S'adressant à certains opérateurs publics présents à cette foire, il leur a rappelé la situation financière difficile que traverse le pays en affirmant que "l'Etat n'a plus les moyens financiers pour continuer l'effacement des découverts ". Il a noté, dans le même sillage, que l'Algérie était le "seul pays au monde qui pratique une bonification des crédits de 2,5 points".
Assemblage automobile: le nombre des opérateurs sera "très limité"
Le nombre des opérateurs sur le marché local d'assemblage automobile sera "très limité", a déclaré le Premier ministre Ahmed Ouyahia, annonçant que le Gouvernement s'apprêtait à "mettre de l'ordre" dans ce marché dans le cadre d'une démarche rationnelle visant à éviter une saignée des devises.
"Il n'y aura pas 50 producteurs de véhicules légers ou lourds (en Algérie), la liste sera très limitée (...) c'est un marché qui va être rétréci et qui sera monopolisé. Nous comptons sur ceux qui sont sur place pour tenir la balle", a déclaré M. Ouyahia.
Il s'adressait à des concessionnaires qui voulaient décrocher des autorisations pour démarrer des activités d'assemblage automobile en Algérie.
"Nous n’allons pas laisser refaire l’histoire des minoteries", a-t-il lâché à l’adresse d’un concessionnaire.
Il a, à ce titre, fait remarquer le nombre très importants de minoteries en Algérie qui profitent d'une multitude de facilitations, de la farine subventionnée à titre d'exemple, sans pouvoir relever le défi de l'exportation.
Cette démarche du Gouvernement est surtout dictée par l'amenuisement des réserves de change du pays du fait de la baisse des cours de pétrole, selon lui.
"Si on a arrêté d'importer 500.000 véhicules/an, soit 6 milliards de dollars, ce n'est pas pour importer 600.000 ou 800.000 kits aujourd'hui. Les 500.000 véhicules étaient importés à l'époque où nous avions 174 milliards de dollars (de réserves de change, Ndlr) mais aujourd'hui, à novembre, nous n'en avons que 98 milliards de dollars ", a-t-il argué.
Il a fait savoir, à ce titre, que le ministère de l'Industrie a enregistré à ce jour 60 demandeurs pour l'assemblage de véhicules en Algérie.
"Il y a trop de demandes sur l’automobile (assemblage automobile, Ndlr) et nous (gouvernement) n’allons pas consommer toutes les devises de l’Algérie en important des kits, nous mettrons de l’ordre dans ce marché", a-t-il affirmé en constatant que beaucoup d'opérateurs essayent de se lancer dans cette activité sans même attendre d'avoir les agréments nécessaires.
En s'adressant à un autre concessionnaire qui a déjà investi le marché de l'assemblage, il a dit à propos du nombre d'assembleurs qui y seront retenus: "dans l’avenir vous serez cinq (5) pour l’automobile et cinq (5) pour les camions " sans donner plus de détails.
"Ceci ne va pas plaire à certains mais, en tant que gouvernement, nous avons à défendre les intérêts du pays", a-t-il lâché.
"Nous n'avons plus de devises à gaspiller et dites le à vos amis du secteur: aujourd'hui ça leur semblera une démarche gouvernementale un peu brutale mais il faut qu'ils pensent aussi que, dans quatre ans, ils risquent tous de baisserez les rideaux", a-t-il lancé à l'égard d'un assembleur de véhicules.
Trois opérateurs activent actuellement sur le marché d'assemblage de véhicules légers en attendant l'entrée en production de deux autres.
Les lois algériennes "imposent le respect des chefs d'Etat"
Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a indiqué jeudi à Alger que les lois algériennes "imposent le respect du président de la République et des autres chefs d'Etat".
M. Ouyahia qui répondait à la question d'un journaliste sur l'incident de la banderole (Tifo) portant atteinte au souverain saoudien, déployée au stade de Ain M'lila (Oum El Bouaghi), a affirmé que "nos lois imposent le respect de notre président et des autres chefs d'Etat".
Le Premier ministre a estimé que l'incident du stade était "inadmissible", soulignant que le peuple algérien est connu pour ses "bonnes valeurs morales".
Le ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Tayeb Louh, a fait état mardi de l'ouverture d'une enquête sur cet incident, précisant que les résultats préliminaires avaient montré qu'"il s'agit d'un acte individuel et isolé"