Le ministre des Ressources en eau, Hocine Necib a affirmé, mardi à Alger que l'Algérie est dans une situation relativement "sécurisée" en termes de disponibilité et de système de distribution efficace grâce aux programmes de développement sectoriels dans le domaine de la mobilisation et de la maitrise de la gestion des ressources hydriques.
Invité au Forum du quotidien "Ech-Chaab" sur le thème de "La sécurité hydrique et son rôle dans le développement", le ministre a affirmé que "l'Algérie n'est pas fortement impactée par le problème de l'eau comme d'autres pays arabes car elle avait intégré, dés le début de l'année 2000, l'idée de la sécurité hydrique grâce à une forte volonté politique plaçant la question de la préservation de l'eau et de la diversification de ses sources parmi les "priorités".
En matière de sécurité hydrique, la politique de l'Algérie s'est appuyée sur la diversification des ressources pour assurer la disponibilité et la gestion maitrisée de cette matière vitale, outre le recours au dessalement de l'eau de mer, a expliqué le ministre.
A ce propos, M. Necib a fait savoir que 17% des besoins nationaux en AEP sont assurés par les stations de dessalement de l'eau de mer, exprimant son désir de voir ce taux passé à 20% en 2020 et à 25% après l’achèvement de la réalisation des stations de dessalement des wilayas d’El Tarf, Bejaia et Alger.
Soulignant que la bonne gestion des eaux souterraines, en tant qu'autre source de diversification hydrique, contribue largement à assurer la disponibilité, le ministre a indiqué le secteur œuvre à assurer 400 millions m3/an à l'agriculture.
Par ailleurs, le ministre a estimé que "l'année 2018 est une année d'abondance, d'autant que les pluies ont touché toutes les régions du pays et dépassé la moyenne annuelle dans certaines régions.
Evoquant le budget de 2018, le ministre a précisé qu'il est considérable par rapport aux années précédentes, ce qui reflète l'importance accordée au secteur pour la réalisation des programmes tracés, notamment ceux relatifs à la sécurité hydrique, soulignant que 50 milliards de dollars ont été investis dans le secteur en Algérie, ce qui constitue un précédent.
A cela s'ajoute 197 milliards de dinars dans le cadre de la loi de Finances et le dégel des projets d'assainissement pour un montant de 90 milliards de dinars, a fait savoir le ministre qui a ajouté que le budget global sectoriel a atteint 400 milliards de dinars répartis entre coûts de charges et parachèvement des projets.
Evoquant la problématique des inondations, M. Necib a indiqué que l'Algérie était exposée à ce phénomène naturelle, ajoutant que le travail avait commencé depuis l'an 2000 avec un investissement de 100 milliards de dinars dans le domaine de la protection des villes, de réalisation d'infrastructures et de trémies, d'aménagement de grands oueds tels que Oued Ouchayeh et Oued El Harrach.
Ces projets destinés à la protection contre les inondations ont concerné Alger et d'autres wilayas à l'instar de Batna, Sidi Bel Abbes et Bordj Bou Arreridj, a-t-il ajouté faisant état de l'existence d'une politique nationale avec l'accompagnement d'experts de l'UE pour la mise en place d'un mécanisme important de protection contre ce phénomène.
Des équipements modernes ont été acquis pour faire face aux inondations, a fait savoir le premier responsable du secteur qui a ajouté que ces équipements ont été installés au niveau des oueds pour servir d'indicateurs à l'intervention et l'estimation rapide de 4 à 5 heures avant la survenue des inondations, ce qui permettra d'anticiper et de protéger les biens.
Un accord a été signé avec l'Agence spatiale algérienne pour l'exploitation et le traitement des images réceptionnées par satellite, a indiqué le ministre.
Par ailleurs, M. Necib a précisé que les réserves en eau au niveau des barrages avaient atteint 4,7 milliards de M3, comme moyenne nationale, soit 70 %, et que 180 points d'eau étaient surveillés quotidiennement par l'Agence nationale des Ressources hydriques (ANRH), rappelant que les barrages alimentent 33 % des eaux potables.
En réponse à une question de l'APS sur les mesures prises pour faire face aux raccordements anarchiques, le ministre a fait savoir que les données en possession du ministère font ressortir un taux de 10 à 15% d'eau consommée non facturée, ajoutant que près de 10.500 raccordements anarchiques ont été enregistrés, entre 2017 à février 2018. Il a précisé que 5500 cas ont été régularisés et 2500 sont devant la justice, ajoutant que le secteur a récupéré 1 million m3 d'eau potable.
Le ministre a affirmé, d'autre part, que 38% de la population est alimentée quotidiennement en eau sans aucune coupure et 73% à raison d'un jour sur deux.
Pour le déficit au niveau des centres ruraux et secondaires, le ministre a mentionné un programme d'urgence, lancé au niveau de 30 wilayas, ajoutant que l'opération se poursuivra jusqu'au comblement définitif du déficit.
Pour ce qui est de la saison d'été 2018, le ministre a ajouté que cette période sera meilleure que les précédentes grâce à la réception des projets dans les délais fixés et l'alimentation en fin d'année de 592 communes en manque d'eau potable.
Il a été procédé à l'heure actuelle au renouvellement de 12.000 km de canaux de distribution d'eau potable par des techniques modernes et la prise d'une décision depuis 2017 pour la formation de 2500 agents dans les métiers faciles en matière des ressources en eau.
S'agissant des créances de l'Algérienne des eaux, le premier responsable du secteur a fait savoir qu'elles s'élèvent à 46 milliards de DA environ, dont 15 milliards DA très anciennes, précisant que 16 milliards DA sont dus à l'administration et à des entreprises publiques et 9 milliards à des communes.
Evoquant un travail de coordination pour le paiement de ces dettes, le ministre a indiqué que les résultats sont satisfaisants grâce à la mise en place d'un calendrier.
Par ailleurs, M. Necib a affirmé qu'il sera procédé à la réception, en juillet prochain, d'une drague algérienne pour le dévasement de barrages, réalisée par la société algérienne publique "Alieco" outre la fabrication d'une mini-station de traitement d'eaux par la même société pour utilisation dans le domaine agricole (300L/seconde).