L'Irak s'attaque à une tradition tribale violente et parfois meurtrière

Morts et blessés par balles perdues, grenades sur des maisons, roquettes tirées en ville : en Irak, la « Degga », une tradition tribale fait  régulièrement trembler des quartiers entiers. Pour y mettre un terme, la justice vient de la classer « terroriste ».

La « degga achayriya » (l'avertissement tribal) remonte à plusieurs siècles. Mais au cours de ces dernières années, alors que les armes proliféraient en Irak, elle a pris un tour dangereux.

Quand, par exemple, un conflit éclate entre des membres de deux tribus, si l'une ne se présente pas pour négocier le différend, l'autre tribu vient tirer sur la maison d'un de ses membres.

Abou Tayba, qui utilise un surnom, raconte que son cousin, un policier de 40 ans, n'avait eu maille à partir avec personne mais alors qu’il était sorti voir qui tirait sur une maison voisine, il a été gravement touché par des balles perdues.

Les armes utilisées sont parfois plus lourdes, si l'on en croit le commandement militaire de Bagdad. « Des grenades, des mitrailleuses, des lance-roquettes » sont également utilisées, assure-t-il.

Le Conseil supérieur de la magistrature a annoncé le 8 novembre que la « degga », parce que « visant à terroriser les gens », relevait désormais de la loi antiterroriste prévoyant  jusqu'à la peine de mort.

A Bassora, cheikh Raëd al-Freiji, président du Conseil des tribus dans cette, affirme que la « degga » y est quotidienne, donnant lieu à des affrontements tribaux meurtriers impliquant des dizaines d'hommes armés.

Durant l'année 2017 « il y a eu une dizaine de personnes tuées ou blessées par la « degga » à Bassora, affirme Mehdi al-Tamimi, président de la Commission locale des droits de l'Homme.

Pour le cheikh Adnane al-Khazali, dignitaire d'une importante tribu du quartier de Sadr City à Bagdad, « c'est le gouvernement qui est responsable » car n’ayant pas le contrôle sur les armes en circulation, qui tombent aux mains de jeunes désoeuvrés dans un pays ravagé par le chômage. Résultat, ajoute-t-il, « tous les jeunes sont armés et les conflits tribaux et la « degga » se multiplient ».

           

        

 

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