Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a déploré les restrictions imposées par le Maroc à la liberté de mouvement de son envoyé personnel, Horst Kohler, et de la Minurso, regrettant que l’émissaire onusien n’ait toujours pas accès aux interlocuteurs locaux dans les territoires sahraouis occupés.
«La Minurso n’a pas accès à des interlocuteurs locaux à l’ouest du mur de sable, ce qui continue de limiter sa capacité d’évaluer en toute indépendance la situation au Sahara occidental à des fins d’analyse ou de sécurité», écrit le secrétaire général dans son rapport final sur la situation au Sahara Occidental, transmis au Conseil de sécurité.
M. Guterres explique que ce blocage imposé par le Maroc a empêché la mission onusienne de «s’acquitter de cette partie de son mandat qui consiste à prêter assistance» à M. Kohler.
Plus grave encore, «ces restrictions n’ont fait que s’aggraver pendant la période considérée, et ceci alors même que mon envoyé personnel demandait à mon représentant spécial de l’aider à maintenir des contacts avec certains interlocuteurs locaux», s’est indigne le secrétaire général de l’ONU.
Cette demande a conduit le Maroc à s’y opposer à nouveau catégoriquement, au motif que ces contacts seraient incompatibles avec le mandat de la mission, rapporte Guterres dans ce rapport rendu public.
Le Maroc a, par le passé, adopté une approche conflictuelle avec Christopher Ross, le prédécesseur de M. Kohler, allant jusqu’à limiter sa liberté de mouvement en le déclarant «persona non-grata» dans les territoires sahraouis occupés.
L’ONU ajoute que «l’image d’impartialité de la mission onusienne est compromise par le fait que le Maroc continue d’imposer aux véhicules de la Minurso de porter des plaques d’immatriculation marocaines» à l’ouest du mur de sable contrairement à l’accord de principe conclu avec le gouvernement marocain en 2015.
Les difficultés auxquelles se heurtent les opérations de la Minurso (Mission de l'Onu pour l'organisation du référendum eu Sahara occidental) pourraient être évoquées mercredi lors de la première séance de discussion que consacre le Conseil de sécurité à la mission onusienne avant la prorogation de son mandat prévu fin avril.
M. Kohler devrait intervenir par vidéo conférence pour informer le Conseil des résultats de la deuxième table ronde tenue le mois dernier à Genève afin de relancer le processus de négociations directes entre le Front Polisario et le Maroc.
Il est aussi prévu que le chef de la Minurso, Colin Stewart, fasse un exposé au Conseil sur les activités de la mission qu’il dirige depuis décembre 2017. APS