Il y a entre 15 et 20 millions d’armes en Libye, dont la plupart est à l’ouest, a indiqué le président du Conseil présidentiel du gouvernement d'entente nationale (GNA) libyen Fayez al-Sarraj, soulignant que ce qui se passe dans son pays est "une guerre de valeurs" pour défendre la démocratie contre l’instauration d’un régime militaire.
"Il y a entre 15 et 20 millions d’armes dans le pays, la plupart à l’ouest car c’est là que la résistance à Mouammar al-Kadhafi a été la plus forte. Mais depuis trois ans, nous faisons des efforts considérables avec l’aide des Nations unies pour collecter les armes et intégrer ces milices dans une armée et une police nationales", a-t-il précisé dans une interview publiée mercredi par Libération.
Il a ajouté qu'aujourd’hui, il y a dans Tripoli des groupes armés venus de Misrata [dont les brigades sont les plus puissantes de la région] et d’ailleurs, expliquant que "ce sont ces jeunes qui ont défait l’Etat islamique à Syrte en 2016".
"Il ne faut pas se tromper : ce n’est pas une guerre contre le terrorisme, ce n’est pas non plus une guerre entre l’ouest et l’est de la Libye. C’est une guerre de valeurs : défendre la démocratie contre l’instauration d’un régime militaire", a-t-il souligné, soutenant que "le principal responsable de cette situation chaotique est Khalifa Haftar".
Il a rappelé qu'il y a eu de nombreuses discussions politiques en France, en Italie et dans le Golfe, précisant que la dernière réunion à Abou Dhabi, le 28 février, était une "vraie opportunité" de trouver une solution politique.
"Mais la décision de Haftar d’attaquer Tripoli a détruit ces efforts. C’est comme si Khalifa Haftar avait planté un couteau dans le dos du pays et de la communauté internationale", a-t-il regretté, l'accusant de "criminel de guerre" pour avoir bombardé "des écoles, des hôpitaux, des ambulances et même un entrepôt de livres scolaires".
Il a dit, à cet effet, ne pas "vraiment" comprendre le silence de la communauté internationale alors que ces actes, a-t-il affirmé, "sont documentés".
"Nous avons dû fermer les écoles pour protéger nos enfants des bombardements. Haftar devra être poursuivi pénalement pour ces crimes", a ajouté le chef du gouvernement d'entente nationale (GNA).
Au sujet de la position de la France, Fayez al-Sarraj a encore exprimé son étonnement de voir Paris ne pas dénoncer l'offensive de Haftar.
"Pour la France, c’est vrai que nous sommes étonnés. En mars 2011, votre pays a, au nom de ses valeurs de liberté et de démocratie, empêché la destruction de Benghazi par Kadhafi", a-t-il dit au journaliste, se demandant pourquoi, "cette fois-ci, la France n’a-t-elle pas la même position".
"Nous sommes surpris que la France ne soutienne pas notre gouvernement qui est démocratique, mais soutienne un dictateur. Les Libyens ne comprennent pas. Quand Emmanuel Macron m’a appelé [le 8 avril, ndlr], je l’ai prévenu qu’à Tripoli l’opinion générale était contre la France".