Résolution sur la Minurso à l’ONU : vers des abstentions au Conseil de sécurité

L’adoption du projet de résolution sur la Minurso, prévue mardi, devrait enregistrer l’abstention de la Russie et probablement celle de l’Afrique du Sud qui jugent le texte présenté par les Etats-Unis comme étant " déséquilibré".

Des sources proches des tractations qui se déroulent à New York, indiquent que Moscou devrait s’abstenir de voter le projet de résolution. La délégation sud-africaine qui a également émis des réserves sur ce texte attend une consigne de vote de sa capitale.

La Russie estime que le principe "de l’autodétermination du peuple sahraoui" n’a pas été suffisamment souligné dans le projet de résolution.

Cette notion est mentionnée à deux reprises dans le texte présenté par les Etats-Unis mais certains membres du Conseil, dont la Russie, ont suggéré d’ajouter une troisième référence pour mettre en exergue " la solution mutuellement acceptable qui pourvoit à l’autodétermination du peuple sahraoui ".

Les deux pays en plus de l’Allemagne qui assure la présidence du Conseil de sécurité pour le mois d’avril soutiennent que les observations du secrétaire général contenues dans son dernier rapport sur le Sahara Occidental n’ont pas été convenablement reflétées dans le projet de résolution.

Ces membres jugent que la première mouture du projet a été rédigée dans un style qui prête à confusion, rendant le texte déséquilibré.

A l’opposé du rapport du secrétaire général, le texte ne cite pas nommément le Maroc comme étant la partie ayant commis les violations du cessez-le-feu et imposé des restrictions à la liberté de mouvement de la Minurso et de l’émissaire Horst Kohler.

Le projet de résolution se contente seulement d’appeler les deux parties au conflit à éviter toute action susceptible de compromettre les négociations facilitées par l’ONU.

Selon les mêmes sources, l’Allemagne soutient que le Maroc devrait faire un geste de bonne foi, en acceptant de mettre en oeuvre les mesures de confiance sur lesquelles insistent l’émissaire Horst Kohler en particulier celles portant sur la reprise des visites familiales entre les familles sahraouies.

Le Front Polisario a procédé en janvier dernier à la destruction de son dernier stock de mines antipersonnel et anti char comme mesure de confiance qui n’a pas été soulignée dans le projet de résolution, affirment-elles.

La délégation allemande s’inquiète également de la détérioration de la situation des droits de l’homme dans les territoires sahraouis occupés, décrite en détail dans le rapport du secrétaire général, et encourage le Conseil de sécurité à prendre en charge ce problème.

Malgré les observations formulées par ces membres, la première mouture ne devrait pas subir d’importants changements. Elle sera maintenue dans sa globalité.

Lundi après-midi, la délégation américaine a soumis au Conseil du sécurité le projet final de la résolution qui ne prend pas en considération les préoccupations exprimées par les trois pays.

Au-delà de la durée de prorogation, retenue par les Etats-Unis pour mettre la pression sur les partis au conflit afin de poursuivre les négociations, le projet de résolution sur la Minurso insiste sur la nécessité de conforter Horst Kohler dans sa mission de médiation.

La reconnaissance du rôle de la Minurso dans l’accompagnement du médiateur onusien vient en guise de rappel au Maroc qui continue d’entraver la liberté de mouvement de Horst Kohler.

L’émissaire onusien n’a pas pu accéder aux interlocuteurs sahraouis dans les territoires occupés, " ce qui continue de limiter sa capacité d’évaluer en toute indépendance la situation au Sahara occidental à des fins d’analyse ou de sécurité ", a relevé le chef de l’ONU dans son dernier rapport sur le Sahara Occidental.

Le Conseil de sécurité reconnait dans le projet de résolution que " le statu quo n'est pas acceptable ", notant que " l'avancement des négociations est essentiel pour améliorer la qualité de vie des sahraouis sous tous ses aspects ".

L’instance suprême des Nations Unies réaffirme " sa détermination à aider les parties à trouver une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permettra l'autodétermination du peuple du Sahara occidental ".

Monde, Afrique, Organisation