Le Front Polisario «profondément attristé» par la démission de Horst Kohler

Ph.DR

Le Front Polisario s’est dit mercredi « profondément attristé « par la démission de l’émissaire de l’ONU Horst Kohler, louant ses efforts pour parvenir à une solution juste et durable pourvoyant à l’autodétermination du peuple sahraoui.

« Le Front Polisario est profondément attristé d'apprendre la démission de l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU, l'ancien président allemand Horst Kohler», a écrit le Front Polisario dans un communiqué.

«Au cours de son mandat d’envoyé personnel, le président Kohler était déterminé dans sa recherche d’une solution juste et durable permettant l’autodétermination du peuple du Sahara Occidental », ajouté le communiqué.

Le Front Polisario a remercié l’ancien président allemant Kohler pour « les efforts dynamiques « qu'il a déployés pour relancer le processus de paix onusien au Sahara occidental en lui  souhaitant «bonne santé et plein succès dans toutes ses entreprises ».

«Le Front Polisario reste pleinement attaché au processus politique dirigé par l’ONU et à la réalisation du droit inaliénable de notre peuple à l’autodétermination et à l’indépendance», réaffirme la partie sahraouie dans le même communiqué.

«Il est impératif que le départ de l'envoyé personnel ne soit pas utilisé comme une excuse pour retarder ou enrayer les progrès accomplis depuis la première table ronde sur le Sahara occidental organisée par l'ONU en décembre 2018», a-t-il poursuivi.

«Nous exhortons donc le secrétaire général des Nations Unies à agir rapidement pour désigner un nouvel envoyé personnel, qui partage la conviction, la stature et la détermination du président Kohler «, a indiqué le Front Polisario.

«Nous continuons de croire qu’avec la volonté politique et la détermination du Conseil de sécurité des Nations Unies, une solution juste et durable permettant l’autodétermination du peuple du Sahara occidental est à notre portée », a-t-il conclu.

L’ancien président allemand, Horst Kohler s’est retiré de son rôle d’émissaire de l’ONU pour le Sahara Occidental, a annoncé mercredi l’organisation onusienne dans un communiqué.

«Le secrétaire général a échangé aujourd’hui avec l’ancien président allemand Horst Kohler qui l'a informé de sa décision de se retirer de son rôle pour des raisons de santé», a précisé l'ONU.

Il part après vingt mois d’intense médiation
L’ancien président allemand, Horst Kohler, a décidé de se retirer de son rôle d’émissaire de l’ONU pour le Sahara Occidental après vingt mois d’intense médiation qui l’ont vu insuffler une nouvelle dynamique au processus de paix de l’ONU pour le règlement du conflit.

Mercredi, les Nations Unies ont annoncé sa démission pour raison de santé, une décision prise après un échange avec le secrétaire général Antonio Guterres.

Le départ de l’ancien président allemand, 76 ans, était en fait prévisible : « il ne s’est pas en fait retrouvé dans une situation confortable et ce n’est pas son style », rapporte l’APS citant une source proche du dossier.

Sa démission répond à un souci de santé mais «le double jeu du Maroc» aurait certainement renforcé sa conviction de renoncer à sa mission de médiation, dira-t-on en substance.

Avec le départ de M. Kohler, le Sahara occidental aura consommé quatre médiateurs après les deux américains James Baker et Christopher Ross et le hollandais Peter Van Walssun.

Sa nomination, faut-il le souligner, est intervenue dans un contexte difficile caractérisé par le blocage du processus onusien qu’il devait œuvrer à relancer.

Mais confortée par une expérience de plus de 35 ans au sein de son gouvernement et d’organisations internationales, l’envoyé personnel de M. Guterres a réussi le premier pari, celui de remettre le processus politique sur les rails après six ans de blocage des négociations entre le Front Polisario et le Maroc.

Expéditif, Kohler a organisé en décembre dernier une première table ronde à Genève à laquelle il a convié les deux partis au conflit et les deux pays voisins, l’Algérie et la Mauritanie.

Cette réunion initiale a été suivie d’une seconde table ronde tenue toujours en Suisse sous l’égide des Nations-Unies. L’objectif étant de « consolider la dynamique positive créée par la première réunion et de commencer à aborder les questions les plus substantielles ».

Politicien avisé, l’ancien émissaire a reconnu à l’issue de cette deuxième réunion que la tâche n’était pas facile et qu’il ne fallait pas «s’attendre à un résultat rapide, car les positions divergeaient toujours fondamentalement».

Dans le même temps, il a estimé que des «efforts réels » de la part des deux protagonistes étaient nécessaires pour créer la confiance qui manque à la progression des négociations.

Sur ce volet, le Maroc ne s’est pas montré coopératif rejetant les mesures de confiance sur lesquelles a insisté l’émissaire Horst Kohler en particulier celles portant sur le déminage et la reprise des visites entre familles sahraouies.

Après Genève, Kohler a voulu observer une halte avant de lancer un troisième round de discussions, selon la même source.

L’envoyé personnel qui semble être insatisfait du rythme imposé par certains membres permanents du Conseil de sécurité a souhaité prendre le temps qu’il faut pour s’assurer que tout le monde est à bord et rame dans la même direction.

Kohler qui a évoqué des «solutions innovantes» au conflit, lors de son dernier briefing au Conseil de sécurité, prévoyait de tenir la troisième réunion en septembre, alors qu’un agenda parallèle misait sur un plan de paix ficelé avant octobre.

Au demeurant, l’ancien président allemand n’a pas échappé aux obstacles imposés à son prédécesseur, Christopher Ross, qui l'ont empêché de conforter sa mission de médiation.

Entravé dans sa liberté de mouvement, il s’est vu refusé l’accès aux interlocuteurs sahraouis dans les territoires illégalement occupés par le Maroc.

Le secrétaire général n’a pas manqué de souligner ces obstacles dans son dernier rapport sur le Sahara Occidental, déplorant le fait que la Minurso soit empêchée de «s’acquitter de cette partie de son mandat qui consiste à prêter assistance à son envoyé personnel ».

Le Maroc a eu déjà à saborder les efforts d’un autre émissaire américain en 2004 lorsqu’il a rejeté le plan de paix proposé par James Baker, qui maintenait le principe d’autodétermination en exigeant la tenue d’un référendum au terme de cinq années de sa mise en œuvre.

Mercredi soir, le Front Polisario a fait part de sa tristesse suite à cette démission, exhortant «le secrétaire général des Nations Unies à agir rapidement pour désigner un nouvel envoyé personnel, qui partage la conviction, la stature et la détermination du président Kohler ».

APS

Monde, Sahara occidental